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Les Palestiniens menacent de dissoudre l'Autorité en cas d'échec des pourparlers

Le président palestinien Mahmoud Abbas, à Ramallah le 1er avril 2014 [Abbas Momani / AFP/Archives] Le président palestinien Mahmoud Abbas, à Ramallah le 1er avril 2014 [Abbas Momani / AFP/Archives]

Les Palestiniens n'excluent pas de dissoudre l'Autorité palestinienne en cas d'échec des négociations avec Israël, a averti dimanche un haut responsable palestinien, alors que le processus de paix semble moribond.

Les négociateurs palestiniens ont fait savoir au médiateur américain Martin Indyk que les Palestiniens pourraient décider de démanteler l'Autorité dirigée par le président Mahmoud Abbas afin de faire porter à Israël la responsabilité de la gestion de leur territoire en tant que puissance occupante, a précisé ce responsable.

Les Palestiniens ont déjà évoqué la possibilité de dissoudre l'Autorité, créée à la suite des Accords d'Oslo (1993) pour administrer les zones autonomes des Territoires, mais c'est la première fois que la menace est brandie depuis la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens sous l'égide du secrétaire d'Etat américain John Kerry en juillet dernier.

Ces négociations sont complètement bloquées et l'initiative de M. Kerry apparaît de plus en plus compromise.

"Les Palestiniens ont informé Indyk que si l'intransigeance israélienne continuait, ils ont plusieurs options", a expliqué à l'AFP le responsable palestinien sous couvert de l'anonymat, en faisant référence à la dernière rencontre entre l'envoyé spécial américain et les négociateurs palestiniens vendredi.

"D'abord, il y a l'option de rendre les clés de l'Autorité aux Nations unis afin qu'elles prennent en charge le peuple palestinien et l'Etat de Palestine, qui est sous occupation - ou bien qu'Israël assume à nouveau l'entière responsabilité de son occupation", a-t-il souligné.

L'Autorité du président Abbas, soutenue par la communauté internationale, est confrontée en permanence à d'importantes difficultés financières et dépend, pour survivre, de l'aide étrangère.

L'émissaire américain Martin Indyk s'entretient avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, à Tel Aviv le 8 novembre 2013 [Jason Reed / POOL/AFP/Archives]
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L'émissaire américain Martin Indyk s'entretient avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, à Tel Aviv le 8 novembre 2013

"Si les Palestiniens concrétisent leur menace, les résultats seront désastreux. L'Autorité sera démantelée et tout son appareil sécuritaire dispersé. Ce qui obligera Israël à remplir le vide à un coût financier considérable", s'est inquiété l'influent éditorialiste israélien Nahum Barnéa.

"L'armée (israélienne) devra trouver un moyen de prendre la place de l'Autorité: établir une force de police, s'occuper de l'éducation, des services de santé, de l'eau, des égouts", a souligné le commentateur.

- Négociations en grand danger -

Une importante réunion du Conseil central de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) est prévue le week-end prochain à Ramallah afin de débattre de l'avenir du processus de paix et des diverses options sur la table en cas d'échec de l'initiative Kerry.

Selon le haut responsable palestinien, l'émissaire américain Martin Indyk "n'a plus aucune nouvelle idée pour sauver les négociations".

"Abou Mazen (le surnom de Mahmoud Abbas) encourage la terreur contre Israël à la tête de l'Autorité palestinienne puis nous menace de démissionner de son poste", a réagi un ministre israélien d'extrême droite, Naftali Bennett.

"S'il veut partir nous ne le retiendrons pas. On ne négocie pas avec Israël avec un pistolet sur sa tempe", a mis en garde M. Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer juif, proche des colons.

Israéliens et Palestiniens multiplient les gestes d'hostilité depuis qu'Israël a refusé de libérer comme prévu le 29 mars un dernier contingent de prisonniers en réclamant une prolongation des négociations de paix au-delà de l'échéance prévue du 29 avril.

Les Etats-Unis tentent d'arracher un accord qui permettrait de prolonger les pourparlers au-delà de cette date butoir mais leurs efforts n'ont toujours pas abouti.

Le président Abbas s'est dit disposé à prolonger les pourparlers jusqu'à la fin de l'année, comme le réclament Israël et les Etats-Unis. Mais il a exigé pour cela que le gouvernement israélien relâche, comme il s'y était engagé, le dernier groupe de détenus, qu'il gèle la colonisation et qu'il accepte de consacrer les trois premiers mois des nouvelles négociations "à une discussion sérieuse sur les frontières".

Les Palestiniens veulent un Etat sur les lignes d'avant l'occupation israélienne de la bande de Gaza et de la Cisjordanie conquises durant la guerre des Six Jours en juin 1967.

Depuis leur relance le 29 juillet 2013, les pourparlers de paix piétinent sur l'ensemble des questions au coeur du conflit: les frontières, les colonies, la sécurité, le statut de Jérusalem et les réfugiés palestiniens.

Parallèlement aux difficultés de la diplomatie américaine, l'OLP et le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza s'efforcent de ressusciter les tentatives de réconciliation palestinienne. Une délégation de l'OLP est attendue à Gaza dans quelques jours.

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