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Espagne: forte activité sismique près d'une réserve de gaz

La plateforme gazière du projet Castor dans le delta de l'Ebre, le 2 octobre 2013 [Lluis Gene / AFP] La plateforme gazière du projet Castor dans le delta de l'Ebre, le 2 octobre 2013 [Lluis Gene / AFP]

Une multitude de séismes, dont le plus fort a atteint mardi une magnitude de 4,2, inquiète élus et habitants du delta de l'Ebre, dans l'est de l'Espagne, où un site sous-marin de stockage de gaz semble être à l'origine de cette activité inhabituelle.

Mercredi midi, l'Institut géographique national avait déjà enregistré dix secousses depuis minuit, d'une magnitude allant de 1,5 à 2,9, localisées dans le Golfe de Valence, une région située à proximité d'une faille inactive où l'activité sismique est habituellement faible.

Lundi, la plus forte secousse avait atteint une magnitude de 3,9, avant 4,2 mardi.

Ces séismes, dont plus de 300 ont été enregistrés durant le mois de septembre, ont conduit le ministère de l'Industrie à suspendre le 16 septembre l'activité des installations de stockage de gaz, en fonctionnement depuis le mois de juin, en attendant que soit déterminée l'origine du phénomène.

Mercredi, des équipes de techniciens devaient inspecter le site.

Situé en Méditerranée à 22 kilomètres des côtes, au large de la région de Valence, le projet Castor a permis de transformer un ancien puits pétrolier à plus de 1.700 mètres sous le niveau de la mer afin d'y constituer une réserve de gaz naturel capable "d'assurer la fiabilité de l'approvisionnement du réseau gazier espagnol", explique la société espagnole Escal UGS, qui a reçu en 2008 une licence du ministère de l'Industrie pour l'exploiter.

Le site peut emmagasiner l'équivalent des besoins pour trois mois de la région de Valence, peuplée de plus de cinq millions d'habitants.

Le puits, dans lequel ont déjà été injectés cent millions de mètres cube de gaz, sur une capacité de 1.300 millions, est relié à une plateforme maritime, puis, via un gazoduc, au réseau de distribution espagnol.

"Mardi, vers 3H00 ou 4H00 du matin, je me suis réveillée avec une sensation étrange. Les vitres vibraient comme si passait un avion ou train très long", témoignait par téléphone Inmaculada Ramirez, une commerçante de 55 ans de la localité de Vinaros, située sur la côte face à la plateforme.

La multiplication des secousses inquiète écologistes, élus et habitants, certains n'hésitant pas à mettre directement en cause la proximité de la réserve de gaz.

"Nous exigeons que les techniciens du ministère de l'Industrie résolvent rapidement cette situation parce que le plus important est de préserver la sécurité de nos communes", ont écrit dans un communiqué les maires de Vinaros, Benicarlo et Peniscola.

Le gouvernement de Catalogne, une région limitrophe de celle de Valence dont les villages les plus au sud ont aussi ressenti les secousses, a également protesté. "Il n'est pas raisonnable de laisser faire des agissements qui entraînent une activité sismique", a affirmé son porte-parole, Francesc Homs.

Carte de localisation du golfe de Valence où plusieurs seismes ont été enregistré près d'un site de stockage de gaz [ / AFP]
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Carte de localisation du golfe de Valence où plusieurs seismes ont été enregistré près d'un site de stockage de gaz

"Il n'y a aucun doute sur le lien entre l'injection de gaz dans le réservoir sous-marin et les séismes", dénonce Ecologistas en Accion, un groupe de défense de l'environnement très actif en Espagne, en demandant la paralysie des installations.

Trois autres sites de stockage souterrrain de gaz existent en Espagne, à Huesca, au pied des Pyrénées, à Guadalajara, dans le centre, et à Bermeo, au Pays basque, où la réserve est elle aussi située sous la mer. Aucune activité sismique semblable n'a jamais été enregistrée à proximité de ces sites.

"Il existe des indices rationnels permettant de penser que les séismes ont un lien avec les injections de gaz du projet Castor", estime le président du Collège des Géologues d'Espagne, Luis Suarez.

Selon lui, le delta de l'Ebre "est une région à l'activité sismique très faible", malgré l'existence à proximité de la faille d'Amposta, qui n'est plus active.

"Ce n'est pas le puits Castor qui provoque des tremblements de terre. Le fait est que dans la région de la faille, il y a de l'énergie accumulée qui, poussée par les injections de gaz, finit par se libérer", explique le scientifique, en jugeant "très improbable que se produisent des séismes de plus forte magnitude".

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