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Les raisons de la crise entre les USA et la Russie

Barack Obama et Vladimir Poutine, lors du sommet du G8 le 17 juin 2013. [JEWEL SAMAD / AFP]

Le président américain Barack Obama a annulé mercredi la rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine prévue début septembre avant le sommet du G20 de Saint-Pétersbourg. "Les relations bilatérales avec la Russie n'ont pas enregistré de progrès récents", a justifié la Maison Blanche. Le point sur les motifs de tensions entre les deux pays.

 

Un véritable camouflet adressé à Vladimir Poutine. Barack Obama a annulé mercredi sa participation à un sommet à Moscou. Une décision motivée par le manque de "progrès récents" dans les relations bilatérales et l'attitude de la Russie dans l'affaire Snowden.

"Les relations bilatérales avec la Russie n'ont pas enregistré assez de progrès récents pour qu'un sommet américano-russe se déroule début septembre", a ainsi souligné la Maison Blanche mercredi. Déjà, mardi, Barack Obama avait reproché à la Russie de revenir parfois à une "mentalité de guerre froide".

Lors de son arrivée au pouvoir en 2009, Barack Obama avait promis le "reset" (la remise en plat) des relations américano-russes. Les deux pays étaient parvenus à coopérer sur quelques dossiers, notamment l'Afghanistan et le traité Start. Mais depuis les élections contestées de 2011 et le retour à la présidence de Vladimir Poutine en 2012, leurs rapports n'ont fait que se détériorer. Le point sur les dossiers qui fâchent.

 

L'affaire Snowden

Cette affaire est le dernier point de crispation en date entre les deux pays.

Edward Snowden, le lanceur d'alerte à l'origine du scandale Prism (un programme secret de surveillance électronique de la NSA), est inculpé d'espionnage par la justice américaine.

Réfugié pendant un temps à l'aéroport de Moscou, la Maison Blanche a demandé à plusieurs reprises son expulsion vers les Etats-Unis. Mais le 1er août dernier, la Russie a accordé l'asile temporaire à Snowden, provoquant la colère de la Maison Blanche.

"Nous sommes extrêmement déçus du fait que le gouvernement russe ait pris cette décision malgré nos demandes très claires", a ainsi déclaré le porte-parole de l'exécutif américain Jay Carney. "J'ai été déçu parce que même si nous n'avons pas signé de traité d'extradition, traditionnellement, nous avons essayé de respecter leurs demandes", a ajouté Barack Obama mardi.

La décision russe a même été qualifiée de "gifle pour tous les Américains" par le sénateur républicain John McCain.

 

Le conflit syrien

Le conflit syrien, qui a fait plus de 100.000 morts selon l'ONU, est un important point de discorde entre la Russie et les Etats-Unis. 

Moscou est le principal allié de Bachar al-Assad et maintient ses contrats de livraison d'armes  au régime syrien. A ce titre, le Kremlin est opposé à toute intervention de la scène internationale et aux livraisons d'armes aux rebelles.

De leur côté, les Etats-Unis fournissent une aide humanitaire et non-létale à l'Armée syrienne libre. En outre, le Congrès américain devrait débloquer le projet de livraisons d'armes aux rebelles. 

En outre, la Russie est contre le départ de Bachar al-Assad comme préalable à l'ouverture de négociations. "Nous sommes contre l'ingérence dans les conflits internes", a souligné à plusieurs reprises Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères. En mai dernier, Barack Obama a, lui, exigé une nouvelle fois le départ du président syrien. "Il faut qu’il transmette le pouvoir à une autorité de transition, c’est la seule façon dont nous allons résoudre cette crise", a-t-il souligné. 

 

Les Droits de l'Homme

Les Droits de l'Homme sont au cœur des relations diplomatiques, notamment sur la question de la répression des opposants et des libertés individuelles.

Mardi, Barack Obama a vertement critiqué la promulgation de la loi russe qui réprime la diffusion aux mineurs de tout acte de "propagande" homosexuelle. Un texte jugé clairement discriminatoire par les défenseurs des Droits de l'Homme. "Je n'ai aucune tolérance pour les pays qui essayent de traiter les personnes qui sont gays, les lesbiennes ou transgenres d'une manière qui les intimide ou qui leur fasse du mal", a ainsi souligné Barack Obama. Et d'ajouter : "Que vous discriminiez pour des motifs de race, de religion, de genre ou d'orientation sexuelle, vous violez la morale de base qui, je pense, devrait transcender chaque pays."

Quelques mois auparavant c'est une autre affaire reposant sur cette question des Droits de l'Homme qui a crispé les relations américano-russes : l'affaire Magnitski.

Les Etats-Unis ont dressé une liste noire de 18 responsables russes, pour leur rôle présumé dans la mort en prison à Moscou en 2009 de Sergueï Magnitski, un avocat devenu un symbole de la lutte contre la corruption. Aux termes de la "liste Magnitski", les avoirs que détiendraient ces personnes sont gelés sur le sol américain, et tout ressortissant américain qui commercerait avec elles s'exposerait à des sanctions pénales.

La Russie, qui a dénoncé une "ingérence directe dans ses affaires intérieures", a riposté à cette "liste Magnistki" en interdisant l'entrée sur son territoire à 18 Américains, notamment d'anciens responsables de la prison de Guantanamo. Outre cette "guerre des listes", la Russie a également riposté en interdisant l'adoption d'enfants russes aux Etats-Unis.

Cette affaire est "un coup porté aux relations bilatérales russo-américaines", a souligné à l'époque le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

 

La défense antimissile

Autre sujet de mésentente : le projet de bouclier antimissile en Europe, sur lequel les deux pays ne sont jamais parvenus à s'entendre.

Lancé en 2010, le projet, basé essentiellement sur une technologie américaine, vise à déployer progressivement des intercepteurs de missiles et de puissants radars dans l'est de l'Europe et en Turquie. Ce, pour se protéger en cas d'attaque venant du Moyen-Orient, en particulier d'Iran.

Mais la Russie considère cette défense antimissile comme une menace à sa sécurité.

 

Pour autant, si les sujets de discorde sont nombreux et l'annulation d'un sommet est "inhabituelle", ni Moscou, ni Washington n'ont parlé de rupture. La rencontre prévue en fin de semaine entre les secrétaires d'Etat et à la Défense américains et russes est d'ailleurs maintenue. 

 

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