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Les Algériens élisent jeudi leur président, sous haute surveillance

Affiches électorales du président sortant et candidat à quatrième mandat, Abdelaziz Bouteflika, à Alger, le 15 avril 2014 [Patrick Baz / AFP] Affiches électorales du président sortant et candidat à quatrième mandat, Abdelaziz Bouteflika, à Alger, le 15 avril 2014 [Patrick Baz / AFP]

Les Algériens doivent élire jeudi leur président lors d'un scrutin placé sous haute surveillance et pour lequel le sortant Abdelaziz Bouteflika apparaît comme le favori face à Ali Benflis qui a multiplié les mises en garde contre la fraude.

Plus de 260.000 policiers et gendarmes seront déployés sur le terrain pour assurer la sécurité de près de 23 millions d'électeurs appelés à voter dans 50.000 bureaux en faveur de l'un des six candidats en lice, dont une femme, la députée trotskyste Louisa Hanoune.

Briguant un quatrième mandat malgré ses ennuis de santé et des doutes sur sa capacité à diriger encore le pays pendant un autre quinquennat, M. Bouteflika a exhorté les Algériens à se rendre aux urnes.

"L'abstention, qu'elle procède d'une indifférence ou d'une attitude immotivée, dénote une propension délibérée à vouloir demeurer en marge de la nation", a argumenté le président sortant.

Le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, un proche de M. Bouteflika, a assuré que "toutes les conditions de transparence, de neutralité et de sécurité seront réunies pour la réussite de ce scrutin".

Une coalition de cinq partis d'opposition appelle au boycottage du scrutin, plaidant en faveur d'une "transition démocratique", tandis que le mouvement Barakat ("Ça suffit"), hostile à un quatrième mandat de M. Bouteflika, juge que cette élection est "un non-événement".

Le taux de participation sera un des enjeux de la consultation. A la présidentielle de 2009, il était officiellement de 74,11%. Un câble de l'ambassade américaine à Alger révélé par Wikileaks l'avait estimée entre 25 et 30%.

Outre ce taux, c'est la fraude, "mal incurable" selon le quotidien El Watan, qui fait débat, de récentes révélations d'un ancien wali (préfet) ayant confirmé que cette pratique avait bien lieu.

Ali Benflis, candidat à l'élection présidentielle en Algérie, lors d'un meeting électoral à Alger, le 15 avril 2014 [Farouk Batiche / AFP]
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Ali Benflis, candidat à l'élection présidentielle en Algérie, lors d'un meeting électoral à Alger, le 15 avril 2014

"Les élections seront truquées et le président sera élu pour un 4e mandat", a pronostiqué Abderrezak Mokri, le chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste) qui a appelé au boycott.

Principal rival de M. Bouteflika et connaisseur des affaires du sérail, Ali Benflis, ancien Premier ministre du président sortant, a fait de cette question un thème majeur de campagne.

Ses mises en garde répétées ont fini par mettre de l'électricité dans une campagne terne et fait sortir de son silence un président Bouteflika, absent, qui a chargé sept de ses proches de sillonner le pays pour convaincre les électeurs.

Devant deux hôtes de marque, le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Marcia-Margallo, puis l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, M. Bouteflika a accusé sans le nommer M. Benflis de "terrorisme" et de volonté de "fitna" (dissension).

- Spectre des traumatismes passés -

Un argument massue dans un pays qui n'a pas encore pansé les plaies d'une guerre civile déclenchée à la suite d'un processus électoral avorté en 1992.

Le directeur de Cabinet du chef de l'Etat, Ahmed Ouyahia, a évoqué le risque de voir les "portes de l'enfer" s'ouvrir à nouveau devant les Algériens.

Des imams salafistes ont évoqué le risque "de provoquer de nouvelles déchirures dans le corps de la nation" qui a "retrouvé la sécurité après la peur et le désespoir".

Affiches électorales arrachées du président sortant et candidat à quatrième mandat, Abdelaziz Bouteflika, à Borj al-Bahri, à 24 km à l'est d'Alger, le 15 avril 2014 [Partick Baz / AFP]
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Affiches électorales arrachées du président sortant et candidat à quatrième mandat, Abdelaziz Bouteflika, à Borj al-Bahri, à 24 km à l'est d'Alger, le 15 avril 2014

"Nous avons une armée puissante et des services de sécurités forts, personne ne pourra nous déstabiliser", a menacé le directeur de campagne de M. Bouteflika, Abdelmalek Sellal.

Face à cette guerre des mots, des journaux et des opposants ont dénoncé un procédé qui consiste à agiter le spectre des traumatismes passés. M. Benflis a jugé "irresponsables les accusations portées contre lui, les mettant sur le compte de la "panique" et du "désarroi" du camp adverse après une campagne réussie.

Humilié à la présidentielle de 2004 avec un score de 6%, par celui dont il fut l'homme de confiance au début de son premier mandat (1999/2004), M. Benflis rêve d'une revanche qu'il croit à portée de main.

Seule la fraude, une pratique "immorale", "illicite" et "déshonorante" présentée comme son "ennemi" et son "principal adversaire" pourrait le faire perdre, estime-t-il.

Pour s'en prémunir, il a répété avoir mis en place "une armée" d'observateurs "comprenant 60.000 personnes, pour la plupart des jeunes filles, des jeunes gens armés jusqu'aux dents de leurs convictions".

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