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La mine d'Imiter investit sur l'avenir

La ville d'Imider. [Baptiste De Ville D'Avray]

Imiter est la plus grande mine d’argent d’Afrique. Dans cette région désertique du sud-est du Maroc, près du village d’Imider, les hommes creusent la terre à la recherche du précieux métal depuis le moyen-âge.

Ici, les corons, le ciel gris et le noir des terrils sont loin, remplacés par l’ocre du désert, le vert des interminables oasis et le bleu du ciel. Ici, la mine est, avec l’agriculture, l’une des principales activités économiques, cristallisant les projets professionnels des jeunes. "L’emploi est central, explique Mohammed Cherrat, DRH de Managem, propriétaire de la mine. Mais créer de l’emploi ne suffit pas." Alors, lorsque des étudiants organisent un sitting pour des jobs de saisonniers en août 2011, Managem décide d’innover et de créer autour d’Imiter un véritable laboratoire d’innovation en RSE (responsabilité sociale et environnementale). 

De 2011 à 2013, les rencontres se succèdent et réunissent de plus en plus d’acteurs : les élus locaux, des associations comme le RAZDED, les autorités régionales ou encore l’administration nationale du développement, l’INDH. Les plans d’actions sont d’emblée pensés avec les habitants de la région, à leur service. « Notre métier, c’est d’exploiter les bons filons, explique encore M. Cherrat, et les plus beaux filons pour le développement régional c’est les idées des locaux. ». 

Ces discussions, bientôt complétées d’ateliers débouchent sur un plan d’action prioritaire et un plan stratégique évolutif. Bien sûr, l’emploi occupe une place prépondérante. Depuis un an, près de 200 emplois ont ainsi été créés, dont les deux-tiers sont occupés par les habitants des communes voisines en accord avec les partenaires sociaux et les sous-traitants de la mine. 

La vision de Managem est avant tout holistique et la société souhaite appliquer à la région une culture de synergies. Par exemple en rationalisant la gestion de l’eau dans la mine tout en agissant sur le stress hydrique propre à une région désertique. «Nous avons amélioré notre performance en diminuant notre consommation nette, grâce au recyclage ou au retraitement des eaux usées des communes alentour. Nous allons même construire des barrages dans les collines qui serviront aussi bien à la mine qu’aux villageois !», s’enthousiasme Farid El Hamdaoui, chargé d’exploitation et responsable du développement durable à la mine d’Imiter. Dans son bureau, le certificat performance environnementale ISO 14001 attribué par un laboratoire international témoigne de ces premiers résultats. 

Mais le travail du management et des opérateurs ne s’arrête pas aux portes de Managem. Si la compagnie minière accepte de prendre en charge plus du tiers des 15 millions d’euros destinés aux infrastructures de première nécessité pour la région, elle déploie avant tout son énergie dans la gestion de projet. Elle réalise des forages pour trouver et exploiter de nouvelles sources d’eau pour la consommation et l’irrigation des villages, les équipes de génie civil participent directement à la construction de dispensaires, d’écoles ou à la transformation des bâtiments en centres d’activité et accompagnent les projets des riverains. 

A Ouakrim, Fatima Chagiri, la petite quarantaine, a ainsi pris contact avec Managem. Quelques mois plus tard, un bâtiment rénové il y a quelques années par la province et inoccupé depuis lors, grouille de vie. Avec l’aide de l’entreprise et de la commune, elle crée l’AFEDC, une association féminine qui s’occupe d’hygiène et d’alphabétisation des femmes et des enfants. Dans les deux pièces une trentaine de femmes s’affèrent à coudre des bleus de travail qui sont ensuite vendus à la mine et à ses sous-traitants. «Nous avons une responsabilité dans et hors de la mine, explique Farid El Hamdaoui. Je préfère acheter mon matériel ici plutôt qu’à des grossistes à Casablanca. La qualité est parfois meilleure et j’ai un fournisseur plus souple et plus rapide à s’adapter». Fatima le coupe : « On a d’autres projets dont nous voulons vous parler : équipement pour les écoliers, recyclage des emballages de matériel de la mine, culture de couscous bio… ». Managem voit d’un bon œil cette diversification. 

La Kasbah d’Imider, commune voisine de Ouakrim, est au centre de cette stratégie. C'est de ce village que sont parties les "complications" comme on qualifie pudiquement le sitting étudiant dans la région. Hier en ruine, ce bâtiment de terre cuite a été entièrement rénové en respectant l’architecture berbère. Le bâtiment a été pensé pour accueillir des artisans joailliers. La mine fournira l’argent et paiera les formateurs. Un investissement pour l’avenir qui satisfait tout le monde. «Chaque emploi créé ici constitue un espoir pour les jeunes, résume le maire, M.Bahamou. Ca les apaise d’avoir de nouvelles perspectives ». 

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