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Naufrage du Sewol: une semaine après, l'agonie des proches des disparus

Des rubans jaunes symbolisant l'espoir, le 23 avril 2014, près du mémorial en Corée du sud où se sont rassemblées mercredi les familles des 300 morts ou disparus du ferry coréen qui a fait naufrage la semaine dernière  [Jung Yeon-je / AFP] Des rubans jaunes symbolisant l'espoir, le 23 avril 2014, près du mémorial en Corée du sud où se sont rassemblées mercredi les familles des 300 morts ou disparus du ferry coréen qui a fait naufrage la semaine dernière [Jung Yeon-je / AFP]

Une semaine après le naufrage du Sewol, qui a fait 300 morts ou disparus au large de la Corée du Sud, des milliers de personnes ont afflué au mémorial érigé au sein du lycée d'où venaient l'immense majorité des jeunes victimes.

Selon le bilan communiqué mercredi après-midi, les plongeurs ont récupéré 150 corps, et 152 personnes sont toujours portées disparues, présumées mortes.

Le ferry, qui transportait 476 personnes, a sombré mercredi 16 avril, à 09H00 du matin, au large de la côte méridionale de la Corée, alors qu'il faisait route vers l'île touristique de Jeju. Plus de 350 passagers étaient des lycéens, en voyage scolaire, accompagnés d'une dizaine de professeurs.

Des proches des passagers du Sewol laissent éclater leur chagrin après avoir reconnu les corps le 23 avril 2014 à Jindo [Nicolas Asfouri / AFP]
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Des proches des passagers du Sewol laissent éclater leur chagrin après avoir reconnu les corps le 23 avril 2014 à Jindo

Ils fréquentaient l'école Danwon, à Ansan, une ville au sud de Séoul, devenue la capitale du deuil dans un pays sous le choc. Quelque 280 écoliers sont morts ou disparus. Le proviseur adjoint, qui avait survécu au naufrage, s'est pendu deux jours plus tard.

L'établissement accueille un mémorial dans le gymnase, ouvert mercredi au public: les portraits des lycéens dont les funérailles ont déjà eu lieu sont accrochés au milieu de murs de fleurs, des chrysanthèmes blancs, jaunes et verts.

Au-dessus flotte une banderole: "nous prions pour les âmes de ceux qui sont partis".

Les personnes défilent, souvent en pleurs, une fleur à la main qu'elles déposent devant les portraits. Plusieurs collégiens en uniforme s'effondrent et doivent être évacués.

La colère le dispute au chagrin. Une couronne mortuaire porte comme inscription: "Je hais la république de Corée".

Graphique localisant le lieu du naufrage et montrant les étapes de l'accident [ / AFP]
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Graphique localisant le lieu du naufrage et montrant les étapes de l'accident

A 320 km au sud, sur Jindo, l'île voisine du lieu de la catastrophe, les parents se rassemblent comme tous les jours, dans l'attente des corps amenés à bord des bateaux des secouristes.

Les cadavres sont transportés dans des tentes où se déroule le processus d'identification.

"Je suis ici pour vous aider à reconnaître les personnes décédées", explique un membre de l'équipe de médecins légistes à des familles de disparus, appelées sous la tente car les vêtements ou pièces d'identité retrouvés correspondent à la description de leur proche.

"Nous avons lavé le corps mais nous n'avons pas retiré les habits afin que vous puissiez l'identifier plus facilement", ajoute-t-il, avant de se retirer avec eux dans une pièce fermée aux journalistes.

Quelques minutes plus tard, la pièce retentit de cris perçants et de sanglots. Très souvent des parents qui viennent de reconnaître leur enfant, adolescent.

- Interdiction de sortie du territoire -

Les Sud-Coréens ont du mal à comprendre qu'une tragédie de telle ampleur ait pu avoir lieu dans leur pays. Les parents des victimes, la presse et l'opinion publique expriment leur incompréhension, leur colère et leur douleur dans de violentes critiques adressées aux autorités en général: gouvernements, garde-côtes, secouristes, la compagnie du ferry.

Les proches des victimes du naufrage du Sewol, en prière le 23 avril 2014 à Jindo [Nicolas Asfouri / AFP]
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Les proches des victimes du naufrage du Sewol, en prière le 23 avril 2014 à Jindo

Mercredi, les enquêteurs ont perquisitionné plusieurs sociétés liées à la compagnie maritime qui possède le Sewol, la Chonghaejin Marine Company.

L'enquête porte sur des soupçons de "corruption au sein de la direction", a indiqué à l'AFP Kim Hoe-Jong, un des juges chargés de l'affaire.

Plus de 70 responsables de la compagnie sont interdits de sortie du territoire pendant au moins trente jours.

Il lui est reproché d'avoir paniqué et tardé à évacuer le bateau lorsqu'il était encore temps, après un choc qui a immobilisé le ferry mais avant qu'il ne pique du nez vers le fond -- un laps de temps de 40 minutes --.

Il est aussi vertement critiqué pour avoir abandonné le navire alors que des centaines de passagers étaient à bord, piégés.

Des communications, rendues publiques ce week-end, entre le navire et les autorités maritimes montrent un équipage paniqué, incapable de prendre une décision, alors que le Sewol, immobilisé, est près de sombrer.

Le capitaine, 69 ans et de longues années d'expérience, et deux-tiers de l'équipage font partie des 174 personnes récupérées vivantes, tout de suite après le naufrage.

La présidente de la Corée du Sud, Park Geun-Hye, a assimilé les actes du capitaine et de certains membres de l'équipage à "un meurtre".

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