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Venezuela: gouvernement et opposition s'accordent sur des "facilitateurs"

Le président vénézuelien Nicolas Maduro, à Caracas le 8 avril 2014 [Juan Barreto / AFP] Le président vénézuelien Nicolas Maduro, à Caracas le 8 avril 2014 [Juan Barreto / AFP]

Le gouvernement vénézuélien et une partie de l'opposition se sont accordés mardi pour dialoguer au plus vite en présence de "facilitateurs" de l'Unasur et du Vatican dans un pays secoué par plus de deux mois de protestations anti-gouvernementales qui ont fait 39 morts.

"Nous sommes parvenus à des accords" parmi lesquels le fait de discuter "face à tout le pays", a déclaré à la presse Guillermo Aveledo, secrétaire exécutif de la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), à l'issue d'une "réunion exploratoire" avec le président Nicolas Maduro et ses collaborateurs sous l'égide d'une commission de l'Union des nations sud-américaines (Unasur).

"Nous espérons que d'ici les prochaines heures commence déjà la réunion formelle, qui sera publique", a confirmé le vice-président du pays, Jorge Arreaza.

Pour "faciliter" ce dialogue, les parties se sont accordées pour désigner comme "observateur de bonne foi" les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de la Colombie et de l'Equateur ainsi qu'un représentant du Vatican, qui pourrait être le secrétaire d'Etat du Saint-Siège ou le nonce du Venezuela, selon M. Aveledo.

Mais le dialogue s'annonce difficile: plusieurs secteurs de l'opposition - principalement radicaux - ont immédiatement rejeté l'idée du "dialogue", dès la fin de la réunion.

"Nous ne croyons pas en un 'dialogue' où le régime fait un show politique en se servant des chancelliers de l'Unasur comme interlocuteurs", a indiqué dans un communiqué le parti Volonté Populaire (droite), qui a refusé de participer à la réunion.

L'ancien candidat à la présidence de la MUD et gouverneur de l'Etat de Miranda (nord) Enrique Capriles a également réagi en soulignant sur Twitter que le "dialogue" ne signifie pas la fin des protestations.

Enfin, le président Nicolas Maduro a rejeté, quelques heures après la fin de la réunion, l'idée d'une "négociation" ou d'un "pacte" avec l'opposition.

- "Ni négociation, ni pacte" -

"Ni négociation, ni pacte, ce qu'il y a ici c'est un débat, un dialogue" a-t-il affirmé sur son émission de radio "En contact avec Maduro".

La "réunion exploratoire" arrachée par une commission de l'Unasur arrivée dimanche dans le pays avait débuté en milieu d'après-midi au siège de la chancellerie, à Caracas.

Ramon Guillermo Aveledo, le leader de l'opposition vénézuélienne, à Caracas le 8 avril 2014 [Juan Barreto / AFP]
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Ramon Guillermo Aveledo, le leader de l'opposition vénézuélienne, à Caracas le 8 avril 2014

"Ceci n'est pas le début du dialogue, c'est une réunion exploratoire à laquelle nous assistons à l'invitation des ministres des Affaires étrangères sud-américains", avait déclaré M. Aveledo à la presse à son arrivée à la réunion.

La veille, les ministres de l'Unasur avaient convaincu le président Maduro de s'asseoir mardi à la même table que l'opposition, mais celle-ci avait refusé de se prononcer, posant comme préalables un principe d'égalité entre les parties, un "ordre du jour clair", la retransmission des débats par la radio-télévision et la participation d'une tierce partie "de bonne foi", qui pourrait être un émissaire du Vatican.

A Washington, principal partenaire commercial du Venezuela malgré des relations diplomatiques extrêmement tendues, le secrétaire d'Etat John Kerry a fait part devant le Congrès de son "fort soutien aux efforts de médiation d'un tiers pour tenter de faire cesser la violence et de voir si on peut parvenir à établir un dialogue honnête".

Nicolas Maduro, qui achèvera la première année de son mandat le 19 avril, est confronté depuis plus de deux mois à une série de manifestations parfois violentes d'étudiants et d'opposants protestant contre l'insécurité, la mauvaise situation économique, les pénuries récurrentes et les brutalités policières.

Au moins trois représentants de l'opposition ont été emprisonnés ces dernières semaines.

Les violences survenues pendant ou en marge des manifestations ont fait officiellement fait 39 morts et plus de 600 blessés.

Le successeur du charismatique Hugo Chavez, mort en mars 2013, qualifie le mouvement de "tentative de coup d'Etat" et ses meneurs de "fascistes". Toutefois, il a plusieurs fois annoncé l'organisation d'un dialogue avec l'ensemble des parties en présence.

Mais ces tables rondes aux contours flous n'ont jamais abouti, l'opposition refusant de participer à ce qu'elle a qualifié de "farce" et de "monologue".

L'Unasur avait déjà dépêché une délégation à Caracas les 24 et 25 mars. A l'issue de sa mission, le principe d'un dialogue en présence d'un observateur neutre entre le pouvoir, l'opposition et des étudiants mécontents avait été accepté par toutes les parties.

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