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Ukraine : des journalistes anti-séparatistes passés à tabac

Des militants pro-russes armés tiennent une barricade et les locaux de l'administration  régionale à Slavyansk, à l'est de l'Ukraine le 18 avril 2014 [Genya Savilov / AFP/Archives] Des militants pro-russes armés tiennent une barricade et les locaux de l'administration régionale à Slavyansk, à l'est de l'Ukraine le 18 avril 2014 [Genya Savilov / AFP/Archives]

"Ca fait un peu peur de travailler dans ces conditions", reconnaît Anton Grabovski, qui travaille au seul journal pro-ukrainien et anti-séparatiste de Torez, dans l’est de l’Ukraine. Sa rédaction a été incendiée et en porte encore les traces.

"Des inconnus ont lancé deux cocktails Molotov après avoir cassé la fenêtre de notre rédaction dans la nuit de jeudi à vendredi. Il était 2 h du matin, je finissais l’édition de notre hebdomadaire avec un collègue. Nous avons pu éteindre l’incendie, sinon tout aurait brûlé. Les pompiers, qui sont pourtant à deux minutes de chez nous sont arrivés 20 minutes après notre appel, quand tout était déjà fini. Les dégâts sont importants", raconte Igor Abyzov, directeur du journal local Pro Gorod.

Samedi matin, un meeting de militants pro-russes qui a réuni une cinquantaine de personnes à Torez, ville de 70.000 habitants, a applaudi à l’annonce par un orateur de l’incendie contre le journal Pro Gorod.

"Nos ennemis, ce sont les citoyens qui sont pro-Ukraine", a déclaré l’une des intervenantes du meeting, avant de proposer que Torez participe au référendum prévu le 11 mai par les pro-russes sur l’autonomie de l’Est de l’Ukraine ou le rattachement à la Russie.

"Nous, nous sommes pour l’unité de l’Ukraine et contre le séparatisme", déclare M. Abyzov, qui s’appuie sur une béquille, à la suite d'une agression au cours de laquelle deux hommes l’ont roué de coups et lui ont cassé une jambe.

"Nous avons eu plusieurs journalistes agressés, on a essayé de casser notre matériel, on nous a volé le tirage du journal...", raconte-t-il.

Anton Grabovski, 26 ans, qui a un petit drapeau ukrainien à côté de son ordinateur, voudrait bien rester à Torez mais il s’interroge sur son avenir. "Mon amie ne veut pas de la Russie. Si nous devenons une partie de la Russie, elle veut partir à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine. Je suis assez d’accord avec elle", ajoute-t-il.

"Parmi mes amis, certains regardent vers la Russie, d’autres vers l’Europe. Je suis plus en contact avec ceux qui regardent vers l’Occident parce que moi-même je veux que l’Ukraine reste entière. Ceux qui regardent vers la Russie, je trouve leurs idées curieuses. Ces gens-là, je ne les comprends pas bien", relève-t-il.

A l’entrée de la ville de Torez, quelques jeunes surveillent une barricade symbolique et ne contrôlent aucun véhicule. Sur la mairie flotte le drapeau de la République de Donetsk, autoproclamée par des insurgés pro-russes dans ce grand centre industriel de l'est de l'Ukraine russophone et proche de la frontière russe.

La ville a été épargnée jusqu’à présent par les troubles. Il n’y a pas eu de prise de contrôle de bâtiments publics par des militants pro-russes et on ne voit pas d’hommes armés circuler dans les rues.

 
 

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