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Ukraine: les Occidentaux font monter la pression sur Moscou avant la fin de la trêve

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius (droite) et son homologue John Kerry à Paris le 26 juin 2014 [Brendan Smialowski / Pool/AFP] Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius (droite) et son homologue John Kerry à Paris le 26 juin 2014 [Brendan Smialowski / Pool/AFP]

Les Occidentaux accentuaient leur pression jeudi sur la Russie, sommée par Washington d'oeuvrer "dès les prochaines heures" à l'apaisement de la situation dans l'est de l'Ukraine, à la veille de l'expiration d'un fragile cessez-le-feu.

Des combats (plus de 400 morts depuis avril) se sont en fait poursuivis ces derniers jours dans le bassin industriel russophone du Donbass, malgré le cessez-le-feu décrété depuis vendredi par M. Porochenko et accepté par un chef rebelle.

A la veille de l'expiration de la trêve mais aussi de la signature d'un accord commercial crucial entre Kiev et l'Union européenne, vu d'un très mauvais oeil par Moscou, les Occidentaux ont haussé le ton.

"Il est crucial que la Russie montre dans les prochaines heures qu'elle travaille au désarmement des séparatistes, qu'elle les encourage à désarmer, qu'elle les appelle à déposer les armes et à participer à un processus légitime", a déclaré le secrétaire américain John Kerry à l'issue d'un entretien à Paris avec son homologue français Laurent Fabius.

Une statue de Lénine devant la mairie de Slaviansk le 24 juin 2014 [John MacDougall / AFP]
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Une statue de Lénine devant la mairie de Slaviansk le 24 juin 2014

Mercredi soir déjà, Barack Obama avait menacé Moscou de nouvelles sanctions si elle ne prenait pas des "initiatives concrètes immédiates pour faire cesser l'envoi d'armes et de militants à travers la frontière".

Cet avertissement intervient alors que Petro Porochenko, Vladimir Poutine, François Hollande et Angela Merkel doivent s'entretenir par téléphone jeudi.

Lors d'une première discussion mercredi, les dirigeants français et allemand ont appelé M. Porochenko et l'homme fort du Kremlin à "travailler ensemble" pour faire cesser les combats entre les insurgés prorusses et l'armée, selon Paris. M. Poutine a demandé une prolongation du cessez-le-feu.

- Décentralisation mais pas de fédération -

Dix parachutistes des forces ukrainiennes ont été blessés mercredi dans une attaque des insurgés à des barrages routiers, selon un porte-parole de l'armée. Jeudi, des médias ukrainiens ont fait état d'une attaque d'hommes armés contre un aérodrome de la ville de Kramatorsk, près du bastion prorusse de Slaviansk qui a été le théâtre d'intenses combats depuis des semaines.

Le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 25 juin 2014 [Alexey Druzhinin / Ria-Novosti/AFP]
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Le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 25 juin 2014

Le président ukrainien, qui avait brandi la menace d'une levée du cessez-le-feu après la mort de neuf soldats dans la destruction d'un hélicoptère, a décidé de la maintenir. Mais cette prolongation reste incertaine vu les "violations massives" du cessez-le-feu que l'armée ukrainienne a affirmé avoir constaté.

Pour tenter d'apaiser la situation, le président ukrainien doit présenter au parlement une réforme accordant plus de pouvoirs aux régions: élection des gouverneurs par les élus locaux (et non nommés par Kiev) et usage élargi de la langue russe dans l'enseignement et les entreprises.

Mais cette décentralisation ne va pas jusqu'à la mise en place de la structure fédérale demandée par la Russie, selon certains observateurs pour conserver son influence sur l'Est russophone en dépit du rapprochement avec l'UE.

- Sanctions économiques? -

L'accord commercial que doit signer Kiev avec Bruxelles vise en particulier à supprimer l'essentiel des barrières douanières entre l'Ukraine et les pays de l'UE.

La signature du document était prévue en novembre avant la volte-face de Viktor Ianoukovitch, qui a préféré se tourner vers la Russie pour obtenir une aide économique alors que l'ex-république subit une récession quasi permanente depuis plus de deux ans.

Cette volte-face avait entraîné le mouvement de contestation qui a conduit à la chute du président, suivie de l'annexion de la Crimée à la Russie puis de l'insurretion séparatiste dans l'Est.

La Russie a averti mercredi qu'elle prendrait des "mesures de protection" s'il s'avérait que les accords d'association qui doivent être signés vendredi entre l'UE et l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, nuisaient à son économie.

Des négociations sont prévues en juillet entre l'UE, Moscou et Kiev au niveau ministériel, concernant les conditions d'application de l'accord.

Des consultations trilatérales entre experts doivent commencer dès cette semaine, a indiqué jeudi haut diplomate russe, Alexeï Mechkov.

"La tension va monter" avec la signature de cet accord, ont estimé les analystes du centre spécialisé dans les relations internationales Eurasia Group.

"Pour la Russie, il est impératif de maintenir des liens privilégiés commerciaux et économiques avec l'Est de l'Ukraine et d'empêcher l'Ukraine, qui entretient largement un régime de libre échange avec la Russie, de devenir un point d'entrée pour les produits européens sur le marché russe", ont-ils ajouté.

Ces experts ont jugé "probables" l'adoption de sanctions économiques d'ici à la fin de l'année "alors que la diplomatie patine et que la violence continue dans l'Est".

Les mesures de rétorsion appliquées notamment par les Etats-Unis et l'UE ne visent que certaines hautes personnalités russes liées au pouvoir et certaines sociétés leur appartenant.

Pour autant, "les sanctions ont des répercussions sur toutes les entreprises", a estimé vendredi le patron du pétrolier russe Loukoïl, Vaguit Alekperov, évoquant notamment des difficultés d'accéder aux financements sur les marchés financiers.

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