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Kosovo: La pression monte pour la création d'un tribunal pour crimes de guerre

Le Premier ministre du Kosovo Hashim Thaci à Munich le 2 février 2014. En tant qu'ex-chef de la guérilla, il est mis en cause dans un rapport du Conseil de l'Europe faisant état d'exactions commises durant le conflit serbo-kosovar (1998-1999) [Christof Stache / AFP/Archives] Le Premier ministre du Kosovo Hashim Thaci à Munich le 2 février 2014. En tant qu'ex-chef de la guérilla, il est mis en cause dans un rapport du Conseil de l'Europe faisant état d'exactions commises durant le conflit serbo-kosovar (1998-1999) [Christof Stache / AFP/Archives]

Le Parlement du Kosovo doit examiner cette semaine un projet visant à la mise en place d'un tribunal international chargé de juger des crimes de guerre commis par la guérilla indépendantiste kosovare pendant le conflit serbo-kosovar (1998-99), malgré de fortes réticences locales.

L'installation de cette juridiction est souhaitée par l'Union européenne (UE) et encouragée également par les États-Unis.

Une des premières tâches sera de se saisir d'une enquête menée actuellement par une équipe spéciale d'enquêteurs de l'UE pour vérifier les allégations contenues dans un rapport publié en 2010 par le Conseil de l'Europe.

Cette enquête devrait être achevée "dans les prochains mois", a dit à l'AFP le porte-parole de cette mission spéciale, Joao Sousa.

Une source du gouvernement kosovar a récemment dit à l'AFP que le rapport sur cette enquête devrait être publié "à la mi-juin" et qu'il pourrait être suivi d'une "inculpation".

Le rapport du Conseil de l'Europe, rédigé par son rapporteur Dick Marty, fait état d'exactions commises par des membres de la guérilla indépendantiste (UCK).

- Accusation de trafic d'organes sur des prisonniers -

Il évoque notamment un trafic d'organes présumé sur des prisonniers serbes et roms durant la guerre et met en cause l'ex-chef de la guérilla Hashim Thaçi, actuellement Premier ministre du Kosovo, ce que l'intéressé a vivement démenti.

Le Suisse Dick Marty, auteur du rapport du conseil de l'Europe faisant état d'exactions commises au Kosovo, notamment un trafic d'organes présumé sur des prisonniers serbes et roms durant la guerre, photographié ici le 6 octobre 2011 à Strasbourg [Frederick Florin / AFP/Archives]
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Le Suisse Dick Marty, auteur du rapport du conseil de l'Europe faisant état d'exactions commises au Kosovo, notamment un trafic d'organes présumé sur des prisonniers serbes et roms durant la guerre, photographié ici le 6 octobre 2011 à Strasbourg

Le rapport fait état de quelque 500 victimes.

Selon le projet, le nouveau tribunal est "censé faire partie du système judiciaire du Kosovo".

"Il serait basé au Kosovo, mais les procédures sensibles, dont les interrogatoires des témoins, se tiendraient hors du pays(...)", explique-t-on à la délégation de l'UE à Pristina.

Au Kosovo, les réticences à sa mise en place sont importantes, mais Pristina tient en même temps à entretenir de bonnes relations avec Bruxelles et Washington, principaux supporteurs de l'indépendance kosovare de la Serbie, proclamée en 2008.

M. Thaçi a ainsi lui-même appelé les députés à approuver la mise en place de la cour.

"Même si cette question est tout à fait injuste et insultante pour l’État du Kosovo, l'Assemblée kosovare doit prendre une décision" en faveur de la mise en place de la cour, a-t-il dit.

Pour le chef de l'Association d'anciens combattants de l'UCK, Muharrem Xhemajli, la création du tribunal est "inacceptable".

"Nous appelons les élus à respecter notre guerre sainte et à ne pas voter en faveur de la création de ce tribunal, parce que cela signifie la dégradation de l’État", a-t-il déclaré à l'AFP.

Pour Adem Demaci, militant des droits de l'homme et ancien représentant politique de l'UCK, le Kosovo est "forcé d'accepter quelque chose qui va contre ses intérêts".

Le 28 mars 2014, des enfants albanais du Kosovo tiennent les portraits des membres de leur famille disparus pour commémorer le 15e anniversaire du massacre du village d'Izbica en 1999 [Armend Nimani / AFP/Archives]
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Le 28 mars 2014, des enfants albanais du Kosovo tiennent les portraits des membres de leur famille disparus pour commémorer le 15e anniversaire du massacre du village d'Izbica en 1999

Les occidentaux ont mis la pression sur les autorités kosovares pour faire approuver la nouvelle juridiction avant que le Parlement soit dissout en vue des élections générales qui auront lieu plus tard dans l'année.

"Les États-Unis sont convaincus que c'est la seule voie pour aller de l'avant", a déclaré début avril un haut responsable de la diplomatie américaine, Johnathan Moore, venu à Pristina pour plaider en faveur de la cour.

Le représentant de l'UE au Kosovo, Samuel Zbogar, a lui aussi insisté pour la mise en place rapide d'un tel tribunal.

"Je suis conscient que beaucoup de gens se soucient de l'image du Kosovo avec une telle cour. Mais, faire la lumière sur ces accusations va dégager un nuage noir qui assombrit le Kosovo", a-t-il fait valoir.

De son côté, l'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch, a également exhorté les députés kosovars à voter en faveur de la cour spéciale pour établir "la responsabilité individuelle pour de très sérieux crimes".

Le conflit au Kosovo a fait environ 13.000 victimes, la plupart des Albanais kosovars. Il s'est achevé par des frappes aériennes de l'Otan contre la Serbie qui ont mis fin à la répression des forces serbes contre les indépendantistes kosovars et les civils albanais du Kosovo.

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