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François critique "l'indifférence" face à la mort des migrants

Le pape François réalise une messe, depuis un lutrin fabriqué à partir d'un gouvernail et de rames, le 8 juillet 2013 sur l'île de Lampedusa [Andreas Solaro / AFP]

Le pape François a fustigé lundi à Lampedusa "l'indifférence" du monde face à la mort de centaines de migrants venus d'Afrique qui tentaient de traverser la Méditerranée en quête d'"une vie meilleure".

"La culture du bien-être nous rend insensibles aux cris d'autrui" et "aboutit à une mondialisation de l'indifférence", a déploré le pape lors d'une messe devant 10.000 personnes sur le stade de l'île sicilienne, qui agitaient des fanions aux couleurs (jaune et blanc) vaticanes avec en arrière plan des épaves d'embarcations de migrants.

"Prions pour avoir un coeur qui sache embrasser les immigrés. Dieu nous jugera sur la base de comment nous traitons ceux qui sont dans le besoin", a ajouté le pape sur Twitter.

Depuis un lutrin symboliquement fabriqué à partir d'un gouvernail et de rames, François a expliqué avoir décidé ce voyage sans précédent -et sa première sortie hors de Rome- pour "accomplir un geste de proximité et réveiller les consciences afin que ce qui s'est produit ne se répète plus".

Selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés, 40 migrants sont morts au premier semestre en tentant de gagner l'Italie depuis l'Afrique du nord après un bilan encore plus lourd de 500 victimes en 2012.

Le pape François (c) parle avec des migrants lors de sa visite sur l'île de Lampedusa, le 8 juillet 2013 [Andreas Solaro / AFP]
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Le pape François (c) parle avec des migrants lors de sa visite sur l'île de Lampedusa, le 8 juillet 2013
 

"Qui est responsable du sang de ces frères et soeurs ? (...) nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle", a dénoncé le pape en demandant "pardon" pour toutes ces victimes.

Devant une statue de la vierge, il a aussi réclamé "la conversion de ceux qui génèrent la guerre, la haine, la pauvreté, exploitent leurs frères et font commerce indigne de la vie humaine".

Au cours de sa visite de près de cinq heures, le pape a à plusieurs reprises remercié les 6.000 habitants de Lampedusa, les organisations humanitaires et les forces de police: "un exemple de solidarité".

Lampedusa doit être "un phare du monde entier pour que partout on ait le courage d'accueillir ceux qui cherchent une vie meilleure", selon le pape.

Avant la messe, le pontife avait été conduit en vedette des garde-côtes devant la Porte de l'Europe, un monument dressé à la mémoire des victimes des naufrages.

Sur ce bateau qui a secouru 30.000 personnes en huit ans, le pape a dit une prière puis jeté une couronne de chrysanthèmes tandis que les autres embarcations faisaient retentir leurs sirènes.

Le pape s'est rendu aussi sur le quai où les réfugiés sont débarqués après des périples exténuants qui commencent le plus souvent dans des zones ravagées par des conflits en Afrique (Somalie, Ethiopie) et au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Afghanistan).

Le pape François salue la foule lors de sa visite, le 8 juillet 2013 sur l'île de Lampedusa [Marcello Paternostro / AFP]
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Le pape François salue la foule lors de sa visite, le 8 juillet 2013 sur l'île de Lampedusa
 

"Prions pour ceux qui aujourd'hui ne sont pas là", a dit le pape à des migrants africains arrivés récemment. "Nous avons fui notre pays pour deux motifs économique et politique", a répondu l'un d'eux en demandant "l'aide du Saint Père après nos longues souffrances".

En ce moment en raison d'une météo favorable, les arrivées de migrants sont incessantes. 166 ont encore été secourus à Lampedusa juste avant l'arrivée du pape. Depuis le début de l'année, 4.000 ont débarqué à Lampedusa, trois fois plus qu'en 2012.

Toutes les cérémonies étaient marquées par la sobriété, sans personnalités politiques. C'est une vieille jeep fournie par un habitant qui a fait office de papamobile.

Lampedusa, confetti de 20 km2, est plus proche des côtes nord-africaines situées à environ 100 km que de la Sicile (plus de 200 km).

En 2011, avec les printemps arabes, près de 50.000 migrants et réfugiés avait déferlé sur Lampedusa et les autorités s'étaient retrouvées débordées.

 
 

La présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini et ex-porte-parole du HCR en Italie, a souhaité que la visite du pape se traduise par des lois plus claires pour qu'aider un bateau en détresse "soit un devoir juridique et éthique".

A l'inverse, Matteo Salvini, un dirigeant de la Ligue du nord, parti anti-immigrés a clamé son "non à une mondialisation de la clandestinité": "aider les migrants chez eux est la seule réponse juste".

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