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Les Etats-Unis font pression sur Moscou

Des pro-russes brandissent un drapeau de l'autoproclamée "République de Donetsk" lors d'un rassemblement séparatiste, le 18 avril 2014 à Slaviansk, en Ukraine [Genya Savilov / AFP]

Les Etats-Unis ont mis la pression sur Moscou pour qu'il pousse les insurgés pro-russes à évacuer les administrations occupées dans l'est de l'Ukraine, en conformité avec l'accord de Genève dont les rebelles faisaient fi samedi.

A Donetsk, grande ville industrielle dans l'Est, le statu quo régnait, les séparatistes contrôlant toujours dans le calme l'administration régionale, un imposant bâtiment occupé depuis près de deux semaines par les leaders de la "République de Donetsk" autoproclamée et entouré de sacs de sables, de pneus et de meubles renversés en guise de barricades, sous la garde d'hommes cagoulés.

"On continue comme d'habitude", a lancé l'un de ces séparatistes à un journaliste de l'AFP. "Un prêtre orthodoxe est avec nous à l'intérieur et nous allons fêter Pâques ce soir".

Les autorités pro-européennes dont ils exigent le départ se sont efforcées la veille de tendre la main aux rebelles, promettant une importante décentralisation et un statut protecteur pour la langue russe.

Un milicien pro-russe garde une barricade devant un bâtiment tenu par les séparatistes à Slaviansk, en Ukraine, le 18 avril 2014 [Genya Savilov / AFP]
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Un milicien pro-russe garde une barricade devant un bâtiment tenu par les séparatistes à Slaviansk, en Ukraine, le 18 avril 2014

L'annonce solennelle faite dans une adresse télévisée à la Nation par le président par intérim Olexandre Tourtchinov et le Premier ministre Arseni Iatseniouk a pourtant peu de chance d'être appréciée dans la région où plus de 70% des habitants considèrent ces deux dirigeants comme "illégitimes" selon une enquête publiée samedi par l'hebdomadaire Dzerkalo Tyjnia.

- "Observer les Russes de près" -

La Russie qui a massé, selon l'Otan, jusqu'à 40.000 hommes à la frontière entre les deux pays, et dont le président Vladimir Poutine a promis d'assurer "à tout prix" la protection des russophones de l'ex-URSS ne semble pas non plus convaincue.

Le Kremlin a confirmé vendredi soir pour la première fois que la Russie avait bien mobilisé des troupes à la frontière ukrainienne.

"Certaines (troupes) y sont basées, d'autres ont été envoyées en renfort en raison de la situation en Ukraine", a déclaré le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov.

Les Etats-Unis ont averti vendredi les Russes qu'ils comptaient "les observer de près" pour s'assurer qu'ils respectent les engagements de l'accord de Genève conclu jeudi contre toute attente entre la Russie, l'Ukraine, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le 17 avril 2014 à Genève [Alain Grosclaude / AFP]
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Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le 17 avril 2014 à Genève

Ce texte prévoit notamment le désarmement des groupes armés, la libération des bâtiments publics occupés et une amnistie pour les insurgés non "coupables de crimes de sang".

"Nous allons observer de près la Russie pour voir si elle endosse ou non la responsabilité qui lui incombe d'user de sa considérable influence pour juguler et faire en sorte que les milices irrégulières se retirent des bâtiments qu'elles occupent", a déclaré Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale du président Obama.

De son côté, au cours d'un entretien téléphonique avec son homologue Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a "exhorté au respect total et immédiat de l'accord de Genève du 17 avril".

Le président américain Barack Obama s'était portant montré dès jeudi très prudent, déclarant n'avoir aucune certitude que l'accord permette une "désescalade". Et il a averti que de nouvelles sanctions américaines et européennes à l'encontre de Moscou seraient prises en cas d'impasse.

Confirmant ces craintes, les insurgés barricadés dans leur QG du bâtiment de l'administration régionale de Donetsk ont aussitôt rejeté ce plan, ravivant le spectre de la partition de ce pays de 46 millions d'habitants, frontalier de plusieurs membres de l'Union européenne et de l'Otan.

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Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry, la diplomate en chef de l'UE Catherine Ashton et le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Deshchytsia le 17 avril 2014 à Genève

L'ex-Premier ministre et candidate à la présidentielle du 25 mai Ioulia Timochenko a visité vendredi Donetsk où elle s'était entretenue "pendant de longues heures" avec certains groupes qui occupent l'administration.

"Le dialogue a débuté" et "un compromis est possible", a-t-elle déclaré vendredi soir à la télévision en promettant l'organisation d'une table ronde la semaine prochaine.

- Intervention russe? -

Sur le terrain, les mystérieux "hommes verts" en armes - militaires russes, selon Kiev, "groupe locaux d'autodéfense", selon Moscou - contrôlaient toujours Slaviansk, qu'ils ont prise il y a une semaine. Et les séparatistes, simples manifestants ou groupes armés, tenaient toujours des bâtiments publics dans plus d'une demi-douzaine de villes de l'Est russophone.

L'ex-chef de l'état-major ukrainien Volodymyr Zamana a estimé vendredi que l'Ukraine devait préparer des mesures "asymétriques" pour repousser une intervention russe.

 attaque séparatiste à Marioupol [JM. Cornu/J. Jacobsen / AFP]
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Ukraine : attaque séparatiste à Marioupol

"Les actes de sabotage se multiplient non seulement dans l'Est mais aussi dans le Sud", a estimé le général Zamana. "Malgré les tentatives de trouver une solution diplomatique, aucun résultat n'a été atteint".

Moscou a rattaché en mars la péninsule ukrainienne de Crimée à son territoire, après un référendum jugé illégal par Kiev et les Occidentaux et l'intervention de groupes armés.

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