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Venezuela: le pouvoir prétend dialoguer mais arrête des opposants

Un manifestant anti-gouvernemental renvoie une grenade lacrymogène sur les forces de l'ordre, à Caracas le 20 mars 2014 [Juan Barreto / AFP] Un manifestant anti-gouvernemental renvoie une grenade lacrymogène sur les forces de l'ordre, à Caracas le 20 mars 2014 [Juan Barreto / AFP]

Les autorités vénézuéliennes ont lancé une vaste offensive judiciaire contre l'opposition radicale bien que le président du Venezuela Nicolas Maduro, contesté depuis six semaines dans la rue, ait appelé au dialogue.

Dans la rue, les manifestations ont repris après quelques jours de calme relatif, et des affrontements ont à nouveau eu lieu, notamment à Caracas.

Deux maires de l'opposition - Daniel Ceballos, maire de San Cristobal, capitale de l'Etat de Tachira (ouest), berceau des protestations anti-gouvernementales entamées début février, et Enzo Scarano, le maire de San Diego (Etat de Carabobo, nord) - ont été interpellés mercredi, en raison de leur responsabilité dans les troubles qui agitent le pays, selon le ministre de l'Intérieur, Miguel Rodriguez Torres.

M. Ceballos, 30 ans, est le deuxième dirigeant du parti Volonté populaire (droite) à être placé en détention dans la cadre de cette vague de protestations après l'arrestation de Leopoldo Lopez, le principal dirigeant du parti et détenu depuis le 18 février, accusé également de promouvoir la violence.

M. Scarano a, lui, été condamné à 10 mois de prison et destitué pour des "manquements" à ses fonctions. Une nouvelle élection sera organisée pour le remplacer, a annoncé jeudi le Conseil national électoral.

Comme M. Lopez, MM. Ceballos et Scarano ont été transférés à la prison militaire de Ramo Verde, dans les environs de Caracas, selon le ministre.

La Chambre des députés, à majorité chaviste (du nom de l'ancien président Hugo Chavez), avait par ailleurs voté mardi soir une résolution demandant la mise en accusation de l'élue radicale Maria Corina Machado, ingénieure de 46 ans, pour "incitation à la violence, trahison, terrorisme et homicide".

- "Contradictions" -

Des forces de l'ordre encadrent une manifestation à Caracas le 20 mars 2014 [Juan Barreto / AFP]
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Des forces de l'ordre encadrent une manifestation à Caracas le 20 mars 2014

Mme Machado fait partie, notamment avec M. Lopez, du mouvement radical "La Salida" ("La Sortie"), qui vise à obtenir la chute du président socialiste Nicolas Maduro en relayant par des manifestations de rue la contestation étudiante commencée le 4 février dans un premier temps contre l'insécurité puis contre l'inflation, les pénuries et les abus policiers.

Un autre dirigeant du même parti, Carlos Vecchio, est en fuite, recherché par la justice pour les mêmes motifs.

Cette offensive judiciaire du pouvoir contre l'opposition radicale a réveillé l'ardeur des protestataires, après quelques jours de calme relatif, notamment depuis le déploiement des forces de l'ordre dans l'est huppé de Caracas, bastion de l'opposition. L'arrivée des forces de l'ordre avait mis un terme aux nuits d'affrontements entre police et manifestants observées ces dernières semaines.

Dans l'est de la capitale, une manifestation regroupant environ 3.000 personnes à donné lieu à des heurts entre protestataires et policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogènes après avoir reçu des pierres d'un groupe de manifestants tentant de bloquer la circulation sur une autoroute, a constaté une équipe de l'AFP.

"Ils nous parlent de paix et envoient des signaux contraires. Hier (mercredi), ils ont arrêtés deux maires. Bien sûr que c'est une provocation", s'est insurgé auprès de l'AFP Alejandro Solis, étudiant en ingénierie civile.

Manifestation anti-gouvernmentale à Caracas le 20 mars 2014 [Juan Barreto / AFP]
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Manifestation anti-gouvernmentale à Caracas le 20 mars 2014

"Les contradictions (entre l'appel au dialogue et l'offensive judiciaire) sont propres à un régime comme celui-ci, qui trouve sa force dans la répression. L'offre de dialogue (du gouvernement) n'est destinée qu'à satisfaire le public, ses partisans, (c'est) un rideau de fumée politiquement stratégique", a expliqué à l'AFP Mercedes Pulido de Briceño, analyste politique.

Dans le nord, des centaines de partisans de M. Scarano ont passé la nuit sur des places de San Diego, une localité de l'agglomération de Valencia, capitale du Carabobo. Selon la presse locale, des barricades ont à nouveau été érigées à Valencia, bloquant les avenues de la troisième ville du pays à environ 150 km de Caracas.

La fermeté du gouvernement tranche avec l'apparente volonté de dialogue ces derniers temps, en disant vouloir inviter l'opposition à s'asseoir à la table des négociations pour trouver une issue à ces troubles dont le bilan officiel s'élève à 31 morts et plus de 400 blessés.

Elu de justesse en avril 2013 à la tête de ce riche Etat pétrolier dans la foulée du décès du charismatique Hugo Chavez, M. Maduro affirme être confronté à une "tentative de coup d'Etat", soutenue par la droite, les Etats-Unis et les milieux économiques.

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