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L'Irak face à de graves problèmes au lendemain des résultats des législatives

Un Irakien lit un journal local au lendemain des résultats des législatives qui assurent un troisième mandat au Premier ministre Nouri al-Maliki, à Bagdad le 20 mai 2014  [Ahmad al-Rubaye / AFP] Un Irakien lit un journal local au lendemain des résultats des législatives qui assurent un troisième mandat au Premier ministre Nouri al-Maliki, à Bagdad le 20 mai 2014 [Ahmad al-Rubaye / AFP]

Les élections législatives en Irak ont peut-être assuré un troisième mandat au Premier ministre Nouri al-Maliki mais les graves problèmes qui plombent le pays, de la violence aux divisions confessionnelles, ne sont pas en passe d'être réglés pour autant.

Si le bloc du Premier ministre sortant est arrivé en tête avec 92 sièges sur 328, Nouri al-Maliki, qui reste favori pour un nouveau mandat, va devoir négocier avec les autres partis pour former un gouvernement, retardant d'autant la perspective d'une amélioration de la situation.

L'Irak est plongé depuis plus d'un an dans une spirale de violences à laquelle nul ne parvient à mettre un terme. Les forces de sécurité sont devenues des cibles quotidiennes pour les groupes insurgés, et la crise sécuritaire se double d'une crise politique: les institutions sont quasiment paralysées, le Parlement n'a adopté que très peu de projets de loi depuis 2010, la corruption est rampante et le chômage haut.

En outre, les divisions confessionnelles semblent plus profondes que jamais, la minorité sunnite s'estimant marginalisée par les autorités dominées par les chiites.

Au final, soulignent les experts, la seule bonne nouvelle pourrait bien être que des élections aient été organisées.

"C'est une bonne chose que les élections aient eu lieu, surtout si l'on considère les difficultés que l'Irak traverse", explique Fanar Haddad, chercheur à l'Institut du Moyen Orient de l'université Nationale de Singapour. "Mais je suis sûr et certain que rien ne dépendait de ce scrutin".

Un Irakien lit un journal local au lendemain des résultats des législatives qui assurent un troisième mandat au Premier ministre Nouri al-Maliki, à Bagdad le 20 mai 2014  [Ahmad al-Rubaye / AFP]
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Un Irakien lit un journal local au lendemain des résultats des législatives qui assurent un troisième mandat au Premier ministre Nouri al-Maliki, à Bagdad le 20 mai 2014

La situation dans la province à majorité sunnite d'Anbar notamment, où des zones aux mains d'insurgés dont certains liés à Al-Qaïda échappent totalement au gouvernement, ne sera pas réglée de sitôt, poursuit le chercheur. Les élections législatives n'ont d'ailleurs pas pu se tenir à Fallouja, tenue par les insurgés depuis janvier.

La situation à Anbar a été l'un des enjeux des élections, instrumentalisée entre autres par M. Maliki, un chiite, pour focaliser l'attention sur la lutte contre les insurgés, majoritairement sunnites, et faire oublier un bilan mitigé.

- Statu quo -

Des diplomates ont cependant émis l'espoir qu'après une campagne marquée par une rhétorique sectaire où les tensions entre chiites et sunnites sont devenues un argument politique, la situation s'apaise à l'annonce des résultats.

"Dans le meilleur des cas, on reviendra à un statu quo", explique M. Haddad. "Même si M. Maliki n'obtient pas de troisième mandat, je ne vois pas de courant réformateur ou quoi que ce soit qui s'en rapproche".

D'autant que, soulignent d'autres analystes, le relatif échec des listes séculaires et pluri-communautaires laisse présager un regain des tensions entre chiites et sunnites, et planer l'ombre d'un retour à une guerre multi-confessionnelle qui a fait des milliers de morts en 2006-2007.

Lors des élections législatives de 2010, c'est un parti laïc soutenu par les sunnites qui était arrivé en tête, suivi par la coalition de M. Maliki, qui avait à l'époque agrégé les voix de différentes communautés.

Lors du scrutin du 30 avril, à l'inverse, seul un parti a tenté de courtiser l'ensemble des électeurs, le bloc Wataniya, de l'ancien Premier ministre Iyad Allawi, un chiite laïc, qui n'a obtenu que 21 sièges.

"C'est extrêmement inquiétant", souligne Kirk Sowell, le directeur, basé à Amman, de la lettre d'information Inside Iraqi Politics.

Ce qui s'est passé est l'exact opposé des répercussions positives que l'on pouvait espérer du retrait des troupes américaines du pays en 2011, selon l'analyste, qui nuance néanmoins son propos.

"Cela ne veut pas dire que l'Irak va tomber en morceau... C'est un bazar absolument dysfonctionnel, mais le pays ne va pas s'écrouler".

Les probables longues tractations qui vont précéder la formation d'un gouvernement ne vont cependant pas faciliter la remise sur pied du pays.

Les principales autres formations ont obtenu entre 16 et 33 sièges chacune, selon les résultats qui attendent d'être validés par la Cour suprême.

Parmi elles, celle de l'ex-Premier ministre Iyad Allawi, celle de l'influent chef chiite Moqtada Sadr ou celle du président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, refusent l'idée d'un nouveau mandat de M. Maliki

Ses rivaux "ne vont pas accepter les résultats facilement" met en garde Ishan al-Shammari, un professeur de sciences politique à l'université de Bagdad. "La compétition et les négociations vont continuer, (...) et cela nous ramène à de longues tractations".

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