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Cuba: malgré la réforme migratoire, la course d'obstacles continue pour les touristes cubains

Des Cubains font la queue devant le consultat des Etats-Unis, le 9 janvier 2014 à La Havane [Adalberto Roque / AFP/Archives] Des Cubains font la queue devant le consultat des Etats-Unis, le 9 janvier 2014 à La Havane [Adalberto Roque / AFP/Archives]

La réforme migratoire à Cuba, qui fête sa première année mardi, a permis de multiplier le nombre de voyages vers l'étranger, mais les prix des billets et les difficultés pour obtenir des visas freinent encore les touristes cubains.

Les Etats-Unis, principale destination des Cubains, a qualifié d'"étape très importante" et "positive" cette réforme du président Raul Castro, qui le 14 janvier 2013 a éliminé d'un trait de plume "les autorisations de sortie" nécessaires pendant un demi-siècle à tout habitant de l'île souhaitant voyager à l'étranger.

"Notre contribution consiste à essayer d'augmenter nos capacités de traitement (...) pour répondre à une demande qui a augmenté de 100%", expliquait vendredi à La Havane le sous-secrétaire d'Etat américain Edward Alex Lee.

En 2013, 32.000 visas de tourisme et de travail ont été accordés à des Cubains par les Etats-Unis, en plus des 20.000 annuels octroyés à des émigrants, a-t-il détaillé.

Cette réforme historique a éliminé les barrières administratives pour sortir de Cuba - hormis pour quelques professions spécifiques - mais d'autres obstacles sont apparus: le billet d'avion le moins cher, pour le Mexique voisin, coûte déjà 300 dollars. Et il faut débourser 500 USD pour Miami ou 1.200 pour Madrid.

Des Cubains font la queue devant le consultat des Etats-Unis, le 9 janvier 2014 à La Havane [Adalberto Roque / AFP/Archives]
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Des Cubains font la queue devant le consultat des Etats-Unis, le 9 janvier 2014 à La Havane

Autre obstacle, et pas des moindres, l'obtention de visas, imposés aux Cubains par quasiment tous les pays du monde, à l'exception d'une poignée d'îles des Caraïbes et de... la Mongolie.

Dans la foulée de la réforme, les consulats étrangers ont multiplié leurs exigences, afin de freiner les ardeurs d'éventuels candidats à l'émigration. Des visas qu'il faut également payer, jusqu'à 160 USD pour les Etats-Unis, en plus du prix du passeport (100 USD).

Pratiquement tous les consulats imposent des revenus minimum ou la propriété d'une maison, d'une automobile. Avec les 20 dollars gagnés par mois par le Cubain moyen, un voyage à l'étranger constitue dans ces conditions une véritable gageure.

"Ils m'ont refusé pour la deuxième fois" un visa pour les Etats-Unis, se plaint ainsi une mère de famille de 53 ans de San Antonio de los Baños, dans les environs de La Havane, qui espérait rendre visite à son fils au Texas.

"Nous avons dû présenter 5.772 euros (en liquide), ils les ont comptés et nous les ont rendus", raconte de son côté à l'AFP un sexagénaire de la capitale ayant obtenu un visa de 45 jours pour l'Espagne, où résident ses deux enfants et son petit-fils.

En raison de l'afflux de demandes, les délais pour obtenir un rendez-vous au consulat des Etats-Unis peut en outre prendre jusqu'à un an.

Malgré cette course d'obstacles, les voyages ont augmenté de 35% sur les 10 premiers mois de l'année, par rapport à l'année précédente, à 250.000, sans pourtant stopper les sorties illégales de ceux n'ayant pu obtenir le précieux sésame consulaire.

"Nous avons observé que les départs illégaux n'avaient pas cessé. C'est à cause des visas. Les personnes qui n'ont pas pu en obtenir tentent leur chance" par la mer, à bord d'embarcations précaires, assure un responsable des services migratoires, le colonel Lamberto Fraga.

La réforme facilite enfin l'existence des quelque 1,5 million de Cubains de l'étranger, qui n'ont désormais plus besoin de permis pour revenir visiter l'île.

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