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Les guides népalais menacent de ne plus gravir l'Everest

L'avalanche qui a tué 13 sherpas dans l'Everest le 18 avril 2014 [Buddhabir RAI / AFP/Archives] L'avalanche qui a tué 13 sherpas dans l'Everest le 18 avril 2014 [Buddhabir RAI / AFP/Archives]

Guides népalais et responsables d'expéditions menaçaient lundi de ne plus gravir l'Everest, faute d'un soutien financier solide du gouvernement pour les familles des sherpas tués vendredi dans l'avalanche la plus meurtrière de l'histoire de ce sommet.

Des centaines de sherpas, pour beaucoup en pleurs, accompagnés par des moines, ont rendu hommage à leurs treize collègues lors d'une procession funèbre dans Katmandou lundi.

Les guides en deuil ont aussi adressé une liste de demandes à l'intention du gouvernement népalais, lui donnant sept jours pour les satisfaire, faute de quoi ils menacent d'annuler toute expédition vers le sommet le plus haut du monde.

Ils demandent la création d'un fonds de soutien alimenté par 30% des sommes payées par les alpinistes pour obtenir des permis d'ascension au Népal et le doublement des primes d'assurance vie, actuellement de 10.000 dollars.

Des proches des victimes du Mont Everest lors d'une cérémonie funèbre à Katmandou le 21 avril 2014 [Prakash Mathema / AFP]
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Des proches des victimes du Mont Everest lors d'une cérémonie funèbre à Katmandou le 21 avril 2014

La lettre met aussi en garde contre toute tentative de "mettre la pression (sur les sherpas, ndlr) pour continuer la saison" qui vient de débuter la semaine passée, ajoutant: "nous n'hésiterons pas à protester" si nos demandes ne sont pas remplies.

Ce courrier a été rédigé par les chefs d'expédition, les sherpas et des alpinistes réunis dimanche au camp de base de l'Everest pour discuter d'une position commune après l'avalanche de vendredi.

L'Association d'alpinisme du Népal a indiqué qu'"un ultimatum de sept jours a été fixé au gouvernement pour répondre à ces demandes" et que les participants à cette réunion "menacent de cesser de grimper si leurs conditions ne sont pas remplies".

Le gouvernement doit offrir 10.000 dollars aux familles des guides tués ou de ceux blessés qui ne pourront retravailler, estiment-ils dans le communiqué.

Les sherpas demandent aussi la prise en charge des soins des blessés. Neuf personnes ont été retirées vivantes de la neige tandis que les corps de trois sherpas restent introuvables.

Un responsable du ministère du Tourisme, qui n'a pas vu le courrier, a assuré à l'AFP que le gouvernement népalais adopterait "une attitude positive vis-à-vis des inquiétudes des sherpas".

- Plus envie de grimper -

Plusieurs équipes postées au camp de base ont déjà décidé de se retirer de toute ascension cette saison tandis que d'autres se posent des questions.

Des proches portent le corps d'un sherpa pour la crémation à Katmandou le 21 avril 2014 [Prakash Mathema / AFP]
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Des proches portent le corps d'un sherpa pour la crémation à Katmandou le 21 avril 2014

L'agence d'alpinisme américaine Alpine Ascents International, qui a perdu quatre sherpas dans l'accident et était sans nouvelle d'un cinquième, a décidé lundi d'annuler son expédition vers l'Everest, selon le chef de ses sherpas.

"Nous avons perdu cinq membres de notre équipe. Par respect pour eux, nous ne poursuivrons pas notre expédition", a dit Lakpa Rita Sherpa, qui a gravi 17 fois l'Everest.

Une autre agence américaine, Discovery Channel, a aussi annulé son expédition après la perte de son équipe de sherpas.

"Après une telle tragédie, la plupart d'entre nous veulent mettre fin à la saison. Mais tant d'investissements sont faits ici que nous ne sommes pas en position de refuser", a dit de son côté Tashi Sherpa dont l'équipe Seven Summit Treks a perdu un guide et était sans nouvelle de deux autres.

Certains sherpas sont en colère contre la proposition du gouvernement de verser 40.000 roupies (400 dollars) pour les dépenses d'inhumation des victimes, jugeant qu'il s'agit d'un manque de respect.

Les sherpas, du nom d'un groupe ethnique connu pour son aptitude aux métiers de la montagne, gagnent entre 3.000 et 6.000 dollars par saison mais sont mal couverts par leur assurance.

Cet accident met en lumière les risques pris par ces guides qui transportent les tentes, apportent l'approvisionnement, réparent les échelles et fixent des cordes pour aider les alpinistes étrangers à atteindre le sommet de 8.848 mètres.

Ces annulations auront probablement un impact sur l'économie du Népal, pays pauvre de l'Himalaya qui repose largement sur les recettes du tourisme.

Plus de 300 personnes ont péri dans l'Everest depuis la première ascension réussie par Sir Edmund Hillary et Tenzing Norgay en 1953.

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