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EXCLUSIF AFP - Pour Uribe, pas de paix sans sécurité en Colombie

L'ancien président de Colombie Alvaro Uribe s'exprime dans un discours, lors de la campagne pour les élections à venir, à Medellin, Colombie, le 2 février 2014 [Raul Arboleda / AFP/Archives] L'ancien président de Colombie Alvaro Uribe s'exprime dans un discours, lors de la campagne pour les élections à venir, à Medellin, Colombie, le 2 février 2014 [Raul Arboleda / AFP/Archives]

C'est la première fois dans l'histoire de la Colombie qu'un ex-président retourne en politique. Pour Alvaro Uribe, 61 ans, champion de la fermeté face aux Farc, le dialogue avec la guérilla met en danger le pays. "Pas de paix sans sécurité", martèle-t-il dans un entretien exclusif à l'AFP.

Exténué après un meeting dans son fief de Medellin (nord-ouest), l'ancien homme fort du pays, qui brigue un siège au Sénat lors des législatives du 9 mars prochain, confie dans une salle du Congrès des conventions où l'ont acclamé des milliers de personnes, qu'il n'a pas le choix.

"J'ai encore de l'énergie, donc il faut que je la consacre à la patrie", assure-t-il, en reprenant son souffle, après avoir arpenté la scène pendant plus d'une heure.

Au pouvoir entre 2002 et 2010, cet avocat de petite taille au charisme incontesté a repris du poil de la bête avec un objectif: changer le cap des négociations avec la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), délocalisés depuis plus d'un an à Cuba.

Des sympathisants rassemblés lors d'un meeting de l'ancien président colombien Alvaro Uribe, à Medellin le 2 février 2014 [Raul Arboleda / AFP/Archives]
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Des sympathisants rassemblés lors d'un meeting de l'ancien président colombien Alvaro Uribe, à Medellin le 2 février 2014

Une croisade menée contre son successeur, l'actuel chef de l’État Juan Manuel Santos, qui fut son ministre de la Défense, puis son dauphin. "Il a fait tout le contraire de ce qu'il avait promis", s'exclame-t-il, l'accusant d'avoir transformé les rebelles en "acteurs politiques" avec une tribune à La Havane.

"La communauté internationale doit comprendre qu'ici nous n'avons pas une rébellion contre une dictature, c'est un groupe de terroristes", insiste-t-il.

Toujours très populaire pour avoir livré, avec l'aide militaire des États-Unis, une lutte acharnée contre les Farc, ce fils de propriétaire terrien assassiné par la rébellion dénonce une "trahison" à sa politique de "sécurité démocratique".

Durant ses deux mandats, la rébellion la plus vieille d'Amérique latine, issue d'une révolte paysanne, avait vu ses troupes chassés des villes et divisées. Aujourd'hui, la première guérilla du pays compte encore près de 8.000 combattants.

"La sécurité du pays s'est énormément détériorée, le terrorisme a récupéré du terrain, au grand dam des Colombiens", affirme M. Uribe. "La paix ne peut pas avoir pour prix la fin de la sécurité, ils parlent de paix et la violence augmente".

"De nouvelles violences"

Si l'on s'en tient aux seules Farc, le nombre de leur attaques est resté stable en 2013, selon un récent rapport de la Fondation reconnue "Paix et réconciliation".

Des sympathisants portent un t-shirt de soutien à l'ancien président colombien Alvaro Uribe, à Medellin le 2 février 2014 [Raul Arboleda / AFP/Archives]
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Des sympathisants portent un t-shirt de soutien à l'ancien président colombien Alvaro Uribe, à Medellin le 2 février 2014

Dans un pays meurtri par un conflit qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts en un demi-siècle, l'ancien président insiste sur le risque d'"impunité" pour les guérilleros repentis.

"Oui à la paix, mais avec un châtiment pour les criminels", peut-on lire sur l'affiche de sa campagne.

"Pour être sérieuse, la paix doit être accompagnée de justice, car si vous ne punissez pas, même avec une peine réduite, des gens ont recruté des mineurs ou des narco-terroristes, cela donne un exemple déplorable, et cela va créer de nouvelles violences", prédit-il.

Alors que son camp a été mis en cause pour collusion avec des milices, accusées de massacres au nom de la lutte anti-guérilla, M. Uribe met au contraire en avant leur démobilisation sous son gouvernement, avec des réductions de peine en échange d'aveux.

"Oui, la sécurité démocratique a été très utile", souligne-t-il, même si nombre de ces quelque 35.000 paramilitaires ont rejoint des bandes criminelles.

Hostile à la repentance nationale prononcée par le président Santos, il défend aussi avec la même ferveur les militaires condamnés pour des actes de violence ou mis en cause dans le scandale des "faux positifs", nom donnés à ces milliers de civils abattus puis présentés comme des rebelles.

un homme installe une bannière à l'image de l'ancien président colombien Alvaro Uribe, à Medellin le 2 février 2014  [Raul Arboleda / AFP/Archives]
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un homme installe une bannière à l'image de l'ancien président colombien Alvaro Uribe, à Medellin le 2 février 2014

"Les guérilleros sont mis au même niveaux que nos forces armées", s'étrangle-t-il, en rappelant que le bilan des victimes des Farc continue de s'alourdir durant les négociations, les autorités ayant exclu tout cessez-le-feu avant un accord final.

"C'est quelque chose qui fait du mal à tous les Colombiens, ce manque de respect de l'actuel gouvernement pour la vie d'humbles soldats et policiers, comme celle de simples citoyens", lance M. Uribe qui ambitionne désormais de clamer ce message à la tribune du Sénat.

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