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Venezuela: face aux pénuries, Maduro lance son "offensive" économique

Nicolas Maduro au palais présidentiel à Caracas, en mars 2014 [Leo Ramirez / AFP/Archives] Nicolas Maduro au palais présidentiel à Caracas, en mars 2014 [Leo Ramirez / AFP/Archives]

Le président du Venezuela, confronté à une crise économique aiguë combinant inflation et pénuries, a annoncé mercredi des mesures en faveur des entreprises, pour relancer la production dans ce pays pétrolier qui importe quasiment tout ce qu'il consomme.

"Je vous ai convoqués, vous les patrons de la patrie, pour vous associer à cette offensive de travail et de croissance", a déclaré Nicolas Maduro devant 700 représentants des entreprises réunis au Cercle militaire et venus entendre ce que le chef de l'Etat a qualifié de "seconde offensive" de sa guerre économique.

Le successeur de Hugo Chavez a notamment promis que son gouvernement paiera "immédiatement" aux importateurs privés quelque 30% des 13 milliards de dollars que les entreprises du pays estiment avoir en créances auprès de l'Etat.

Mardi soir, l'ancien chauffeur de bus et syndicaliste ex-titulaire des portefeuilles des Affaires étrangères puis de la vice-présidence, s'était engagé à assouplir les mécanismes bureaucratiques afin de favoriser l'investissement productif, lors de son émission radiodiffusée "En contact avec Maduro".

"Nous devons tout produire au Venezuela. Nous devons en finir avec cette économie portuaire (...) C'est l'heure !", a-t-il exhorté.

Il s'en était également pris à l'esprit de rente qui s'est emparé du pays en raison de ses richesses pétrolières ainsi qu'à "la bourgeoisie parasitaire".

Des policiers lors d'un affrontement avec des manifestants anti-gouvernement, le 21 avril 2014 [Carlos Becerra / AFP]
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Des policiers lors d'un affrontement avec des manifestants anti-gouvernement, le 21 avril 2014

Disposant des plus importantes réserves de pétrole au monde, le Venezuela affiche une inflation parmi les plus élevées de la planète (56,2% en 2013) et subit des pénuries récurrentes, en raison notamment de l'affaiblissement de l'appareil productif.

Faire ses courses au Venezuela relève du parcours du combattant, de supermarché en supermarché, pour espérer mettre la main, après des heures de queue, sur du lait uruguayen, de la viande chilienne, du café brésilien ou du papier toilette américain.

L'essence et les produits constituant le panier de base des ménages étant par ailleurs vendus à des prix fortement subventionnés, ils alimentent la contrebande, notamment vers la Colombie voisine.

La production locale ne cesse de chuter en raison en particulier d'un contrôle des changes instauré en 2003, qui survalorise la monnaie nationale, le bolivar, et donc favorise les importations, tout en rendant très difficile l'accès aux devises.

En conséquence, les importations ont dans un premier temps pris le pas sur la production avant de ralentir, faute de devises pour les financer, alimentant ainsi pénuries et inflation.

Un autre élément dénoncé par les milieux d'affaires est la politique d'étatisation de certaines entreprises, qui conduit selon eux à leur déclin.

- Mécontentement populaire -

Des manifestants anti-gouvernement lors de heurts avec la police à Caracas le 21 avril 2014 [Carlos Becerra / AFP]
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Des manifestants anti-gouvernement lors de heurts avec la police à Caracas le 21 avril 2014

Ce cercle vicieux attise le mécontentement populaire dans ce pays caribéen de 30 millions d'habitants et des manifestations anti-gouvernementales lancées début février par des étudiants contre l'insécurité, autre fléau national, ont ensuite été relayées par l'opposition et les revendications étendues à la crise économique.

Elu sur le fil dans la foulée du décès de son mentor Hugo Chavez, M. Maduro fait face également à une opposition hétéroclite mais unie sous la bannière de la Table de l'unité démocratique, alliant conservateurs, libéraux et "chavistes" repentis, dont le candidat Henrique Capriles avait rassemblé presque 50% des suffrages lors de la présidentielle d'avril 2013.

Une nouvelle rencontre doit d'ailleurs se tenir jeudi entre le gouvernement et l'opposition dans le cadre du dialogue entamé il y a deux semaines pour mettre fin à cette vague de protestation ayant déjà fait officiellement 41 morts et plus de 600 blessés et qui inclut également les milieux d'affaires.

Le président a également promis de renforcer les contrôles sur les prix pratiqués par les commerces, après les baisses de tarifs imposées lors d'un précédent plan de lutte contre l'inflation lancé, sans succès, fin 2013.

Pour 2014, le gouvernement s'est fixé un objectif de croissance de 4% du Produit intérieur brut et une inflation comprise entre 26 et 28%. Le Fonds monétaire international (FMI) table pour sa part sur une récession de 0,5% pour 2014 et de 1% en 2015.

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