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Mexique: la seconde mort du "capo" des Templiers

Des soldats mexicains gardent l'accès à la morgue où est conservé la dépouille supposée de Nazario Moreno, dit "El Chayo", à Apatzingan le 9 mars 2014 [Enrique Castro / AFP] Des soldats mexicains gardent l'accès à la morgue où est conservé la dépouille supposée de Nazario Moreno, dit "El Chayo", à Apatzingan le 9 mars 2014 [Enrique Castro / AFP]

Le Mexicain Nazario Moreno, dit "El Chayo", chef du groupe criminel des Chevaliers Templiers, a été abattu dimanche par des militaires dans le Michoacán, à l'ouest du Mexique, plus de trois ans après l'annonce de sa mort une première fois par le précédent gouvernement.

Dimanche, des militaires ont localisé l'homme de 44 ans, dont le gouvernement ne doutait plus depuis des mois qu'il était encore vivant, à Tumbiscatio, à quelque 630 km à l'ouest de Mexico et tenté de l'arrêter, a expliqué dans la soirée Monte Alejandro Rubido, responsable du Système national de sécurité publique.

"Mais celui-ci a agressé les forces fédérales qui ont dû repousser l'agression, donnant la mort au présumé délinquant", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

- "Le plus fou" -

Avant de confirmer la mort du capo surnommé aussi "Le plus fou", les autorités ont passé la journée de dimanche à établir, solidement cette fois-ci, les preuves de l'identité du cadavre. L'analyse de ses empreintes digitales, montrées à la presse, a confirmé "à 100%" qu'il s'agissait bien de Moreno a dit Tomas Zerón, directeur des enquêtes criminelles de la police judiciaire.

Rubido a rappelé que le 19 décembre 2010, le gouvernement du président Felipe Calderón avait annoncé à tort la mort d'El Chayo lors d'un affrontement sanglant avec la police fédérale.

A l'époque "il avait été expliqué que son corps avait été récupéré par des membres de son groupe criminel, d'où l'absence de preuves de sa dite mort", a souligné Rubido.

"L'annonce de ce dimanche met en évidence l'improvisation de la stratégie de Calderón. Ce fut une imprudence", a dit à l'AFP Javier Oliva, expert en sécurité de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM).

Le président Felipe Calderón avait lancé à son arrivée au pouvoir en décembre 2006, dans ce même Etat du Michoacán, une "guerre contre la drogue" qui devait faire quelque 70.000 morts dans tout le Mexique lors de son sexennat.

Moreno avait été le fondateur du cartel de La Familia, un des principaux producteurs et exportateurs aux Etats-Unis de drogues synthétiques. Ce fut aussi un "capo" qui donna à son groupe criminel des allures de secte religieuse disposant d'un corps de doctrine pour recruter et contrôler ses membres.

- Culte à "Saint Nazario" -

L'annonce de sa mort en 2010, a été à l'origine d'un véritable culte religieux à "Saint Nazario". Des autels consacrés à ce culte ont été construits dans des villages du Michoacán, avec la croix rouge identifiant les Templiers et des statuettes de saint vêtu à la mode médiévale et avec le visage de Moreno.

"Oh, Seigneur tout puissant, délivre-moi de tout pêché, donne-moi protection par Saint Nazario" porte une des estampes que les Templiers distribuaient dans la région.

Un écran compare des empreintes digitales attribuées à Nazario Moreno, dit "El Chayo", lors d'une conférence de presse au ministère de l'Intérieur à Mexico le 9 mars 2014 [Yuri Cortez / AFP]
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Un écran compare des empreintes digitales attribuées à Nazario Moreno, dit "El Chayo", lors d'une conférence de presse au ministère de l'Intérieur à Mexico le 9 mars 2014

Début 2013 des milices armées d'autodéfense se sont multipliées au Michoacán pour s'opposer aux exactions des Chevaliers Templiers dans la région : assassinats, enlèvements, racket, dont étaient victimes aussi bien la population locale que les entreprises, petites ou grandes comme les compagnies minières locales.

De son côté, le gouvernement a renforcé en janvier au Michoacán son dispositif de sécurité, avec quelque 10.000 militaires et policiers fédéraux. Il a parallèlement légalisé les milices d'autodéfense en plaçant celles qui l'acceptaient sous le contrôle des autorités militaires.

La mort de Moreno est un nouveau coup porté aux narcotrafiquants par le gouvernement d'Enrique Peña Nieto, au pouvoir depuis décembre 2012.

L'an dernier, avait été arrêté Miguel Angel Treviño, chef du cartel du Golfe et le 22 février, ce fut le tour de Joaquín "El Chapo" Guzmán, leader du groupe criminel le plus puissant du Mexique, le cartel de Sinaloa et l'homme le plus recherché dans le monde.

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