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Afrique du Sud: l'exploitant de Marikana demande pardon pour les mineurs tués

Des Sud-Africains commémorent, le 16 août 2013 à Marikana, la fusillade qui avait fait 34 morts l'année dernière lors d'une grève de mineurs [Stephane de Sakutin / AFP] Des Sud-Africains commémorent, le 16 août 2013 à Marikana, la fusillade qui avait fait 34 morts l'année dernière lors d'une grève de mineurs [Stephane de Sakutin / AFP]

Lonmin, la compagnie britannique qui exploite la mine de platine de Marikana, a exprimé vendredi ses regrets pour la mort des 34 mineurs tués dans la fusillade policière le 16 août 2012, à l'occasion des cérémonies commémoratives du drame.

"Nous ne remplacerons jamais vos êtres aimés, et je dis que nous sommes vraiment désolés pour cela", a déclaré le Pdg de Lonmin Ben Magara devant des mineurs et leurs familles, rassemblés sur les lieux même de la fusillade, la pire de l'histoire sud-africaine depuis la chute du régime ségrégationniste de l'apartheid en 1994.

"Tous les jours, nous ressentons les conséquence de cette tragédie", a-t-il ajouté". "Autant de vies n'auraient pas dû être perdues (...) en tant que nation, nous devons apprendre que cela n'aurait pas dû arriver et que cela ne doit plus jamais arriver".

"Je suis ici pour rendre hommage aux collègues qui ont perdu la vie l'an dernier et soutenir leurs familles ", avait peu avant expliqué un mineur de 32 ans, refusant de donner son identité, en tee-shirt vert aux couleurs de l'Amcu, le syndicat organisateur des célébrations, à l'origine de la grève sauvage de l'an dernier.

Des mineurs de Marikana en Afrique du Sud lors de la journée de commémoration du 16 août 2013 [Stephane de Sakutin / AFP]
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Des mineurs de Marikana en Afrique du Sud lors de la journée de commémoration du 16 août 2013

Le 16 août 2012, la police sud-africaine, débordée par les mineurs grévistes demandant des augmentations de salaire, avait ouvert le feu sur une foule de mineurs hostiles armés d'armes blanches.

A l'occasion de ce premier anniversaire, la presse de vendredi est revenue très largement sur le drame, souvent en termes critiques.

"L'image de la police ouvrant le feu sur des ouvriers en grève, tuant 34 d'entre eux, n'aurait jamais dû survenir dans une démocratie, sous un gouvernement de l'ANC, l'ancien mouvement de libération", écrit le quotidien The Star, comparant le massacre de Marikana avec les plus sinistres massacres de l'époque de l'apartheid.

Des mineurs de Marikana en Afrique du Sud lors de la journée de commémoration du 16 août 2013 [Stephane de Sakutin / AFP]
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Des mineurs de Marikana en Afrique du Sud lors de la journée de commémoration du 16 août 2013

" C'est un moment très douloureux. Il y a un an beaucoup de nos camarades sont morts et depuis nous n'avons pas vu de hausses de salaire. Nous avons l'impression que nos frères sont morts pour rien ", confie Christopher Duma, un mineur de 45 ans.

" Et la violence est toujours aussi forte dans la région ", ajoute l'ouvrier, travaillant depuis 28 ans sur la mine de platine exploitée par le groupe britannique Lonmin, dans la "ceinture de platine de Rustenburg", à une centaine de kilomètres au nord de Johannesburg.

Car autour de la mine, les rivalités syndicales qui avaient mis le feu aux poudres en 2012 sont loin d'être éteintes.

Plusieurs militants ont été tués à Marikana depuis un an, la dernière en date étant une responsable du rival d'Amcu, le grand syndicat des mines NUM, abattue lundi devant son domicile. Signe de la persistance des tensions, le NUM, qui a perdu son statut de syndicat majoritaire au profit de l'Amcu, a décidé de boycotter les commémorations.

Après les chants et les prières, le recueillement devait laisser la place à des interventions des représentants des mineurs et de la direction, et à un point sur les travaux de la commission d'enquête, qui n'ont toujours pas débouché un an après.

Aux tensions syndicales s'ajoutent la défiance constante envers la police et l'absence de résultats des travaux de la commission d'enquête, lancée par le président pour faire la lumière sur les événements.

"Nous ne savons toujours pas précisément ce qui s'est passé à Marikana, la commission n'a pas rendu ses conclusions -- nous ne sommes pas près de pouvoir déterminer qui est responsable de la mort des 34 mineurs", souligne l'analyste politique Eusebius McKaiser.

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