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Mobilisation étudiante au Venezuela : opération de police

Des membres de la garde nationale vénézuélienne délogent  le 8 mai 2014 un des campements d'étudiants, installé devant le siège des Nations unies à Caracas, qui protestent contre le gouvernement [Carlos Becerra / AFP] Des membres de la garde nationale vénézuélienne délogent le 8 mai 2014 un des campements d'étudiants, installé devant le siège des Nations unies à Caracas, qui protestent contre le gouvernement [Carlos Becerra / AFP]

Les autorités vénézuéliennes ont frappé un grand coup jeudi à l'aube contre les étudiants mobilisés contre le gouvernement en démantelant plusieurs camps de protestataires à Caracas et interpellant plus de 240 d'entre eux.

"L'opération a été lancée à 03h00 du matin. (...) Il était évident que ces sites abritaient des groupes violents commentant des actes terroristes: incendier des patrouilles de police, affronter à coups de cocktails Molotov et avec des armes les forces de sécurité", a déclaré Miguel Rodriguez Torres au micro de la télévision d'Etat VTV.

"243 personnes ont été appréhendées (...) sans violence" et seront entendues afin de déterminer si elles doivent être poursuivies ou pas, a ajouté le ministre, ancien responsable des services de renseignement.

"Très peu de jeunes ont pu échapper" à la police, a affirmé dans un média local l'avocate et défenseure des droits de l'Homme Elenis Rodriguez.

"Ils tendent à 03H00 du matin une embuscade à nos compagnons (...) Ils vont devoir préparer des cellules plus grandes, les étudiants vont poursuivre la lutte pour leurs droits", a commenté l'un de leur leader, Juan Requesens.

Cette opération surprise s'est déroulée à quelques heures de la comparution prévue, mais finalement reportée, devant la justice de Leolpoldo Lopez, dirigeant du parti Voluntad Popular (droite), détenu depuis mi-février sous l'accusation d'incitation à la violence.

"Aujourd'hui la justice injuste s'est cachée. De quoi ont-ils peur ? De la vérité ? Ils savent que je devrais être libéré", a déclaré M. Lopez à sa sortie du tribunal pour réintégrer la prison militaire de Ramo Verde, dans les environs de Caracas, a indiqué son parti sur Twitter.

Depuis début février, le Venezuela est le théâtre d'un mouvement de protestation étudiant relayé par l'opposition critiquant la politique du président socialiste Nicolas Maduro, héritier du charismatique Hugo Chavez, décédé en mars 2013.

Le pays subit depuis plusieurs mois une crise économique aiguë, combinant pénuries récurrents et inflation croissante (plus de 60% par an).

Les violences en marge des manifestations, lancées au départ par des étudiants de province pour protester contre l'insécurité galopante, ont fait officiellement 41 morts et plus de 700 blessés.

Une centaine d'enquêtes sont en outre en cours concernant d'éventuels abus commis par les forces de l'ordre et des centaines de personnes ont été arrêtées, bien que majoritairement relâchées, à l'exception notamment de quelques figures de l'opposition.

 

- Bastions d'irréductibles -

 

Le ministre de l'Intérieur et de la Justice du Venezuela Miguel Rodriguez Torres (c) le 8 mai 2014 discute avec des membres de la garde nationale après le démantèlement de campements d'étudiants à Caracas qui protestent contre le gouvernement  [Carlos Becerra / AFP]
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Le ministre de l'Intérieur et de la Justice du Venezuela Miguel Rodriguez Torres (c) le 8 mai 2014 discute avec des membres de la garde nationale après le démantèlement de campements d'étudiants à Caracas qui protestent contre le gouvernement

Au cours du dernier mois, outre quelques manifestations et incidents sporadiques, les derniers bastions de contestation étaient ces campements tenus par des jeunes irréductibles à Caracas.

Le principal d'entre eux était dressé devant les locaux du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), où des centaines de tentes étaient montées, coupant trois des six voies de l'avenue où est situé le bâtiment, dans l'est huppé de la capitale.

Un journaliste de l'AFP, présent fortuitement sur les lieux à 01H00 du matin, n'avait constaté aucun déploiement policier particulier. Jeudi matin, le campement était détruit.

Fidèle à la rhétorique dramatique employée par les autorités lorsqu'elles évoquent ce qui touche à ce "coup d'Etat en cours", pour citer le président Maduro, le ministre de l'Intérieur a affirmé que la police avait saisi jeudi matin "de la drogue, des armes, des explosifs, des mortiers, des grenades lacrymogènes, tout ce qu'ils utilisent au quotidien pour affronter les forces de sécurité".

Des équipes de la police scientifique ont été dépêchées dans les camps pour "relever toutes les preuves et les présenter devant la justice afin de poursuivre ceux qui doivent être poursuivis", a-t-il ajouté.

Au plan politique, la libération de M. Lopez, ainsi que d'autres opposants condamnés ces dernières semaines pour leur rôle dans les manifestations anti-gouvernementales, est une des revendications de la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), qui mène avec le gouvernement un dialogue national inédit depuis un mois.

Difficile à amorcer, ce dialogue subit toujours des à-coups, et plusieurs réunions ont déjà été reportées à la dernière minute, à l'image de celle prévue mercredi soir qui devrait finalement se dérouler "la semaine prochaine", selon le vice-président.

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