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Mongolie : le président Elbegdorj parti pour un second mandat

Le président mongol sortant Tsakhia Elbegdorj (D) vote le 26 juin 2013 à Oulan-Bator pour la présidentielle [Byambasuren Byamba-Ochir / AFP] Le président mongol sortant Tsakhia Elbegdorj (D) vote le 26 juin 2013 à Oulan-Bator pour la présidentielle [Byambasuren Byamba-Ochir / AFP]

Le président mongol sortant Tsakhia Elbegdorj a remporté de justesse, mais dès le premier tour, la présidentielle contre son rival, le champion de lutte Badmaanyambuu Bat-Erdene, gagnant un second mandat qui devrait lui permettre de reconduire sa politique d'ouverture aux capitaux étrangers, selon les résultats préliminaires annoncés jeudi.

M. Elbegdorj, du Parti démocrate, a remporté 50,23% des suffrages, a indiqué la Commission électorale nationale. Celle-ci a précisé que ces résultats portaient sur la totalité des suffrages exprimés, mais restaient "préliminaires" en attendant un recomptage et leur officialisation.

Son principal rival, Bat-Erdene, membre du Parti populaire mongol (MPP), est à 41,97% des voix.

Vers midi, sur la place Suukhbaatar, au coeur d'Oulan-Bator, théâtre des grands événements du pays, des milliers de partisans d'Elbegdorj attendaient une apparition de leur leader, agitant le drapeau rouge et bleu des Démocrates.

Un électeur mongol tient un bulletin de vote, le 26 juin 2013, dans un bureau de vote à Oulan Bator [Byambasuren Byamba-Ochir / AFP]
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Un électeur mongol tient un bulletin de vote, le 26 juin 2013, dans un bureau de vote à Oulan Bator
 

Le scrutin de mercredi, qui s'est déroulé sans violence, a été dominé par la recherche d'une redistribution plus équitable de la manne des gigantesques ressources minières du "pays des steppes", moteur d'un spectaculaire essor économique, avec un taux de croissance faramineux de 17,5% en 2011 et de 12,3% l'an dernier.

Les trois candidats, dont, pour la première fois, une femme, ont assuré vouloir oeuvrer à une meilleure redistribution de ce soudain afflux de richesse, à l'origine de fortunes colossales dans un pays où le salaire moyen avoisine les 200 dollars.

Première femme en Mongolie à disputer la présidentielle, Natsag Udval n'a remporté que 6,5% des voix. Issue du Parti populaire révolutionnaire mongol (PPRM, anciens communistes), c'est une partisane de l'ex-président Nambar Enkhbayar, qui purge actuellement une peine de deux ans et demi de prison pour corruption.

Ancien journaliste, le président élu Elbegdorj est l'un des dirigeants de la révolution pacifique qui a mis fin en 1992 à 70 ans de férule soviétique sur cet ancien satellite de l'URSS.

Avant l'annonce des résultats préliminaires, le Premier ministre Norovyn Altankhuyag, également du Parti démocrate, avait salué "la confiance des électeurs". Il avait revendiqué la majorité des suffrages, avant de déclarer: "Nous continuerons à oeuvrer à l'élimination de la corruption, des pots-de-vin et de la bureaucratie en poursuivant la grande édification et le développement" du pays.

Des éoliennes installées à 70 km d'Oulan-Bator [Mark Ralston / AFP]
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Des éoliennes installées à 70 km d'Oulan-Bator
 

Gratte-ciel et centres commerciaux luxueux

La crainte d'une mainmise étrangère sur les ressources du pays a été à l'origine d'un "nationalisme minier" qui a traversé la campagne électorale.

Cette rhétorique a provoqué des frictions avec les puissants investisseurs étrangers, à l'origine du boom économique de ce pays enclavé entre Chine et Russie, survenu grâce à ses énormes réserves de charbon, de cuivre et d'or, jusque-là encore largement inexploitées.

Le géant anglo-australien Rio Tinto et le canadien Turquoise Hill Resources ont investi quelque 6,2 milliards de dollars dans la mine d'Oyu Tolgoi et prévoient d'en tirer 450.000 tonnes de cuivre et 330.000 onces d'or chaque année, en faisant l'une des plus grandes de la planète.

Une manne qui devrait fournir en 2019 un tiers environ des revenus de l'Etat mongol.

Mais les premières livraisons de minerai de cuivre attendues à l'exportation ont enregistré dernièrement une série de retards, pour cause de mésentente entre Rio Tinto et le gouvernement, notamment sur les conditions de rapatriement des bénéfices.

La frénésie d'investissements a aussi gagné la capitale, Oulan-Bator, qui s'est métamorphosée avec gratte-ciel et centres commerciaux luxueux, tout en détenant le triste record de deuxième capitale la plus polluée du monde, selon l'OMS.

Avant le boom minier, la grande majorité des 2,8 millions de Mongols, très dispersés sur ce pays grand comme trois fois la France, vivait la vie des nomades à cheval, héritiers lointains de l'empire de Gengis Khan, parvenu jusqu'au coeur de l'Europe il y a 800 ans.

Le MPP et le Parti démocratique du président sortant ont formé une coalition au parlement durant l'essentiel de la décennie écoulée.

Bat-Erdene avait gagné une popularité certaine en contribuant à faire voter une loi protégeant l'environnement - les célèbres steppes mongoles sont aussi une importante ressource touristique - et en défendant une meilleure redistribution.

Si les résultats officiels confirment la victoire de M. Elbegdorj avec plus de 50% des voix, il échappera à un deuxième tour le 10 juillet.

Les soupçons de fraude avaient provoqué des violences aux législatives de 2008, faisant cinq morts.

 

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