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"Des frappes ciblées ne seraient pas suffisantes"

Le quartier de la Ghouta, ravagé par l'attaque du 21 août. [[Shaam News Network/AFP/Archives]]

Determinés à «punir» Damas pour l’usage d’armes chimiques, Washington et ses alliés temporisent, conscients des risques d’une intervention. Frédéric Encel, auteur de De quelques idées reçues sur le monde contemporain (Autrement), revient sur les conséquences possibles de frappes contre Damas.

 

Comment expliquer le changement de ton des dirigeants occidentaux ?

Le changement porte sur la forme, pas sur le fond. Aujourd'hui les Etats qui menaçent le régime syrien sont des démocraties. Et dans les démocraties, face à une telle crise géopolitique, on débat. Aux Etats-Unis, il est d'usage de consulter les deux chambres, du moins lorsque les Etats-Unis ne sont pas menacés directement. Et c'est la même chose pour le Premier ministre britannique David Cameron. En France, en revanche, le président de la République est aussi le chef des armées et n'a donc pas beroin de l'aval du Parlement. Mais Hollande n'a aucune intention d'y aller seul. Il souhaite en réalité une troisième voie, qui consisterait en une aide massive aux insurgés syriens.

 

Quels sont les risques qu'impliquerait une intervention en Syrie ? 

Il existe deux risques majeurs. Le premier serait une riposte d'Assad contre les Etats voisins, notamment la Turquie et la Jordanie. Une telle éventualité comporterait un risque élevé d'escalade, car les Etats-Unis devraient alors prêter assistance à leurs alliés. Et si les Etats-Unis s'impliquent militairement, que fera Moscou ? Si pour Obama l'utilisation d'armes prohibées constitue une ligne rouge, pour la Russie c'est l'intergrité de son allié syrien qui constitue une limite à ne pas franchir. Le risque d'une montée de la tension serait alors réel, Moscou pouvant répliquer en prenant des mesures économiques, diplomatiques, et même militaires, ce que personne ne souhaite. 

 

Quel intérêt présente une intervention pour les pays occidentaux ? Constitue-t-elle un devoir pour eux ? 

En géopolitique, la morale n'est qu'une variable. Mais l'usage d'armes chimiques est interdit depuis 1993. Et si Assad peut violer cette interdiction impunément, qu'est-ce qui se passera plus tard ? On peut penser notamment au nucléaire iranien. 

 

Le fait que les dirigeants temporisent de la sorte traduit-il leurs craintes de froisser leurs opinions ? 

Il y a eu beaucoup de dégâts après les mensonges de George W.Bush. Il n'y aura pas d'intervention dans les prochains jours, car on attend la fin de la mission des inspecteurs onusiens, qui doivent dire si des armes chimiques ont été utilisées. Dans tous les cas de figure, on cherche un cadre juridique pour dissuader Assad de recommencer.

 

Des frappes ciblées contre la Syrie suffiront-elles à convaincre Assad de renoncer à massacrer son peuple ? 

Ce ne sera pas suffisant. On a affaire à quelqu'un d'une trempe particulière. Mais quelle est la pire des solutions ? Ne rien faire ou faire quelque chose qui porte un coup aux responsables des attaques ? La communauté internationale a une responsabilité vis-à-vis de l'Histoire. Si personne ne hausse le ton, qui le fera, et quand ? 

 

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