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Bulgarie: à Nikolaevo, des Roms blonds comme le frère de "l'ange blond"

Photo prise le 24 octobre 2013 à Nikolaevo, en Bulgarie, des enfants du couple de Roms bulgares, Sacha et Atanas Roussev, soupçonnés d'être les parents de la petite Maria [Bgnes / Bgnes/AFP] Photo prise le 24 octobre 2013 à Nikolaevo, en Bulgarie, des enfants du couple de Roms bulgares, Sacha et Atanas Roussev, soupçonnés d'être les parents de la petite Maria [Bgnes / Bgnes/AFP]

Atanas, âgé de trois ans, peau blanche, cheveux très blonds, traîne dans la poussière du ghetto rom de Nikolaevo, en Bulgarie: il pourrait être le frère de la petite Maria trouvée dans un camp rom en Grèce et peut-être vendue pour 250 euros par sa mère à un couple rom.

Pieds nus, Penka, fillette de deux ans aux yeux bleus et joues rouges, petite robe d'été malgré la fraîcheur de l'automne, est aussi blonde que son frère et ressemble bien à Maria.

Ces deux petits Roms, leur frère et deux soeurs adolescents, ainsi qu'une tante, se font remarquer parmi les quelque 700 habitants du ghetto à Nikolaevo (centre de la Bulgarie), mais ne surprennent personne dans leur communauté.

Les quatre enfants de Sacha et Atanas Roussev, le 24 octobre 2013 à Nikolaevo, en Bulgarie  [Nikolay Dychinov / AFP]
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Les quatre enfants de Sacha et Atanas Roussev, le 24 octobre 2013 à Nikolaevo, en Bulgarie

La surprise est créée par l'intérêt des médias car les parents -- Atanas et Sacha Roussev -- ont été entendus jeudi par la police pour expliquer pourquoi ils ont abandonné en 2009 leur bébé Maria, née en Grèce. Ils sont soupçonnés d'être les parents de la fillette Maria, "l'ange blond", qui a été vendue à un couple rom, selon les soupçons des autorités grecques.

Le Parquet bulgare a ouvert jeudi une enquête pour abandon d'enfant en rapport avec les investigations menées en Grèce.

"Atanas et Sacha sont bruns, mais nous avons deux oncles blonds et certains des enfants sont comme eux", explique Filip Roussev, frère d'Atanas Roussev.

"Les Roussev étaient en Grèce pour la cueillette des poivrons, illégalement, sans contrat. Quand leur fille est née, ils ne pouvaient pas obtenir des papiers d'identité à son nom pour la ramener en Bulgarie. Cela coûte cher. Ils l'ont donc laissée à une famille", explique Anton Kolev, un cousin.

Sacha s'est mise à pleurer en voyant Maria à la TV

Photo fournie par la police grecque le 18 octobre 2013 montrant une fillette blonde non identifiée trouvée dans un campement de Roms à Farsala [- / Police grecque/AFP/Archives]
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Photo fournie par la police grecque le 18 octobre 2013 montrant une fillette blonde non identifiée trouvée dans un campement de Roms à Farsala

Compatissantes, les voisines racontent comment Sacha Roussev s'est mise à pleurer en voyant à la télévision la mystérieuse Maria trouvée dans un camp rom en Grèce.

"Ma mère a dit: cet enfant est à moi", témoigne Fanka Roussev, 12 ans, une des filles aînées qui s'occupe des petits en l'absence des parents.

Selon la police, Sacha Roussev a indiqué avoir reconnu à la télévision le couple rom auquel elle avait laissé son bébé en Grèce et les enquêteurs ont décidé de procéder à des tests ADN pour établir un lien de parenté éventuel entre les Roussev et Maria.

A son retour des interrogatoires, dans la soirée de jeudi, Sacha Roussev, petite femme brune maigre et épuisée, soupire: "Je ne suis pas sûre que cette Maria soit ma fille, mais cela se pourrait. Et surtout je ne l'ai pas vendue! Si c'était le cas, aurions-nous vécu ainsi?".

Les Roussev, âgés de 35 et 38 ans, habitent avec cinq de leurs neuf enfants dans une pièce meublée seulement d'un poêle à bois et d'un lit double. Les parents, sans emploi, vivent d'aides sociales et de travaux occasionnels.

"Dans ce quartier, nous sommes presque tous illettrés. Au moins les enfants vont à l'école, mais pas l'hiver parce que nous n'avons rien pour les habiller", regrette Anton Kolev.

Les allocations chômage se chiffrent à 40 leva (21 EUR) par mois et les aides à 35 leva (18 EUR) par enfant. Collecte de plantes médicinales, remise d'objets en fer pour recyclage: tout est bon pour gagner quelques sous afin de joindre les deux bouts.

Ainsi, certains ne croient pas que les Roussev aient cédé gratuitement leur enfant en Grèce. "Ils auront touché 200 ou 300 euros qui leur ont servi pour retourner en Bulgarie", assure un jeune voisin ayant travaillé comme ouvrier en Grèce.

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