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Procès d'Abou Hamza : du terrorisme sous couvert de religion

Un membre de la sécurité du tribunal fédéral de Manhattan, le 14 avril 2014 à New York, à l'ouverture du procès d'Abou Hamza [Don Emmert / AFP] Un membre de la sécurité du tribunal fédéral de Manhattan, le 14 avril 2014 à New York, à l'ouverture du procès d'Abou Hamza [Don Emmert / AFP]

Le prêcheur islamiste britannique Abou Hamza s'abritait derrière la religion pour propager le terrorisme, ont affirmé jeudi à New York les procureurs, à l'ouverture de son procès, où son avocat a assuré qu'il n'avait commis aucun crime.

Abou Hamza, 56 ans, borgne et amputé des deux avant-bras, est l'ancien imam de la mosquée londonienne de Finsbury park, et était l'une des figures de proue du "Londonistan" de la fin des années 90.

Ses avocats ont précisé jeudi qu'il prendrait la parole pour sa défense durant le procès, prévu pour durer un mois.

Il a plaidé non coupable et risque la réclusion à perpétuité.

C'était un "exportateur international de la violence et du terrorisme", a asséné d'entrée le procureur Edward Kim. "Son but était clair, simple, brutal (...): faire la guerre aux non-musulmans".

"Il entraînait des terroristes, sous couvert de religion, pour pouvoir se cacher, au vu de tous, à Londres", a ajouté le procureur, affirmant que l'ancien imam aux prêches enflammés "recrutait" et "endoctrinait" ses fidèles depuis sa mosquée londonienne et les déployait ensuite "partout dans le monde".

En tee-shirt et pantalon gris-bleu, Abou Hamza, cheveux blancs coupés ras et barbe épaisse, a suivi avec attention les débats de cette première journée, écrivant à l'occasion des notes avec une prothèse spéciale.

De son vrai nom Mustapha Kamel Mustapha, né en Egypte, ingénieur de formation avant de devenir imam, il est accusé d'avoir voulu monter un camp d'entraînement au jihad à Bly dans l'Oregon (nord-ouest des Etats-Unis) fin 1999.

Le procureur a aussi expliqué aux 12 jurés que l'ancien prêcheur, extradé de Grande-Bretagne il y a 18 mois après y avoir purgé sept ans de prison pour incitation au meurtre et à la haine raciale, était aussi inculpé pour l'enlèvement de 16 touristes au Yémen en 1998, dont deux Américains, qui s'était soldé par la mort de quatre otages. Il avait fourni au commando un téléphone satellitaire, a précisé le procureur.

Abou Hamza, qui après les attentats du 11-Septembre avait qualifié Oussama ben Laden de "type bien", est également accusé d'avoir envoyé des candidats au jihad s'entraîner en Afghanistan durant la même période.

- "Entre Ben Laden et Bush"-

La défense a rejeté ces accusations, affirmant qu'il n'avait commis aucun crime "ni au Yémen, ni dans l'Oregon, ni en Afghanistan".

"Vous pouvez ne pas être d'accord avec les opinions de M. Mustapha, mais il a le droit de les exprimer", a fait valoir Joshua Dratel, reconnaissant que son client avait dit beaucoup de choses très dures notamment contre les Etats-Unis et Israël.

"Ce sont des opinions, pas des actes. Ce sont des phrases, pas des crimes", a-t-il insisté.

"Il n'est pas membre d'Al-Qaïda, il n'appartenait pas aux talibans. C'est un indépendant" qui se souciait des musulmans en Afghanistan, en Bosnie ou encore en Tchétchénie, a-t-il dit. Il a aussi affirmé que son client avait été sollicité par les services de renseignement britanniques pour servir de "modérateur".

Selon lui, l'imam se voulait "une troisième voie entre Oussama ben Laden et George W. Bush".

L'avocat a également souligné que tout ce qui lui était reproché datait d'avant le 11-septembre.

"C'était un monde différent, il faut vous remettre dans un contexte pré 11-Septembre", a-t-il insisté, évoquant notamment l'Afghanistan des années 80 et 90, où le jihad contre les Soviétiques était soutenu par les Américains.

Selon lui, si Abou Hamza était parti en Afghanistan à l'époque - c'est là qu'il perdra un oeil et ses deux avant-bras - c'était pour aider à la reconstruction.

"Les choses changent", a-t-il insisté. "Pendant des dizaines d'années, Nelson Mandela a été considéré comme un terroriste".

L'après-midi a été consacrée au témoignage d'Angelica Morris, une Américaine qui s'était installée avec son mari musulman dans un ranch à Bly. Elle a reconnu que des hommes y étaient venus pratiquer le tir en 1999, et qu'Abou Hamza y avait téléphoné plusieurs fois après l'arrivée de deux Britanniques. Mais les deux hommes seront apparemment déçus de ne pas y trouver d'hommes à entraîner, et en repartiront assez vite. L'un d'eux sera tué en Afghanistan.

La jeune femme a cependant affirmé que personne n'y était jamais venu s'entraîner au jihad.

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