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Machado et Lopez, deux visages de l'opposition vénézuelienne

Maria Corina Machado et Leopoldo Lopez, le 24 mars 2014 à Lima [Bouroncle/Barreto / AFP/Archives] Maria Corina Machado et Leopoldo Lopez, le 24 mars 2014 à Lima [Bouroncle/Barreto / AFP/Archives]

Maria Corina Machado, une députée menacée de prison, et Leopoldo Lopez, détenu depuis février, sont les visages les plus visibles de l'aile radicale de l'opposition vénézuélienne que le président Nicolas Maduro accuse de visées putschistes et harcèle sur le terrain judiciaire.

Accusé d'incitation à la violence et détenu depuis le 18 février aux côtés de deux maires condamnés respectivement ces derniers jours à 10 mois et un an de prison pour n'avoir pas empêché dans leurs villes les manifestations anti-gouvernementales que le Venezuela connaît depuis maintenant plus de six semaines, M. Lopez attend toujours que la justice statue sur son sort.

"Lopez lance à son compte une initiative politique qui termine (à la prison) de Ramo Verde et Machado aussi agit pour son propre compte", estime pour l'AFP l'analyste politique Ignacio Avalos.

Il décrit une opposition "divisée et déconcertée" face à la contestation étudiante entamée le 4 février à San Cristobal (ouest), d'abord contre l'insécurité puis peu à peu contre les pénuries, l'inflation ou les brutalités policières.

Les violences en marge des mobilisations, notamment autour de barricades improvisées dans de nombreuses villes, ont fait officiellement 34 morts et des centaines de blessés.

La mobilisation a atteint Caracas le 12 février, à l'appel de M. Lopez, énergique quadragénaire formé aux Etats-Unis adepte de la confrontation, qui, sous le mot d'ordre "La Salida" ("La Sortie"), milite pour faire pression dans la rue jusqu'à obtenir la chute du gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro.

- Divergences -

Ce mouvement a mis en lumière les divergences au sein de la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), aréopage hétéroclite de partis et formations principalement unis par leur rejet du "chavisme", le mouvement politique inspiré par l'action du charismatique Hugo Chavez, décédé en mars 2013.

Jusqu'à présent figure la plus identifiée d'une opposition traditionnellement divisée depuis qu'il a remporté les primaires pour concourir aux présidentielles d'octobre 2012 puis avril 2013, le gouverneur Henrique Capriles soutient lui la vague de contestation mais reste méfiant face à l'occupation de la rue et rejette toute issue non-constitutionnelle.

Pour Mercedes Pulido, analyste et enseignante à l'Université Catholique, M. Lopez, fondateur du parti Volonté Populaire (droite), a fait preuve d'"audace" face à M. Capriles, qui semble avoir tourné la page de l'élection présidentielle d'avril 2013, perdue d'à peine 1,5% des voix face à l'héritier de Hugo Chavez, après avoir longtemps contesté le résultat, au Venezuela comme à l'étranger.

Après cette élection, "Lopez s'est posé des questions" vis à vis de Capriles, ajoute Mme Pulido.

Sous la bannière de la "La Salida", il a été rejoint par la députée indépendante Maria Corina Machado, rentrée mercredi au Venezuela après un déplacement aux Etats-Unis et au Pérou. Au cours de son déplacement, elle a été destituée de son mandat par l'Assemblée nationale à majorité chaviste, qui lui reproche notamment d'avoir pris la parole devant l'Organisation des Etats américains à Washington, avec l'aide du Panama.

- "Leadership important" -

Cette ingénieure de 46 ans a été élue députée en 2010 avec l'un des meilleurs scores du pays et a fait preuve de sa détermination en 2011 en lançant "Exproprier c'est voler !" au président Chavez (1999-2013).

Privée désormais de son immunité parlementaire, elle craint d'être arrêtée à son tour à tout moment, comme l'en a menacée le président de l'Assemblée et numéro deux du pouvoir, Diosdado Cabello.

"Elle a sa propre vision des choses, elle soutient +La Salida+, mais au fond, je doute qu'elle soit comme Lopez. Elle est intelligente et dispose d'une grande force personnelle, elle a gagné un leadership important. Elle est victime d'un arbitraire légal", juge Ignacio Avalos.

L'offensive judiciaire contre ces opposants, y compris les maires emprisonnés Enzo Scarano et Daniel Ceballos, répond "à une stratégie d'élimination de tout obstacle qui représente une remise en question" de la ligne gouvernementale, souligne Mme Pulido, qui rappelle qu'aucun procès en bonne et due forme n'a précédé les dernières condamnations prononcées.

L'attitude intransigeante du pouvoir tranche également avec l'image que s'était forgée M. Maduro dans ses fonctions précédentes de ministre des Affaires étrangères, où il était alors qualifié de modéré et conciliateur.

Au cours de ces six dernières semaines, jamais les manifestations dans ce riche pays pétrolier de 30 millions d'habitants n'ont atteint le stade d'une mobilisation de masse, tout au plus quelques dizaines de milliers de personnes un samedi de février, et sont au fil des jours de plus en plus sporadiques.

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