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Le fondateur du "Facebook russe" quitte le pays

Le bâtiment où est installé le personnel du réseau social VKontakte à Saint-Pétersbourg, le 1er novembre 2013 [Olga Maltseva / AFP] Le bâtiment où est installé le personnel du réseau social VKontakte à Saint-Pétersbourg, le 1er novembre 2013 [Olga Maltseva / AFP]

Le fondateur du premier réseau social russe, Pavel Dourov, a annoncé mardi avoir quitté la Russie, évoquant des tensions avec les autorités, dans un contexte de plus en plus difficile pour les utilisateurs d'internet en Russie.

Le turbulent fondateur de VKontakte (VK), réseau social favori des Russes qui surpasse dans l'ex-URSS son concurrent américain Facebook avec plus de cent millions d'utilisateurs, a assuré ne pas avoir l'intention de revenir en Russie, au lendemain de l'acceptation de sa démission par VK.

La raison: le refus de M. Dourov de remettre au FSB (services secrets russes, ex-KGB) les données personnelles des organisateurs du groupe Euromaïdan, central dans la contestation pro-européenne en Ukraine.

"J'ai peur qu'il n'y ait pas de retour en arrière", a-t-il confié au site américain TechCrunch, spécialiste des informations sur le secteur technologique. "Pas après que j'ai refusé publiquement de coopérer avec les autorités. Elles ne peuvent pas me supporter."

"Malheureusement, (la situation en Russie) est incompatible en ce moment avec le business sur Internet", a-t-il ajouté.

Au même moment, la Douma (chambre basse du Parlement russe) a adopté une série de lois présentées en un arsenal visant à lutter contre le terrorisme, mais qui devrait surtout aboutir à un plus grand contrôle par les autorités de l'Internet, un des derniers espaces de liberté de ton dans un pays habitué aux médias d'Etat.

- Les blogueurs en ligne de mire -

Des écrans dans un magasins de Moscou, le 17 avril 2014, duran tune intervention du président russe Vladimir Poutine  [Alexander Nemenov / AFP/Archives]
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Des écrans dans un magasins de Moscou, le 17 avril 2014, duran tune intervention du président russe Vladimir Poutine

Les blogueurs en sont les premiers visés. La chambre basse du Parlement russe a adopté mardi de nouvelles lois qui confèrent à ces derniers les mêmes obligations qu'aux médias.

Tout blogueur dont le site reçoit plus de 3.000 visiteurs par jour devra ainsi se signaler auprès de l'autorité de contrôle des médias, Roskomnadzor, et conserver tous ses données pendant six mois.

Les blogueurs sont également tenus entre autres de vérifier la véracité de leurs informations et d'indiquer un âge limite approprié pour leurs visiteurs.

Ceux qui ne se conformeront pas aux nouvelles obligations, risquent une amende pouvant aller jusqu'à 500.000 roubles (10.000 euros).

Roskomnadzor avait déjà ordonné en mars le blocage de quatre sites internet critiques envers le Kremlin, pour "incitation à des activités illégales", parmi lesquels le blog de l'opposant numéro un à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny.

Ce dernier, assigné à résidence, a d'ailleurs été reconnu mardi coupable de "diffamation" à l'encontre d'un député, et condamné à une amende de 300.000 roubles (6.000 euros).

Une condamnation qui fait planer sur lui la menace de voir sa peine de cinq ans avec sursis, infligée dans une autre affaire d'escroquerie qu'il affirme montée de toutes pièces, se transformer en prison ferme. La question doit être réglée dans un jugement ultérieur.

Cet avocat aux accents nationalistes, qui s'est fait connaître en dénonçant sur internet des affaires de corruption, est sorti à cette occasion du silence imposé par son assignation à résidence pour clamer son innocence dans une autre affaire qui le menace lui et son frère.

"Je me fous de toutes ces interdictions et de ces obligations à me taire. (...) Je ne me tairai pas, et si je ne prouve rien au tribunal, je ferai tout pour vous prouver à vous (mon innocence, ndlr)", a-t-il écrit à ses partisans dans un message publié sur sa page Facebook.

La semaine dernière, un autre projet de loi sur la protection antiterroriste des écoles proposait la surveillance sur internet des élèves.

Selon le texte, les responsables des lycées et universités russes auront pour responsabilité d'"analyser les sites personnels des élèves et du personnel" et de constituer des dossiers sur ceux "qui ont tendance à enfreindre les règles".

Le président russe Vladimir Poutine avait pourtant été interrogé la semaine dernière sur la surveillance de la population en Russie par l'ex-consultant de la NSA Edward Snowden, lors de sa séance annuelle de questions-réponses.

"Nous avons un règlement juridique strict concernant l'utilisation par les services spéciaux de ces moyens, notamment des écoutes téléphoniques et de la surveillance sur internet", lui avait rétorqué M. Poutine.

"C'est pour cela qu'(une surveillance) massive et aveugle ne peut pas exister" en Russie, a-t-il affirmé. "J'espère vraiment que nous ne nous le permettrons jamais", avait-il conclu.

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