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Arabie: les Saoudiennes qui réclament le droit de conduire sous pression

La militante saoudienne Manal Al Sharif, qui vit désormais à Dubaï, conduit sa voiture, le 22 octobre 2013 [Marwan Naamani / AFP/Archives] La militante saoudienne Manal Al Sharif, qui vit désormais à Dubaï, conduit sa voiture, le 22 octobre 2013 [Marwan Naamani / AFP/Archives]

Les militantes saoudiennes qui réclament le droit de conduire ont décidé d'éviter la confrontation avec les autorités samedi en poursuivant leur campagne mais sans faire du 26 octobre une date symbolique comme prévu, à la suite de pressions intensives du pouvoir.

Plusieurs militantes ont indiqué avoir reçu des appels du ministère de l'Intérieur leur demandant de ne pas prendre le volant samedi.

Le porte-parole du ministère avait rappelé jeudi qu'il était interdit pour les femmes de conduire dans le royaume. "Nous appliquerons la loi à l'égard des personnes qui contreviennent" à cette interdiction, avait-il prévenu.

"Par précaution et par respect pour les mises en garde du ministère de l'Intérieur, et afin d'empêcher que la campagne soit exploitée par d'autres groupes, nous demandons aux femmes de ne pas conduire demain (samedi) et de changer l'initiative du 26 octobre en campagne ouverte pour la conduite des femmes", a déclaré à l'AFP une activiste, Najla Al-Hariri.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Mansour Al-Turki, à Ryad le 8 février 2005 [Rabih Moghrabi / AFP/Archives]
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Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Mansour Al-Turki, à Ryad le 8 février 2005

"La date était uniquement symbolique. Les femmes ont commencé à conduire avant le 26 octobre et continueront de le faire après ce jour", a déclaré pour sa part une autre militante, la blogueuse Eman Nafjan.

Par ironie, certaines militantes ont affiché sur leur compte Twitter le 31 novembre comme nouvelle date de la campagne.

La campagne étant menée via les réseaux sociaux par des femmes et n'ayant pas de direction apparente, aucune directive claire n'a été lancée concernant la journée de samedi.

"Comme il est clair que les autorités ne veulent pas de regroupement à une date déterminée, nous tentons de calmer les choses et de montrer que la campagne se poursuit, sans date fixe", a expliqué la militante Mayssa Al-Amoudi.

Mais des femmes pourraient décider de braver l'interdit.

Les organisatrices de la campagne ont souligné depuis le début qu'elles n'appellent à aucun rassemblement ou manifestation, et qu'elles demandent aux femmes de prendre individuellement le volant, pour éviter le précédent de 1990, lorsqu'un groupe de femmes ayant défilé au volant de voitures à Ryad avaient été arrêtées.

Le site de la campagne, oct26driving.com, a été piraté vendredi, selon des militantes.

Une pétition mise en ligne sur ce site en septembre et demandant le droit des femmes à conduire avait recueilli plus de 16.000 signatures, avant que le site soit bloqué il y a deux semaines.

Vendredi, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, cité par le quotidien Al-Hayat, a également prévenu que ceux qui soutiennent la campagne sur les réseaux sociaux s'exposaient à des sanctions allant jusqu'à cinq ans de prison.

L'Arabie saoudite, royaume ultra-conservateur régi par une stricte application de la loi islamique, est le seul pays au monde où les femmes n'ont pas le droit de conduire.

Les femmes ont besoin de l'autorisation d'un tuteur mâle --père, frère ou mari-- pour voyager, travailler ou même se marier.

Dans son prêche du vendredi, l'imam de la Grande mosquée de la Mecque, cheikh Oussama Al-Khayat, a mis en garde contre "les slogans contenant des revendications pouvant menacer la paix sociale", dans une allusion à la campagne des femmes.

Pour sa part, Amnesty International a estimé que "les autorités saoudiennes invoquent le prétexte selon lequel c'est la société qui impose l'interdiction et affirment que la loi ne fait pas de discrimination à l'égard des femmes, mais elles continuent à harceler et intimider les femmes activistes".

Dans un communiqué, l'organisation de défense des droits de l'Homme a déploré "les coups de téléphone et les menaces sur internet, les interdictions arbitraires de voyage, et le fait de forcer les activistes et les membres de leurs familles à signer des engagements à ne pas conduire", ainsi que "le recours aux médias contrôlés par l'Etat pour discréditer les activistes".

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a également appelé l'Arabie saoudite à mettre fin à la discrimination des femmes, parmi d'autres abus.

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