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Thaïlande: un meneur antijunte menacé de prison

Sombat Boonngamanong,  opposant à la junte militaire au pouvoir en Thaïlande, qui avait mené sur l'internet une campagne de mobilisation contre le coup d'Etat, à son arrivée au tribunal militaire, à Bangkok, le 12 juin 2014 [Christophe Archambault / AFP] Sombat Boonngamanong, opposant à la junte militaire au pouvoir en Thaïlande, qui avait mené sur l'internet une campagne de mobilisation contre le coup d'Etat, à son arrivée au tribunal militaire, à Bangkok, le 12 juin 2014 [Christophe Archambault / AFP]

Un important opposant à la junte militaire au pouvoir en Thaïlande, qui avait mené sur l'internet une campagne de mobilisation contre le coup d'Etat, risque 14 ans de prison, a annoncé la police jeudi.

En détention préventive depuis une semaine, le maximum légal, Sombat Boonngamanong est notamment accusé d'incitation aux troubles, un chef d'accusation punissable de sept ans de prison, selon Prasopchoke Prommul, responsable policier.

Il risque cinq ans supplémentaires pour diffusion de fausses informations sur l'internet. Et encore deux ans pour refus de se présenter à une convocation de la junte, a précisé M. Prasopchoke.

Sombat a été conduit jeudi à un tribunal militaire, qui pourrait décider de prolonger son placement en détention, comme le souhaitent les enquêteurs.

Il fait partie des centaines de personnalités convoquées par les militaires depuis le coup d'Etat du 22 mai.

La plupart de ceux qui se sont rendus à la convocation, dont l'ex-Première ministre Yingluck Shinawatra, ont été libérés mais ont dû s'engager à ne plus faire de politique.

D'autres comme Sombat, célèbre défenseur de la démocratie et figure des Chemises rouges (mouvement pro-Shinawatra), ont refusé de se rendre.

Il avait été arrêté jeudi dernier au sud-est de Bangkok, après avoir publié sur Facebook le message "Arrête-moi si tu peux".

La formule était depuis reprise par les opposants au coup d'Etat, qui portaient pour certains des masques de Sombat lors de manifestations éclair interdites.

C'est également Sombat qui est à l'origine de la popularisation du signe de reconnaissance inspiré du film "The Hunger Games": trois doigts levés en signe de défiance vis-à-vis de la junte. Manifestants et internautes ont adopté le geste.

L'ONG internationale Human Rights Watch a dénoncé la "chasse à l'homme" ayant conduit à cette arrestation, qui sera suivie par "un procès de pacotille" selon elle.

L'autre personnalité de premier plan menacée de prison est l'ex-ministre de l'Education Chaturon Chaisang.

Celui-ci avait été interpellé sous les yeux de la presse internationale fin mai alors qu'il venait de critiquer la junte. Il a été libéré sous caution mais risque deux ans de prison pour défaut de présentation à sa convocation.

L'armée a expliqué avoir pris le pouvoir le 22 mai pour restaurer l'ordre public après sept mois de manifestations contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin Shinawatra, milliardaire chassé de son poste de Premier ministre en 2006 par un coup d'Etat.

La junte est soupçonnée par les analystes de mener une purge des hommes politiques et intellectuels fidèles à Thaksin, afin de s'assurer qu'ils ne reviendront pas dans le jeu politique.

Les militaires disent ne pas être en mesure d'organiser des élections avant au moins un an, suscitant les critiques de la communauté internationale.

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