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Irak : les candidates aux législatives en campagne pour les droits des femmes

Des affiches d'une candidate aux législatives dans les rues de Bagdad le 15 avril 2014 [Ahmad Al-Rubaye / AFP] Des affiches d'une candidate aux législatives dans les rues de Bagdad le 15 avril 2014 [Ahmad Al-Rubaye / AFP]

Autrefois modèle en matière de droits des femmes, l'Irak est aujourd'hui critiquée pour les discriminations et les violences que subissent les Irakiennes, une situation au cœur des programmes des candidates aux élections législatives du 30 avril.

"Je ne m'attendais pas à ce qu'on doive se battre pour les droits des femmes dans ce pays", assure Inam Adboul Majed, une présentatrice de télévision, candidate à un siège de députée à Bagdad.

"Je voulais me battre pour un meilleur système éducatif, des meilleurs services, des meilleures conditions de vie" mais la question du droit des femmes est un "problème fondamental qui doit être résolu" avant tout, ajoute-t-elle.

Selon l'ONU, au moins un quart des Irakiennes âgées de plus de 12 ans sont illettrées, seulement 14% des femmes travaillent ou sont en recherche d'emploi. Et plus de la moitié des femmes de 15 à 49 ans pensent qu'un époux a le droit de battre sa femme.

L'emploi est un enjeu majeur car cela "affecte l'indépendance financière des femmes, et sans cette indépendance, elles ne peuvent pas choisir leur vie", insiste Frances Guy, la responsable en Irak de l'ONU Femmes.

Un jeune irakien regarde une affiche électorale à Najaf le 14 avril 2014 [Haidar Hamdani / AFP]
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Un jeune irakien regarde une affiche électorale à Najaf le 14 avril 2014

Les Irakiennes sont en outre victimes de violences, à la fois dans l'espace privé, mais aussi dans les lieux publics et les transports.

Pourtant dans les années 1970, l'Irak était réputé être le pays le plus progressiste en matière de droits des femmes au Moyen-Orient. Mais le régime de Saddam Hussein, puis les violences qui ravagent le pays depuis l'invasion américaine de 2003, ont fait voler cette liberté en éclats.

Analystes et candidates s'accordent à dénoncer l'impact désastreux des violences --qui ont fait plus de 2.650 morts depuis début 2014 selon un bilan de l'AFP-- sur la situation des femmes.

Mais ils pointent également du doigt les mentalités. Ainsi les hommes irakiens sont environ 50% à considérer qu'ils sont en droit d'empêcher leur femme de travailler et qu'ils peuvent la frapper dans certaines circonstances, selon l'ONU. Et une récente proposition de loi controversée risque de les conforter dans leur opinion.

 

- Promesses vite oubliées -

 

Déposé à quelques semaines des élections, ce projet de loi sur la famille a créé une polémique, ses détracteurs dénonçant en particulier une clause autorisant les filles à divorcer dès l'âge de neuf ans, induisant la possibilité de les marier encore plus jeunes.

Une litanie d'autres articles de ce genre, dont l'obligation pour les femmes d'avoir des relations sexuelles avec leur mari à chaque fois que ce dernier le souhaite, ont été décriées par des militants laïques irakiens et des ONG internationales fustigeant une dégradation flagrante des droits des femmes.

A l'opposé de ce projet, la Constitution irakienne reconnaît la place des femmes, exigeant qu'un quart des sièges au Parlement leur revienne.

Une affiche électorale dans une rue de Bagdad le 15 avril 2014  [Ahmad Al-Rubaye / AFP]
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Une affiche électorale dans une rue de Bagdad le 15 avril 2014

Cette contrainte ne s'impose cependant pas à l'exécutif, et les femmes ministres ont été de moins en moins nombreuses dans les différents cabinets entre 2006 et 2010, explique Intisar al-Joubouri, députée de la province de Ninive, qui déplore les vaines promesses.

"Si on regarde les programmes électoraux (...) on voit qu'ils s'intéressent aux droits des femmes", dit-elle. "Mais lorsque des hommes gagnent un siège de député aux élections, ils oublient" ces promesses.

Lors d'un récent forum sur les droits des femmes, la question des quotas a été soulevée, plusieurs intervenants prenant la parole pour critiquer une loi qui amènerait au pouvoir des politiciennes peu qualifiées.

La majorité des interventions ont néanmoins soutenu ce système.

"Même si les quotas présentent de nombreux aspects négatifs (...) il y a plus de bonnes choses que de mauvaises", insiste ainsi Maysoon al-Damalouji, une députée de Bagdad, candidate à sa réélection.

"Au moins cela a familiarisé les femmes à la vie politique et les a fait devenir une réalité dans la vie politique", explique-t-elle.

Quant aux aptitudes des candidates, l'élue rétorque: "de la même façon, on peut se demander si certains hommes ont été aussi compétents qu'ils auraient dû l'être".

"Je pense que la plupart des gens sont d'accord sur le fait que ni les hommes, ni les femmes, n'ont été à la hauteur de leurs responsabilités", conclut la députée.

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