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La Chine veut relever un triple défi: emploi, corruption et environnement

Le Premier ministre chinois Li Keqiang à Pékin le 13 mars 2014 [Wang Zhao / AFP] Le Premier ministre chinois Li Keqiang à Pékin le 13 mars 2014 [Wang Zhao / AFP]

Le Premier ministre chinois a réaffirmé jeudi l'ambition de la Chine à poursuivre ses réformes en dépit d'un environnement économique dégradé, tout en promettant "tolérance zéro" sur le front de la corruption et sévérité accrue à l'égard des pollueurs.

Pour son unique conférence de presse annuelle, Li Keqiang, en clôture des travaux de l'Assemblée nationale populaire (ANP, parlement), n'a pas dérogé à la règle: discours policé, aucune annonce spectaculaire, mais constance et pragmatisme dans le propos.

Les 7,5% de croissance promis pour cette année dans la deuxième économie mondiale, son plus bas taux depuis près d'un quart de siècle, sont une indication "souple", a-t-il dit, dans un contexte international et chinois "plus complexe" que l'an dernier, selon lui.

Mais, derrière ce chiffre, "ce que nous avons à l'esprit, c'est d'assurer l'emploi, l'amélioration du niveau de vie des gens et des revenus à la ville et à la campagne", a déclaré M. Li devant plus de 500 journalistes chinois et étrangers sous les ors du Palais du Peuple.

La Chine, a-t-il rappelé, doit créer chaque année 10 millions d'emplois urbains et pour ce faire, Li Keqiang a martelé le crédo de ses réformes: "Réduire l'administration pour dynamiser le marché".

Grâce à des mesures de décentralisation et de simplification de la puissante bureaucratie, "l'an dernier, il a eu 27% de plus de créations de nouvelles entreprises, dont 30% privées", a-t-il ainsi assuré.

Pour autant, "conscient des rapports pessimistes sur l'économie", le chef du gouvernement n'a pas caché que la tâche serait "difficile": "J'ai bien peur que des cas isolés de défauts (de paiement) soient difficiles à éviter", en référence au premier cas de défaut sur des obligations d'entreprise survenu la semaine dernière en Chine, un fabriquant de panneaux solaires de Shanghai.

--Des bureaucrates privés de leur "fromage"--

La réduction du périmètre de la bureaucratie est aussi pour Li Keqiang un angle d'attaque de la corruption, cheval de bataille déclaré de la nouvelle équipe arrivée au pouvoir en novembre 2012: "Certaines personnes vont voir leur fromage disparaître", a-t-il prédit.

Interrogé sur le caractère "saisonnier" ou non de l'actuelle campagne anti-corruption, le chef du gouvernement a rétorqué: "Nous ferons preuve d'une tolérance zéro à l'égard des responsables et des comportements corrompus", et ce "envers qui que ce soit et quelle que soit sa position".

Aucune allusion n'a été faite pour autant au plus haut responsable chinois jamais mis sous enquête, Zhou Yongkang, ex-membre du comité permanent du Bureau politique et tout-puissant patron des organes de sécurité jusqu'en 2012, dont le sort n'a toujours pas été confirmé officiellement.

La corruption endémique qui ravage le PC chinois et touche jusqu'aux familles des plus hauts responsables a atteint des proportions telles qu'elle a été jugée comme une menace pour la survie du régime par le président Xi Jinping. Une trentaine de hauts responsables d'un rang égal ou supérieur à celui de vice-ministre sont déjà tombés.

"Cette année, nous allons réduire encore l'administration, et déléguer des pouvoirs du gouvernement (central). Nous allons en publier une liste le plus rapidement possible, fixant une limite claire à leur exercice", a assuré Li Keqiang en référence aux abus de pouvoir, source récurrente de l'agitation sociale en Chine.

Pour cette unique prestation télévisée de l'année, en direct devant la presse, le chef de gouvernement ne pouvait éviter le sujet hautement sensible de la pollution qui accable les grandes agglomérations du pays.

"Déclarer la guerre au smog ne veut pas dire partir en guerre contre la nature, mais plutôt que nous allons déclarer la guerre à notre propre modèle de développement et notre mode de vie non durable et inefficace", a-t-il lancé.

"Dans le combat contre la pollution, nous avons besoin à la fois de mesures sévères et de règlements stricts. Le gouvernement punira sévèrement les émetteurs (polluants) illégaux" et demandera des comptes aux agences anti-pollution "qui ferment les yeux", a-t-il encore assuré.

Enfin, interrogé sur les relations de la Chine avec ses voisins et les différents frontaliers, Li Keqiang a réitéré "l'engagement inébranlable" de Pékin à "défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale", tout en admettant que "quand des voisins sont en relations, il est inévitable que surgissent parfois des problèmes".

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