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La Russie en trouble-fête pour le 5e anniversaire du Partenariat oriental

Un drapeau européen flotte devant l'église Saint Nicolas de Mala Strana à Prague [Joe Klamar / AFP/Archives] Un drapeau européen flotte devant l'église Saint Nicolas de Mala Strana à Prague [Joe Klamar / AFP/Archives]

La Russie, refusant de renoncer à son influence, joue les troubles-fêtes pour le cinquième anniversaire du Partenariat oriental, accord de coopération conclu par l'Union européenne avec plusieurs Etats de l'ex-URSS.

Les dirigeants européens marquent cet anniversaire jeudi et vendredi à Prague, ville où l'UE avait lancé en 2009 ce projet visant à contrebalancer l'influence russe en Arménie, en Azerbaïdjan, au Bélarus, en Géorgie, en Moldavie et en Ukraine.

"Les événements dramatiques en Ukraine m'ont convaincu que la poursuite du Partenariat oriental est cruciale pour le développement de la coopération entre nos voisins de l'Est et l'UE", a déclaré mercredi le président tchèque Milos Zeman.

Avec la Pologne et la Suède comme fers de lance, le projet se propose d'intégrer les partenaires dans l'économie européenne, de faciliter le régime de visas et de renforcer la sécurité énergétique.

Mais cinq ans après son lancement, le projet est confronté à un avenir incertain et nécessite une réforme majeure, selon Elzbieta Kaca, politologue de l'Institut polonais des affaires internationales.

"La crise ukrainienne montre que la Russie n'est pas prête à coopérer économiquement avec l'UE dans la région du Partenariat oriental. Elle perçoit les projets européens comme une concurrence et s'y oppose par tous les moyens", a-t-elle indiqué à l'AFP.

Pour certaines de ces ex-républiques soviétiques, le partenariat est une voie vers leur future adhésion à l'UE, mais les 28 semblent réticents à accueillir de nouveaux arrivants, principalement à cause du problème d'immigration.

La Géorgie et la Moldavie ont paraphé l'accord d'association avec l'UE lors du sommet du Partenariat oriental fin 2013 à Vilnius. En revanche, l'Arménie a refusé de le faire, tout comme l'Ukraine qui avait pourtant fait le plus de progrès en vue de sa future adhésion.

Le "non" ukrainien a déclenché dans ce pays une série de manifestations en faveur de l'UE, prélude de l'actuelle crise durant laquelle la péninsule de Crimée a été rattachée à la Russie.

"Des voix s'élèvent pour affirmer que le Partenariat oriental est une erreur, car il incite la Russie à agir de manière agressive", constate Slawomir Debski, directeur d'un Centre pour le dialogue polono-russe à Varsovie.

"Mais ceux qui le disent omettent de voir que la Russie ne s'oppose pas à une telle ou autre politique de l'UE, mais au système démocratique qui se reflète dans toutes les activités de l'UE", explique-t-il.

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Le nouveau gouvernement ukrainien a promis de continuer dans la voie pro-européenne, moins populaire dans d'autres pays du Partenariat.

Le président Milos Zeman au Parlement européen à Strasbourg, le 26 février 2014 [Frederick Florin / AFP/Archives]
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Le président Milos Zeman au Parlement européen à Strasbourg, le 26 février 2014

"Le Bélarus et l'Azerbaïdjan se montrent réticents quant à leur intégration à l'UE, et se concentrent sur la question des visas", note Mme Kaca.

Vit Benes, chercheur à l'Institut des relations internationales à Prague, estime que le projet est un succès car il focalise l'attention de l'Europe sur ses voisins à l'Est, mais "ses résultats sont mitigés quand il s'agit d'objectifs spécifiques tels que les négociations sur les accords d'association".

"Ces choses-là ne dépendent pas uniquement de la volonté de l'UE d'approfondir son intégration avec ses voisins, mais aussi de ces pays et de la pression que la Russie exerce sur eux", ajoute-t-il.

Organisée entre le sommet de Vilnius et celui prévu en 2015 à Riga, la réunion de Prague vient à un moment crucial.

"Nous sommes confrontés à la plus grave crise en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale", a déclaré la semaine dernière au Parlement européen Stefan Fülle, commissaire européen à l'Elargissement.

Un homme brandit un drapeau pro-russe dans la ville de Simféropol en Crimée, le 21 mars 2014 [Dmitry Serebryakov / AFP/Archives]
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Un homme brandit un drapeau pro-russe dans la ville de Simféropol en Crimée, le 21 mars 2014

"Le temps est venu de montrer un engagement encore plus fort et plus résolu à l'égard du Partenariat oriental", a-t-il insisté.

Soulignant la nécessité d'une refonte du projet, les experts divergent quant à sa forme concrète.

"Le Partenariat oriental est en plein désarroi. Le calendrier et le contenu du projet partent en fumée", estime Jan Techau, directeur de la fondation Carnegie pour la paix internationale, à Bruxelles.

"Cette politique d'une approche unique doit être abandonnée", estime-t-il.

"Pour faire toute prévision de l'évolution future et de toute refonte du Partenariat oriental, il faut attendre le résultat en Ukraine", souligne M. Benes.

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