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Gouvernement et opposition dialoguent dos à dos

Le président vénézuélien Nicolas Maduro (gauche) salue le leader de l'opposition Henrique Capriles avant un rassemblement le 10 avril 2014 à Caracas [Présidence vénézuélienne / PRESIDENCIA/AFP] Le président vénézuélien Nicolas Maduro (gauche) salue le leader de l'opposition Henrique Capriles avant un rassemblement le 10 avril 2014 à Caracas [Présidence vénézuélienne / PRESIDENCIA/AFP]

Gouvernement et opposition au Venezuela ont franchi un pas en se rencontrant pour la première fois après plus de deux mois de protestations antigouvernementales, mais la réconciliation semble loin d'être acquise tant les parties campent sur leurs positions.

Après plusieurs tentatives infructueuses à l'initiative du président socialiste Nicolas Maduro, une délégation de ministres de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) est parvenue à réunir jeudi soir autour de la même table un gouvernement en proie à une délicate situation économique et une partie de l'opposition qui accompagne une grogne qui a déjà fait 40 morts dans les rues vénézuéliennes.

Signe d'une volonté de faire avancer les choses, les principales figures de l’exécutif et de l'opposition, dont son chef de file Henrique Capriles, avaient fait le déplacement aux côtés des ministres des Affaires étrangères du Brésil, de Colombie et de l’Equateur et du nonce apostolique au Venezuela.

Un rassemblement du président vénézuélien Nicolas Maduro (centre) avec des leaders de l'opposition et des représentants sud-américains à Caracas le 10 avril 2014 [Juan Barreto / AFP]
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Un rassemblement du président vénézuélien Nicolas Maduro (centre) avec des leaders de l'opposition et des représentants sud-américains à Caracas le 10 avril 2014
 

Mais cette première réunion, fruit d'interminables tractations, a rapidement donné lieu aux habituelles récriminations et invectives réciproques, illustrant l'opposition idéologique très marquée entre les tenants du "chavisme", qui prônent la continuité de modèle socialiste de Hugo Chavez (1999-2013), et ses contempteurs.

Dès le début de la rencontre, radio-télévisée à la demande de l'opposition, l'héritier politique de Hugo Chavez a rejeté catégoriquement les principales revendications de ses opposants: l'amnistie pour les personnes emprisonnées depuis le début des violences, et le désarmement des "collectifs", des groupes de civils armés proches du gouvernement.

 

- 'Ni négociation ni accord' -

 

"Il y a un temps pour la justice et un temps pour le pardon. Pour l'instant, c'est le temps de la justice", a-t-il déclaré à propos d'une éventuelle amnistie, avant de qualifier les collectifs de "simples groupes de travail social". Avant même le dialogue de jeudi, M. Maduro avait prévenu qu'il n'y aurait "ni négociation ni accord".

Dans un propos liminaire, le président vénézuélien, qui a une nouvelle fois accusé les opposants d'ourdir un coup d’État contre son gouvernement, a exigé "une condamnation de la violence comme mode d'action politique, comme stratégie pour changer les gouvernements" et prôné une "coexistence pacifique" entre deux modèles opposés.

Des manifestants protestent contre le président vénézuélien Nicolas Maduro à Caracas le 10 avril 2014 [Carlos Becerra / AFP]
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Des manifestants protestent contre le président vénézuélien Nicolas Maduro à Caracas le 10 avril 2014
 

"Nous ne voulons ni un coup d’État ni une révolution sociale", a répondu M. Capriles, battu de justesse par M. Maduro à la présidentielle d'avril 2013.

"Le pays se trouve dans une situation extrêmement critique (...) Nous voulons que ce problème soit résolu (...) et nous rejetons la répression", a-t-il poursuivi.

Visant d'abord l'insécurité galopante dans ce pays, la vague de protestation anti-gouvernementale a progressivement élargi ses revendications à la vie chère, les pénuries et la répression policière.

Les violences en marge des mobilisations ont fait officiellement 40 morts, la majorité par armes à feu, plus de 600 blessés et quasiment une centaine d'enquêtes ont été ouvertes contre des membres des forces de l'ordre soupçonnés d'atteintes aux droits de l'homme.

 

- Nouvelle rencontre mardi -

 

A la fin de cette première prise de contact musclée, M. Maduro a proposé que l'opposition participe à des commissions de discussion et a convoqué une nouvelle rencontre pour mardi, mais ses modalités n'ont pas été précisées.

Peu après, de nombreux observateurs ont regretté que le gouvernement n'eut pas profité de cette opportunité pour faire un geste en direction de ses opposants.

Le président "laisse passer une belle occasion de céder de façon stratégique à l'opposition pour augmenter l'espoir (de la population) en ce dialogue", a estimé vendredi le politologue Luis Vicente Leon, directeur de l'institut Datanalisis.

Des manifestants anti-gouvernement affrontent la police à Caracas le 7 avril 2014 [Juan Barreto / AFP/Archives]
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Des manifestants anti-gouvernement affrontent la police à Caracas le 7 avril 2014
 

Pour l'analyste Nicmer Evans, proche du parti au pouvoir, M. Maduro pourrait avoir été soumis à la pression de ses alliés les plus radicaux.

"Toute évocation d'un gouvernement de conciliation (comme l'a récemment proposé d'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula Da Silva) réveillerait la branche extrémiste du chavisme, conduisant au bord de l'abîme" ce pays disposant des plus importantes réserves de pétrole au monde, étaye M. Evans.

Le député d'opposition Julio Borges estime que "maintenant plus que jamais, les manifestations pacifiques et constitutionnelles sont nécessaires (...) pour parvenir à un changement radical et démocratique".

Un point de vue certainement partagé par l'aile la plus radicale de l'opposition, le parti de droite Voluntad Popular, absent des discussions. Dont deux maires et le dirigeant du parti, Leopoldo Lopez, accusés notamment d'attiser les violences, sont détenus depuis plusieurs semaines.

 

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