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Près de 1.500 tableaux, dont certains confisqués par les nazis, découverts à Munich

Photo prise le 3 novembre 2013 des bureaux de la douane à Garching, où sont entreposés près de 1.500 tableaux de maîtres découverts dans un appartement à Munich [Andreas Gebert / DPA/AFP] Photo prise le 3 novembre 2013 des bureaux de la douane à Garching, où sont entreposés près de 1.500 tableaux de maîtres découverts dans un appartement à Munich [Andreas Gebert / DPA/AFP]

Près de 1.500 tableaux de maîtres, dont Picasso, Matisse et Chagall, confisqués par les nazis ou vendus par des Juifs persécutés, ont été découverts dans un appartement à Munich, affirme dimanche un journal allemand.

Le parquet d'Augsbourg, dans le sud de l'Allemagne, compétent dans cette affaire, cité par l'agence de presse allemande dpa, n'a pas voulu commenter cette information divulguée par l'hebdomadaire allemand Focus.

Selon le journal, qui affirme avoir mené une grande enquête, ces tableaux de grands maîtres du XXe siècle, dont aussi les Allemands Emil Nolde, Franz Marc, Max Beckmann et Max Liebermann, sont estimés à environ un milliard d'euros. Ils étaient entreposés dans l'appartement d'un octogénaire.

Les tableaux avaient été découverts par la police allemande en 2011, mais cette découverte n'avait jamais été rendue publique jusqu'à l'article de Focus.

Depuis la découverte des tableaux par la police, une experte de l'"art dégénéré", Meike Hoffmann, professeur de l'Université Libre de Berlin, recherche l'origine des oeuvres et leurs propriétaires ou leurs descendants, selon Focus.

Mme Hoffmann n'était pas immédiatement joignable par l'AFP pour commenter l'information.

D'après Focus, le père de l'octogénaire était un célèbre collectionneur allemand, Hildebrand Gurlitt, qui avait acheté ces tableaux dans les années 30 et 40.

Ces oeuvres avaient été soit confisquées par les nazis à des Juifs et revendues ensuite, soit vendues à bas prix par des Juifs en fuite. Ou encore confisquées par des agents du Troisième Reich parce que considérées comme de "l'art dégénéré" --par opposition à l'art officiel prisé par Hitler-- et revendues également ensuite par les nazis.

Hildebrand Gurlitt, au départ peu apprécié des nazis notamment à cause d'une grand-mère juive, sut grâce à ses innombrables contacts et à ses immenses connaissances artistiques se rendre indispensable auprès des dignitaires du IIIe Reich.

Il fut ainsi notamment chargé par le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, de vendre dans des pays étrangers des tableaux d'"art dégénéré" exposés dans des musées allemands.

Après la fin de la Seconde guerre mondiale, Hildebrand Gurlitt sut se défendre de ses accointances avec les dignitaires du IIIe Reich, en mettant en avant ses origines juives et sa non-appartenance aux organisations nazies. Il affirma égalemant avoir aidé des Juifs et des artistes persécutés en achetant leurs biens.

Pendant près de cinquante ans, son fils, un solitaire sans profession, a gardé ces tableaux dans des pièces sombres de son appartement rempli de boîtes de conserve périmées et de détritus.

Au fil des ans, il a vendu certains de ces tableaux et a vécu du produit de ces ventes. Parmi les oeuvres découvertes se trouve un tableau d'Henri Matisse qui avait appartenu auparavant au collectionneur juif Paul Rosenberg, forcé d'abandonner sa collection lorsqu'il a fui Paris, écrit Focus.

En 2011, la police allemande a perquisitionné dans l'appartement du fils Gurlitt, dont le comportement était suspect, et a découvert les tableaux, selon le journal.

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