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A 12 ans, il argumente parfaitement face aux Frères Musulmans

Ali Ahmed, 12 ans, défend des valeurs démocratiques à la manière des plus grands leaders de l'opposition. [Capture d'écran / Youtube]

Ali Ahmed a 12 ans. En octobre dernier, il était interviewé lors d'une manifestation contre le projet de nouvelle constitution porté par les Frères Musulmans et Mohammed Morsi. La vidéo n'a été mise en ligne qu'en mars et fait le buzz depuis la chute du président Morsi, le 3 juillet dernier.

 

"Je suis ici aujourd’hui pour empêcher l’Égypte de devenir une simple marchandise retenue entre les mains d'une seule personne. Également, je viens pour protester contre la confiscation de la Constitution par un seul parti, celui des frères musulmans".  

Voici comment débute l'interview de Ali Ahmed, 12 ans, une jeune garçon qui fait parler de lui depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux et sur la toile. A la façon des plus grands leaders de l'oppostion, le jeune Égyptien, disant  "écouter beaucoup les gens parler, lire la presse, regarder la télévision ou encore consulter des sites internet"  avant de se faire sa propre opinion, défend pendant près trois minutes les valeurs auxquelles il croit.

 

La théocratie fasciste

"On ne s’est pas débarrassé d’un régime militaire pour le remplacer par une théocratie fasciste" explique le garçon avant d'être coupé par la journaliste égyptienne qui lui demande de développer cette notion, qu'elle-même ne comprend pas.

"La théocratie fasciste c'est lorsque que tu manipules une religion et que tu renforces et soutiens la régulation islamiste au nom de principes religieux et ceci même si la religion ne le demande pas" explique-t-il.

Et d'ajouter : "Les objectifs sociaux mis en place par la révolution [lors de l'éviction d'Hosni Moubarak en 2011, ndlr] sont encore à atteindre pour la plupart : autonomie économique, justice sociale, liberté… Il y a toujours beaucoup de chômage et la police enferme encore des gens au hasard...".  

 

La Constitution

La journaliste lui demande alors son avis sur la nouvelle Constitution et sur le climat politique du pays depuis l'arrivée au pouvoir des Frères Musulmans.

Le jeune rebelle, de façon très posée et réfléchie, détaille alors plusieurs points : "… Tout ce qui est bâti sur un mensonge et automatiquement faux. Et ceci même si la Constitution à l’air bien, elle est rédigée par une mauvaise assemblée. À l’arrivée, rien de bon ne peut en sortir. Je veux dire… ne m’amène pas 80 bons articles et 20 mauvais qui vont détruire le pays pour ensuite me dire que c’est une Constitution !".

 

"Discipliner" les femmes selon la charia, "affligeant !"

L'interview s'achève sur la question de l'égalité homme-femme. Le jeune garçon s'insurge immédiatement, si bien que certains s'interrogent de savoir si son discours ne lui a pas été soufflé par des opposants au régime.

"Les lois islamiques autorisent les hommes à « discipliner » leurs femmes. Non… Ca ne peut pas marcher dans une société. C'est affligeant ! Je ne peux pas battre ma femme et presque la tuer pour ensuite lui dire qu’on appelle ça de la « discipline ». Non, on s’appelle ça de l’abus et de la folie !".

Le petit Égyptien, qui se réclame en tout cas libre d'esprit, dit tenir son discours de ce qu'il peut voir dans les médias étrangers ou sur internet. Il dit également avoir lu la Constitution sur la toile. Aujourd'hui, mardi 16 juillet, la vidéo intitulée "Egypt : The Next President" a été visionnée plus de 2,3 millions de fois.

Le buzz du garçon est tel que le Wall Street Journal y a consacré un article, dénonçant la censure pratiquée par Pékin, qui a supprimé la vidéo du web chinois. Le site américain explique qu'à la vue de la popularité de la vidéo, diffusant notamment l'idée de refus d'une constitution biaisée, les autorités chinoises ont peu à peu effacé les versions sous-titrées en chinois.

Ce ne serait pas la première fois que les nouvelles en provenance d'Egypte seraient censurées en Chine. Ainsi, au moment de la révolution en 2011, les mots-clés "révolution", "jasmin" ou "printemps arabe" auraient été supprimés des moteurs de recherche et des principaux réseaux sociaux.

 

Vidéo Ali Ahmed, en arabe sous-titrée en anglais.

 

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