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Thaïlande : 2.000 personnes manifestent contre le gouvernement

La police antiémeute thaïlandaise en poste lors d'une manifestation, le 7 août 2013 à Bangkok [Pornchai Kittiwongsakul / AFP] La police antiémeute thaïlandaise en poste lors d'une manifestation, le 7 août 2013 à Bangkok [Pornchai Kittiwongsakul / AFP]

Quelque 2.000 personnes emmenées par l'opposition ont manifesté mercredi près du parlement thaïlandais contre un projet de loi d'amnistie controversée, alors que les autorités avaient craint des débordements dans une capitale théâtre ces dernières années de nombreuses manifestations violentes.

Les manifestants, avec à leur tête l'ancien Premier ministre et leader de l'opposition Abhisit Vejjajiva, ont été bloqués à 200 mètres du parlement protégé par plusieurs centaines de policiers, des barrières de barbelés, des blocs de béton et des canons à eau.

"Pourquoi ce gouvernement veut-il blanchir ceux qui ont violé les droits de l'Homme?", a déclaré Abhisit aux journalistes, avant que les manifestants ne se dispersent dans le calme, faute de pouvoir passer.

"Nous ne pouvons pas nous précipiter dans ce combat, qui sera long (...). Nous devons être prudents", a ajouté le député.

Le projet de loi présenté par le parti au pouvoir, dont l'examen a commencé mercredi, prévoit d'amnistier les militants politiques impliqués dans les mouvements qui ont secoué le royaume depuis le coup d'Etat contre l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra en septembre 2006, jusqu'en mai 2012.

Si le projet exclut a priori les dirigeants des divers mouvements, ses opposants craignent qu'elle ne permette le retour de leur ennemi juré, Thaksin, en exil pour échapper à deux ans de prison pour malversations financières.

Un royaume profondément divisé

"Je suis venu ici pour (obtenir) justice. Je ne veux pas de loi illégitime", a déclaré un manifestant, Prapas Sunantapreeda.

D'autres se sont montrés déçus de la dispersion de la manifestation. "Si nous résistons, il y aura un bain de sang, alors nous sommes d'accord pour partir, mais nous reviendrons", a promis Ampa Saenchot, 53 ans.

L'ancien Premier ministre thaïlandais et leader de l'opposition, Abhisit Vejjajiva, lors d'une manifestation, le 7 août 2013 à Bangkok  [Pornchai Kittiwongsakul / AFP]
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L'ancien Premier ministre thaïlandais et leader de l'opposition, Abhisit Vejjajiva, lors d'une manifestation, le 7 août 2013 à Bangkok
 

Le mouvement avait commencé dimanche dans un parc de Bangkok à l'appel cette fois de l'Armée du Peuple, qui rassemble divers groupes ultra-royalistes et réclame la chute du "régime Thaksin". Ces militants, toujours présents dans le parc mercredi, ne se sont pas joints à l'autre manifestation.

En prévision des rassemblements, le gouvernement dirigé depuis 2011 par la soeur de Thaksin, Yingluck Shinawatra, a imposé dans trois districts du centre historique de Bangkok, où se trouve le parlement, la Loi de sécurité intérieure (ISA), qui permet notamment l'instauration d'un couvre-feu, la fouille de bâtiments et la censure des médias.

La Thaïlande vit depuis des années au rythme d'immenses mouvements de rues, dont plusieurs sont parvenus à faire chuter des gouvernements pro-Thaksin.

Le royaume est profondément divisé entre les masses rurales et urbaines défavorisées du nord et du nord-est, fidèles au milliardaire, et les élites de Bangkok gravitant autour du palais royal, qui le haïssent.

Au printemps 2010, jusqu'à 100.000 "chemises rouges" fidèles à Thaksin avaient occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la chute du gouvernement Abhisit, jusqu'à un assaut de l'armée. La crise, la pire qu'ait connue la Thaïlande moderne, avait fait quelque 90 morts et 2.000 blessés.

Une session parlementaire, le 7 août 2013 à Bangkok  [Pornchai Kittiwongsakul / AFP]
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Une session parlementaire, le 7 août 2013 à Bangkok
 

Mardi, l'ONU avait appelé le gouvernement à s'assurer que l'amnistie exclurait les responsables des "graves violations des droits de l'Homme" lors de ces violences.

Abhisit est lui-même poursuivi pour meurtre pour sa responsabilité dans cette crise, mais aucun militaire n'a été inculpé. De nombreux leaders rouges sont en revanche poursuivis pour terrorisme.

L'an dernier, le camp Thaksin avait déjà tenté de présenter une loi d'amnistie, avant de la reporter pour éviter une crise politique.

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