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Colombie: la destitution polémique du maire de Bogota désormais officielle

Gustavo Petro s'adresse depuis la mairie de Bogota à ses partisans, le 13 janvier 2014 [Eitan Abramovich / AFP/Archives] Gustavo Petro s'adresse depuis la mairie de Bogota à ses partisans, le 13 janvier 2014 [Eitan Abramovich / AFP/Archives]

Figure de la gauche en Colombie, le maire de Bogota, l'ex guérillero Gustavo Petro, a été officiellement destitué mercredi par les autorités au terme d'un marathon judiciaire dans une affaire qui soulève une forte polémique.

L'élu, qui se dit victime d'un complot, avait été frappé depuis 2013 par une mesure de destitution, assortie d'une inéligibilité de 15 ans, pour une passation de marché considérée illégale.

Au lendemain de la validation de cette sanction par le Conseil d'Etat, le président colombien Juan Manuel Santos, auquel il revenait de promulguer la destitution in fine, l'a annoncée lors d'une allocution solennelle.

Le chef de l'Etat a chargé son ministre du Travail, Rafael Pardo Rueda, d'assurer l'intérim de la gestion de la capitale, en invoquant "l'urgence de ne pas continuer avec une situation d'incertitude".

Cette annonce a suscité des réactions de colère de la part de centaines de partisans de M. Petro, rassemblés devant le siège de la mairie.

M. Petro lui même a lancé un appel à la grève générale. "Le peuple colombien doit se diriger de manière pacifique vers une grève générale pour une Assemblée constituante et la paix en Colombie", a lancé Gustavo Petro depuis le siège de la mairie devant des milliers de sympathisants.

"C'est la pire décision que pouvait prendre le président pour la démocratie colombienne, car ils n'ont pas pris en compte notre vote populaire", a affirmé de son côté à l'AFP Marta Lucia Alonso, une mère au foyer de 57 ans, l'une des manifestantes.

- fin de non recevoir des autorités -

Plus tôt dans la journée, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), basée à Washington, avait appelé à maintenir M. Petro à son poste afin de "garantir ses droits politiques " et lui permettre d'"achever son mandat". Une demande à laquelle les autorités ont opposé une fin de non recevoir.

"Le gouvernement colombien ne répond pas favorablement aux mesures de précaution", a tranché le président Santos. "Il est évident que la justice colombienne a agi et qu'elle l'a fait de manière transparente, efficace et opportune", a-t-il encore commenté.

Investi en janvier 2012 pour un mandat de quatre ans à la tête de cette mégalopole de sept millions d'habitants, M. Petro dénonçait de son côté un complot contre le processus de paix actuellement en cours avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Le maire avait averti le chef de l'Etat qu'il commettrait une "énorme erreur politique et historique" en ne suivant pas la consigne de la CIDH.

La polémique avait d'autant plus enflé que la sanction à l'encontre de M. Petro a été prise à l'origine par la "procuradoria", organisme de contrôle des fonctionnaires, dont le directeur Alejandro Ordoñez est un conservateur notoire, très critique du processus de paix avec les Farc.

Depuis le début de cette affaire, de nombreuses manifestations ont eu lieu en soutien à cet économiste de 53 ans, lui-même ancien membre de la guérilla urbaine du M-19 (Mouvement du 19 avril), un mouvement d'insurrection dissous en 1990.

Parallèlement, l'élu faisait face à la convocation d'un référendum révocatoire à la demande de l'opposition, qui a réuni un nombre suffisant de signatures.

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