En direct
A suivre

Où s’arrêtera Poutine ?

Vladimir Poutine, le 18 mars 2014. [AFP]

Vladimir Poutine a entériné le rattachement de la Crimée à Russie. Confirmant son ambition de renouer avec une forme d’impérialisme.

 

Une fois de plus, il a pris tout le monde de court. Alors que le vote de la Douma sur le rattachement de la Crimée est attendu pour vendredi, Vladimir Poutine a signé hier avec les nouveaux dirigeants prorusses de la région un accord faisant de la péninsule une province russe. "Dans le cœur et la conscience des gens, la Crimée était et reste une partie intégrante de la Russie", a déclaré le président du pays, ovationné par les parlementaires.

Malgré les vives protestations de l’ensemble des pays occidentaux, Vladimir Poutine est en passe de remporter un succès stratégique majeur, qui ne peut que l’aider à nourrir de nouvelles ambitions.

 

Envers et contre tous

Appelant à "une réponse forte et coordonnée", François Hollande a dé­claré que la France ne reconnaîtrait pas le rattachement de la Crimée à la Russie.

Et sur le terrain, la situation menaçait de dégénérer, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, avertissant que le conflit était entré dans une "phase militaire", après la mort d’un soldat ukrainien et d’un milicien lors d’un assaut des forces russes contre une base de Simféropol. Les militaires ukrainiens ont d’ailleurs été autorisés à utiliser leurs armes.

Mais Vladimir Poutine ne semblait pas vouloir reculer. Hier, il est même allé jusqu’à accuser les Occidentaux d’avoir "franchi la ligne rouge" et de s’être "comportés de manière irresponsable".

"Poutine sait qu’il a l’immense majorité des Russes derrière lui sur ce dossier, analyse Philippe Migault, spécialiste de la Russie à l’Iris. Même Gorbatchev, un de ses plus farouches opposants, a estimé que cette annexion corrigeait l’erreur commise en 1954 par l’Union soviétique, à savoir le rattachement de la Crimée, jusqu’ici russe, à l’Ukraine." Près de 68 % des Russes soutiennent désormais leur président, un record depuis l’année 2008.

 

Le retour de l’impérialisme ?

Des observateurs craignent que le président russe soit tenté de poursuivre ce qui apparaît comme une entreprise de restauration de la "grande Russie". On peut voir des similitudes entre la politique actuelle de Moscou et l’expansionnisme des tsars : la dernière annexion de la Crimée avait été l’œuvre de l’impératrice Catherine II, en 1753.

Vladimir Poutine a toutefois appelé les Ukrainiens à ne pas croire "ceux qui vous font peur au sujet de la Russie, qui vous disent qu’après la Crimée, vont suivre d’autres régions", niant vouloir s’emparer de l’est de l’Ukraine. Les pays Baltes et la Moldavie, qui comptent aussi d’importantes minorités russes, pourraient aussi avoir des raisons d’être inquiets.

"Le projet politique du Kremlin est de fédérer autour de Moscou […] les anciens Etats membres de l’URSS qui aspirent à reconstituer une communauté d’intérêts politiques, économiques et stratégiques, analyse Philippe Migault. On est davantage dans la construction d’un ensemble communautaire que dans l’impérialisme, même si la Russie, compte tenu de sa taille et de sa population, est destinée à être le pilier du futur ensemble."

 

Crimée : Poutine s'attire les foudres de l'Occident

Crimée : l'UE adopte des premières sanctions

Poutine élu homme le plus puissant du monde

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités