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Syrie: deux prédicateurs influents émergent sur Facebook et Twitter

Le logo Twitter , le 11 mars 2011 à San Francisco, en Californie [Kimihiro Hoshino / AFP/Archives] Le logo Twitter , le 11 mars 2011 à San Francisco, en Californie [Kimihiro Hoshino / AFP/Archives]

Des chercheurs ont détecté l'émergence de deux prédicateurs islamistes, influents sur internet, en étudiant les profils Twitter et Facebook de 190 djihadistes occidentaux, actifs en Syrie, selon leur étude présentée mercredi au King's College à Londres.

Les chercheurs du Centre international pour l'étude de la radicalisation et de la violence politique (ICSR) --une entité réunissant des chercheurs du King's College, des universités américaines de Pennsylvanie et de Georgetown, du centre israélien Herzliya et de l'institut jordanien de la diplomatie-- ont analysé pendant 12 mois les pages Facebook et Twitter de 190 combattants étrangers occidentaux dont 55% sont affiliés au Front al-Nosra, lié à Al-Qaïda, et 14% au groupe jihadiste de l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL).

"La capacité des groupes djihadistes à contrôler l'information s'est significativement réduite tandis que des individus, principalement installés en Occident et n'ayant probablement jamais mis les pieds en Syrie, ont acquis une influence notable", avance le rapport.

Pour les chercheurs, "les deux personnalités les plus éminentes parmi les nouvelles autorités spirituelles" sont Ahmed Moussa Jibril, un prédicateur palestino-américain de 42 ans installé aux Etats-Unis, et Moussa Cerantonio, un Australien de 29 ans, converti à l'islam, devenu, selon l'étude, un "soutien virulent de l'EIIL qui ne mâche pas ses mots".

"Bien qu'il n'y ait aucune preuve qu'ils soient directement impliqués dans l'arrivée de combattants étrangers en Syrie ou qu'ils coordonnent l'activité des combattants avec les groupes djihadistes, ils jouent un rôle de meneurs: leurs déclarations peuvent être vues comme apportant des encouragements, des justifications et une légitimité religieuse au fait de combattre en Syrie et, consciemment ou pas, ils jouent un rôle important dans la radicalisation de certains individus", estiment-ils.

Ahmed Moussa Jibril, qui affiche 195.000 (BIEN 195.000) supporteurs sur Facebook, a vécu une partie de son enfance à Médine (Arabie saoudite) et a fait de la prison aux Etats-Unis, notamment pour fraudes bancaire et fiscale, conspiration et possession d'armes.

Il a également été accusé par la justice américaine d'avoir envoyé un fax à CNN en 1996 revendiquant l'attentat de Khobar (Arabie saoudite) qui avait tué 19 Américains.

Ce juriste, spécialiste de la Charia (loi islamique) et diplômé de l'université islamique de Médine et de l'université du Michigan, "est éloquent, charismatique et, plus important, parle couramment l'anglais", précisent les chercheurs.

Ils le présentent comme "un prédicateur subtil, prudent et nuancé" qui "n'appelle pas spécifiquement au jihad violent mais soutient les combattants étrangers" et "entretient l'idée d'une conspiration occidentale contre l'islam et les musulmans".

Moussa Cerantonio, également anglophone, intervient notamment dans des émissions de Iqraa TV, une chaîne de télévision par satellite basée en Egypte. Il est, selon le rapport, "beaucoup plus explicite dans son soutien à l'opposition djihadiste en Syrie".

Les chercheurs citent un troisième homme, le Saoudien Souleiman ben Nasser Al-Alwane, qui ne parle qu'arabe et n'a pas de présence sur les réseaux sociaux. Il est souvent évoqué par les djihadistes mais a été condamné en mars 2013 à quinze ans de prison en Arabie saoudite et est actuellement emprisonné.

Le ICSR évaluait en décembre dernier le nombre de combattants étrangers agissant en Syrie à 11.000, originaires de 74 pays. Parmi eux, près de 2.800 seraient Européens ou Occidentaux.

Les arrestations de personnes soupçonnées d'être parties se battre en Syrie se sont multipliées ces derniers mois au Royaume-Uni qui estime entre 200 et 300 le nombre de ces combattants.

Le conflit syrien a fait plus de 150.000 morts depuis trois ans selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

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