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Ces chrétiens menacés

Manifestation au Pakistan après le double attentat suicide perpétré devant une église. [ASIF HASSAN / AFP]

En 2013, les actes de violence à l’encontre des chrétiens ont fortement augmenté dans le monde. Une situation inquiétante.

 

La foi en danger. Catholiques, protestants, anglicans, orthodoxes…Selon l’Index mondial de persécution publié avant-hier par l’ONG Portes Ouvertes, 2.123 chrétiens ont été assassinés à cause de leurs croyances en 2013. Un chiffre qui a presque doublé par rapport à l’année 2012, avec 1 201 décès recensés.

Selon l’organisation, ces exactions se concentrent sur les continents africain et asiatique, ainsi qu’au Moyen-Orient. Et si elles ne vont pas toujours jusqu’à l’assassinat, elles démontrent que la liberté de conscience est loin d’être acquise partout sur la planète.

 

Un «hiver chrétien»

En tête des pays où les chrétiens sont les plus malmenés, Portes Ouvertes place la Corée du Nord pour la douzième année consécutive. Là-bas, le christianisme est considéré comme une menace venue d’Occident. Mais les autres religions ne sont pas mieux loties. Ainsi, tout croyant qui célèbre autre chose que la dynastie des Kim peut être envoyé en camp de travail.

Au-delà de ce cas particulier, l’organisation pointe du doigt un phénomène qu’elle appelle «hiver chrétien». Une période sombre qui a touché les croyants installés dans les pays du printemps arabe. L’Egypte, 22e du classement, est ainsi le pays où ont eu lieu le plus grand nombre de destructions d’églises (492) l’an dernier. Longtemps, pourtant, les communautés ont vécu côte à côte. Mais l’arrivée au pouvoir des islamistes a changé la donne.

En Syrie (3e), les chrétiens ne sont pas directement attaqués pour leur foi, mais sont accusés de «neutralité» dans le conflit qui a lieu dans le pays. Ils sont ainsi 1.213 à avoir perdu la vie l’année dernière, soit le plus lourd bilan parmi les cinquante nations répertoriées. «Ils sont ciblés parce qu’ils sont minoritaires (5 % de la population, ndlr), explique le chercheur Frédéric Pichon, auteur de Maaloula. Du vieux avec du neuf (Presses de l’Ifpo). Certains sont convertis de force, d’autres doivent payer 35.000 dollars par mois pour continuer à vivre leur foi.»

L’Afrique est également de plus en plus dangereuse. Dix-huit pays du continent noir sont présents dans l’Index, dont la Somalie (2e) et le Nigeria (14e) où les milices islamistes n’hésitent pas à abattre les chrétiens de sang-froid. 770 chrétiens y ont été assassinés l’an dernier.

 

L’exil comme seule porte de sortie

Face à la menace, les chrétiens sont démunis. Certains décident de prendre les armes, comme en Syrie ou en Centrafrique (16e). D’autres choisissent d’attendre que la situation de leur pays s’améliore.

Mais la seule manière d’échapper de façon certaine aux violences semble être la fuite. «C’est une communauté sensible à l’insécurité et ce sont souvent les premiers à partir, explique Frédéric Pichon. La diaspora chrétienne étant importante dans le monde, ils ont les réseaux pour partir et le font. S’ils en ont les moyens…»

 

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