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Centrafrique : la crise en 5 questions

Photo prise le 22 novembre à Sica, près de Bangui.[PACOME PABANDJI / AFP]

Lundi soir, la France a soumis à ses partenaires du Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution visant à renforcer la Mission internationale de soutien à son ancienne colonie  plongée dans le chaos.

 

>>> POURQUOI LA FRANCE INTERVIENT-ELLE ?

"Un millier de soldats français vont être déployés en Centrafrique pour une période brève, de l’ordre de six mois à peu près", a confirmé mardi le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian. 

La France entend ainsi rétablir l’ordre et le calme dans un pays en proie aux violences, aux exactions, aux viols et aux rackets.

La situation, préoccupante depuis l’arrivée au pouvoir par la force en mars dernier du président autoproclamé Michel Djotodia, a pris une tournure encore plus inquiétante ces dernières semaines, au point de faire dire il y a cinq jours à Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, que "le pays était au bord du génocide".

 

>>> QUI DÉTIENT LE POUVOIR AUJOURD'HUI ?

A l’origine de la chute de François Bozizé, arrivé au pouvoir en 2013 à la suite d'un coup d'État :  les rebelles du Seleka  - une vaste coalition à majorité musulmane regroupant initialement d’anciennes forces rebelles et des partis politiques d’opposition.

Ces mouvements accusaient Bozizé de ne pas avoir respecté pleinement les accords de Libreville, signés le 11 janvier 2013. Le traité prévoyait notamment un gouvernement d’union nationale, qui devait leur permettre d'accéder à des postes clefs au sein des ministères les plus importants.

Au terme d’un putsch éclair, les forces de la Seleka venues du nord du pays, sont parvenues à prendre Bangui le dimanche 24 mars. A 18h30, Michel Djotodia, chef de la Seleka, annonce être le nouveau président du pays

Très rapidement, Djotodia s'est trouvé débordé par la coalition qui l'a porté au pouvoir. Des soldats de la Seleka ont commencé à s'en prendre, à Bangui et en province, aux anciens partisans du président Bozizé

 

 

>>> S'AGIT-IL D'UN CONFLIT POLITIQUE OU RELIGIEUX ?

Le conflit était avant tout politique, mais il a vite pris un caractère intercommunautaire, opposant chrétiens et musulmans.

"Dès qu’un musulman a un petit pépin, une dispute avec un frère chrétien, il appelle la Seleka à la rescousse qui règle le problème à sa manière, en pillant et en tuant les villageois chrétiens pour un rien", expliquait Nestor Désiré Nongo Aziagbia, évêque de Bossangoa, à Rue89.

Il semble établi que des membres de milices islamistes se soient greffés à la Seleka (qui compterait entre 15.000 et 20.000 combattants dont au moins 10.000 se sont ralliés lors de la prise de Bangui) et fassent, eux aussi, régner la terreur dans les villages chrétiens.

Les civils chrétiens se sont organisés en milices d’autodéfense, les "anti-Bakala" (anti-machette, en Sango, la langue nationale). Ils se sont vengés en s’en prenant à la population musulmane, supposée être de connivence avec le gouvernement au pouvoir, et aux rebelles de la Seleka.

 

Des rebelles de la coalition du Séléka, dans les rues de Bangui, le 30 mars 2013. [Sia Kambou / AFP]

 

>>> JUSQU'OU LE CONFLIT PEUT-IL S'ÉTENDRE ?

Les 8 et 9 septembre, la guerre civile centrafricaine a pris une nouvelle dimension. A l’ouest du pays, entre Bossangoa et Bouca, des combats entre la Seleka et des pro-Bozizé ont fait près de 100 morts.

Pour Michel Djotodia, impuissant, la situation est devenue incontrôlable. A telle enseigne, que le 14 septembre, il a déclaré la "dissolution" immédiate de la Seleka. Toutefois, cette annonce n’a été suivie d’aucun effet et les violences se sont poursuivies partout en Centrafrique.

Dimanche 25 novembre, c’est un haut-magistrat qui a été assassiné à Bangui par des rebelles de la Seleka pourtant dissoute.

 

>>> QUEL EST LE PÉRIMETRE DU DISPOSITIF FRANCAIS ?

"La France accompagnera une force africaine déjà en cours de constitution, composée d'éléments militaires venus des pays voisins pour faire en sorte que ce massacre s'arrête", a précisé Jean-Yves Le Drian sur Europe 1.

Un millier d'hommes seraient concernées dont les 410 militaires français déjà basés à l’aéroport de Bangui, la capitale. Environ 350 hommes ont été embarqués à bord du BPC Dixmude, un bâtiment de la Marine nationale, qui a quitté Toulon samedi à destination du golfe de Guinée

900 soldats sont présents au Gabon sur l’une des quatre bases militaires permanentes françaises prépositionnées en Afrique. Une partie d'entre eux pourrait être affectée à l'intervention en RCA.

 

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