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Joe Biden attendu à Kiev en pleine insurrection séparatiste dans l'Est

Le vice-président américain Joe Biden le 7 avril 2014 à Washington [Brendan Smialowski / AFP/Archives] Le vice-président américain Joe Biden le 7 avril 2014 à Washington [Brendan Smialowski / AFP/Archives]

Le vice-président américain Joe Biden se rend lundi à Kiev pour soutenir les autorités ukrainiennes pro-occidentales, au moment où les craintes d'une intervention russe dans l'Est de l'Ukraine sont montées d'un cran avec l'appel des insurgés séparatistes à Vladimir Poutine.

Une fusillade meurtrière dimanche, le jour de Pâques, en périphérie de Slaviansk contrôlée par des forces armées pro-russes, a brusquement refroidi les espoirs de règlement de la crise nés de l'accord conclu à la surprise générale jeudi à Genève entre Russes, Ukrainiens et Occidentaux.

L'attaque, qui a fait cinq morts selon les séparatistes et trois selon Kiev, a provoqué l'indignation de Moscou, qui a dénoncé le sort des "victimes innocentes". Elle a poussé le maire autoproclamé de la ville, Viatcheslav Ponomarev, à demander solennellement au président russe d'envoyer des forces de "maintien de la paix" dans la région russophone, ou au moins des armes pour repousser les paramilitaires nationalistes qui selon lui menacent la population.

Cet appel à Moscou, qui a reconnu avoir massé des troupes à la frontière, rappelle celui des dirigeants de la Crimée au président russe avant le référendum conduisant à son rattachement à la Russie.

Depuis la perte par Kiev de la Crimée, les Etats-Unis et l'Union européennes ont appliqué des sanctions contre de hauts-responsables russes et Washington menace de nouvelles mesures s'attaquant cette fois à des pans entiers de l'économie russe, déjà confrontées à des fuites massives de capitaux et au bord de la récession.

Premier haut responsable américain en visite en Ukraine depuis le secrétaire d'Etat John Kerry le 4 mars, Joe Biden doit atterrir à Kiev peu après 12H00 GMT. Le vice-président américain, qui s'est fortement impliqué dans la crise politique en Ukraine depuis son éclatement en novembre, doit rencontrer mardi le président par intérim Olexandre Tourtchinov et le Premier ministre Arseni Iatseniouk.

- "Guerre virtuelle" -

Des hommes armés montent la garde devant un bâtiment officiel occupé par les pro-russes à Slaviansk, dans l'est de l'Ukraine, le 21 avril 2014 [Kirill Kudryavtsev / AFP]
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Des hommes armés montent la garde devant un bâtiment officiel occupé par les pro-russes à Slaviansk, dans l'est de l'Ukraine, le 21 avril 2014

"Le monde a des raisons de s'inquiéter des intentions de Poutine", a lancé M. Iatseniouk à la télévision américain NBC diffusé dimanche: "La fédération de Russie a sapé la stabilité internationale".

"Il est évident aujourd'hui que la Russie est une menace pour le monde, pour l'Union européenne et pour l'Ukraine", a ajouté le dirigeant ukrainien.

Le voyage de M. Biden ne devrait pas manquer d'irriter Moscou. Russie et Etats-Unis s'accusent mutuellement d'ingérence et d'absence de volonté pour appliquer l'accord de Genève, qui prévoit notamment le désarmement des groupes paramilitaires, nationalistes ou séparatistes, et la libération de bâtiments publics, à Kiev comme dans l'Est.

Les insurgés pro-russes ont fait fi de ce texte et gardent le contrôle de l'administration régionale de Donetsk mais aussi de nombreuses mairies dans la région.

A Slaviansk, ils sont renforcés par des hommes armés de fusils d'assaut de pointe, voire de lance-roquettes, cagoulés et en uniforme sans insigne qui, selon Kiev, appartiennent aux forces spéciales russes.

Après avoir demandé dimanche l'aide de Moscou, qui n'a pas réagi, le maire Viatcheslav Ponomarev a décrété un couvre feu de minuit à six heures. La première nuit sous ce régime s'est passée dans le calme, a constaté sur place l'AFP.

Des Ukrainiens pro-russes chantent l'hymne national russe lors d'une manifestation à Lugansk, dans l'est de l'Ukraine, le 21 avril 2014 [Dimitar Dilkoff / AFP]
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Des Ukrainiens pro-russes chantent l'hymne national russe lors d'une manifestation à Lugansk, dans l'est de l'Ukraine, le 21 avril 2014

"Il n’y a pas eu de tir cette nuit", a indiqué à l'AFP Evguen Gorbik, qui monte la garde sur une barricade bloquant la rue Karl Marx à proximité de la mairie. "On ne tirera que si on est attaqués".

"Actuellement on a un président virtuel en Ukraine, une armée virtuelle et une guerre virtuelle", observe cet homme en treillis et casquette militaire.

- Plus d'autonomie pour l'Est -

Les autorités ukrainiennes ont lancé la semaine dernière une opération anti-terroriste pour reprendre la main dans la région, mais l'envoi de chars et avions de chasse a tourné à la déroute, certains blindés passant sous contrôle des pro-russes et d'autres rebroussant chemin après avoir été bloqués une journée par de simples villageois.

Les Etats-Unis accusent Moscou d'être derrière les troubles en Ukraine. Le Kremlin, qui a massé selon l'Otan près de 40.000 soldats à la frontière de l'Ukraine, dément de son côté tout projet d'invasion mais M. Poutine a promis d'assurer "à tout prix" la protection des russophones dans l'ex-URSS.

En visite en Ouzbékistan, le ministre espagnol des Affaires étrangères Jose Manuel Garcia-Margallo s'est prononcé pour une autonomie renforcée pour les régions de l'Est de l'Ukraine.

"En fin de compte, il est peut être nécessaire de se diriger vers une certaine forme de fédéralisme mais en prenant en compte que l'Ukraine reste un Etat unifié", a-t-il jugé.

Kiev a promis de renforcer les pouvoirs accordés aux régions et d'accorder un statut spécial à la langue russe, tout en rejetant l'idée d'une fédération proposée par Moscou.

Selon un sondage publié pendant le week-end à Kiev, une majorité d'habitants de la région de Donetsk s'oppose à un rattachement à la Russie. Mais une très large majorité d'entre eux rejette le pouvoir de transition pro-occidental en place depuis la chute du président Viktor Ianoukovitch et souhaitent garder de fortes relations économiques avec la Russie.

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