En direct
A suivre

Parlement européen: les partis europhobes à couteaux tirés pour former un groupe

Marine Le Pen et Geert Wilders le 28 mai 2014 à Bruxelles [John Thys / AFP] Marine Le Pen et Geert Wilders le 28 mai 2014 à Bruxelles [John Thys / AFP]

Si la Française Marine Le Pen et le Britannique Nigel Farage ont incontestablement gagné leur pari en plaçant leur parti en tête des élections européennes dans leur pays respectif, ils ne sont pourtant pas certains de pouvoir former un groupe au Parlement européen et le succès du 25 mai pourrait s'apparenter à une victoire à la Pyrrhus.

Faute de s'entendre tous les deux et de former un groupe commun, capable potentiellement de rassembler une centaine de députés, les deux leaders europhobes ont des difficultés à réunir au moins 25 élus de sept Etats différents.

La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, peut compter sur au moins 38 élus (dont 24 élus FN), mais il lui manque deux pays pour que le compte soit bon. Elle est assurée d'avoir avec elle le Parti pour la liberté (PVV) du Néerlandais Geert Wilders, le Parti de la liberté autrichien (FPÖ), la Ligue du Nord italienne et le Vlaams Belang flamand (Belgique).

Selon des sources au Parlement européen, les négociations en vue de former un groupe autour de ces cinq partis sont entrées dans leur phase finale, mais les protagonistes demeurent prudents. Conseiller de Marine Le Pen pour les Affaires européennes, Ludovic de Danne a mis en garde contre "les rumeurs et spéculations". "Un groupe sera annoncé en temps utile", a-t-il dit sur son compte Twitter.

Janusz Korwin-Mikke le 25 mai 2014 à Varsovie [Janek Skarzynski / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Janusz Korwin-Mikke le 25 mai 2014 à Varsovie

Le parti de Mme Le Pen négocierait avec le parti europhobe polonais Congrès de la nouvelle droite (KNP), qui compte quatre élus.

Dirigé par Janusz Korwin-Mikke, 72 ans, monarchiste et ultra-libéral, ce mouvement clame vouloir entrer au PE pour "démanteler l'Union européenne de l'intérieur". Il rejoint Marine Le Pen sur au moins un point: son indulgence à l'égard du président russe Vladimir Poutine. A propos de la crise en Ukraine, il a jugé "tout à fait naturel" le rattachement de la Crimée à la Russie.

- Manne financière -

Le septième "larron" pourrait être au moins l'un des deux élus de la formation lituanienne Ordre et Justice (TT), mais les négociations piétinent de ce côté là.

Un conseiller de l'ancien président lituanien Rolandas Paksas, chef de file du TT, cité par le journal spécialisé dans les affaires européennes Europolitics, a affirmé que "la nouvelle selon laquelle nous aurions changé ou serions sur le point de changer de groupe au Parlement européen est totalement fausse". Le TT était donné jusqu'à présent du côté de Nigel Farage.

Le FN a vu sa quête de partenaires assombrie par les nouvelles déclarations controversées de Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du parti.

Discutant des artistes hostiles à son parti, dont les chanteurs Patrick Bruel et Yannick Noah, M. Le Pen a lancé: "On fera une fournée la prochaine fois". Marine Le Pen a estimé que cette déclaration était "une faute politique".

L'image antisémite du Front national lui a déjà fait perdre des partenaires potentiels au sein du Parlement européen. Le Parti populaire danois et les Vrais Finlandais ne veulent pas entendre parler d'une alliance avec le FN et ont déjà rejoint le groupe eurosceptique des conservateurs britanniques (ECR).

Nigel Farage le 31 mai 2014 à Newark  [Andrew Yates / AFP]
Photo
ci-dessus
Nigel Farage le 31 mai 2014 à Newark

Alliés naturels du FN, les Démocrates suédois, avec qui ils siègent au sein du parti paneuropéen Alliance européenne pour la liberté (AEF), ont également pris leurs distances. "Nous ne rejoindrons pas ce groupe", a assuré Martin Kinnunen, porte-parole du parti des démocrates suédois, qui a rejoint le britannique Nigel Farage.

Ce ralliement ne devrait cependant pas suffire à M. Farage, qui peut compter sur 47 députés (dont 24 de l'Ukip) mais pas de sept nationalités différentes. Le Britannique a vu partir vers le FN ses amis italiens de la Ligue du Nord, tandis que nombre de ses alliés naturels ont filé vers les rangs de l'ECR.

Avoir un groupe permettrait aux europhobes de pouvoir s'exprimer sur tout sujet abordé en séance plénière et d'accéder à la présidence de quelques unes des 22 commissions du Parlement.

Un groupe donne également l'assurance de recevoir entre 20 et 30 millions d'euros de subventions au cours des cinq prochaines années.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités