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Niger : une panne électrique géante cause peur et gros tracas

Un étudiant révise ses cours à la lueur d'une lampe de poche à Niamey, le 18 juin 2013 [Boureima Hama / AFP] Un étudiant révise ses cours à la lueur d'une lampe de poche à Niamey, le 18 juin 2013 [Boureima Hama / AFP]

Lampes de poche pour les uns, groupes électrogènes pour les autres: le réseau électrique alimentant Niamey est frappé depuis près d'un mois par une panne géante, qui renforce le climat de peur au Niger après des attentats islamistes et bouleverse le quotidien.

"La peur bleue des terroristes est amplifiée par les coupures d'électricité. C'est incroyable ce que nous vivons!", se lamente Adamou Ousmane, employé d'une ONG internationale, interrogé par l'AFP.

Une attaque contre un camp de gendarmerie de Niamey, menée la semaine dernière par un commando non identifié qui a profité de l'obscurité, a aggravé la psychose. Le raid a été perpétré quelques semaines seulement après des attentats suicides dans le nord du pays revendiqués par des groupes jihadistes qui ont tué une vingtaine de personnes, essentiellement des soldats.

Dans de nombreux quartiers de la capitale nigérienne aux quelque 1,5 million d'habitants, les rues plongées dans le noir sont désertées le soir. "Chacun se terre chez lui", constate un policier en faction devant le siège du Parlement.

"La nuit, nous avons très peur, le moindre mouvement suspect dans l'obscurité vous fait sursauter", confie Elhadj Ali, un riverain du camp de gendarmerie attaqué le 11 juin. Beaucoup craignent aussi des bavures des forces de l'ordre, plus que jamais sur le qui-vive.

Depuis la panne survenue fin mai, la majeure partie de Niamey vit au rythme de coupures de courant qui durent souvent toute une journée, voire plusieurs jours d'affilée.

Selon la société nigérienne d'électricité (Nigelec, publique), le problème vient principalement de la chute de trois pylônes qui acheminent le courant depuis le Nigeria voisin, un accident causé par un violent orage.

"L'électricité n'a pas jailli de cette ampoule depuis huit jours!", peste Mamane Sanda, un comptable, en montrant une ampoule qu'il a fixée à un arbre pour éclairer l'entrée de sa villa.

Dans les maternités, on se sert de lampes de poche

Une rue de Niamey dépourvue d'éclairage public, le 18 juin 2013 [Boureima Hama / AFP]
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Une rue de Niamey dépourvue d'éclairage public, le 18 juin 2013
 

Dans la capitale, centre nerveux de l'un des pays les plus pauvres du monde, cette pénurie inédite d'électricité - seulement un tiers environ des besoins est couvert - affecte gravement la vie quotidienne et l'économie.

Elle a ainsi perturbé le système de distribution d'eau potable, qui vient à manquer, et pose de sérieux problèmes dans les hôpitaux et autres centres de santé. Dans les maternités, les accouchements ne se font plus qu'à la lumière des lampes de poche ou des lampes à pétrole, selon des responsables.

"Je viens d'être examinée à la lumière d'une lampe à pile", témoigne Hassana Hama, enceinte de trois mois, venue pour une consultation à la maternité de Dar-El-Salam, un quartier populaire.

Des pharmacies ont dû fermer à travers la ville et d'autres se sont équipées de groupes électrogènes pour ne pas subir le même sort.

"Si ça persiste, c'est toute l'économie et la charpente sociale qui seront ruinées", s'alarmait récemment un économiste sur une télévision privée, même s'il n'y a pas de chiffres globaux disponibles sur l'ampleur des dégâts.

D'autant que nombre d'habitants opèrent dans le secteur informel. Désormais, "les petits commerçants qui veillaient le long des artères jusqu'au petit matin ferment leurs échoppes dès la nuit tombée", observe un habitant du quartier Yantala.

De nombreuses stations-services ont cessé de vendre du carburant, provoquant de longues files devant celles qui parviennent à faire tourner leur pompe à l'aide d'un groupe électrogène.

"Je dépense 200.000 FCFA (environ 300 euros) de gasoil par jour pour garder au frais les aliments", explique, dépité, le gérant d'un magasin. "Autant dire que nous courons vers la faillite".

Les médias ne sont pas épargnés. Parmi la dizaine de chaines de télévision locales, dont deux publiques, plusieurs ont suspendu leurs programmes ou réduit leurs heures d'émission.

Sur les chaînes qui tournent encore, est souvent diffusé un message des autorités appelant la population à faire preuve de "vigilance" face à d'éventuels attentats et "à dénoncer tout homme suspect et douteux".

Ce climat à tous égards étouffant n'est pas près de se dissiper. Les jihadistes ont menacé de frapper de nouveau le Niger en raison de son engagement militaire au Mali voisin avec les troupes françaises et africaines.

Quant aux travaux sur les pylônes endommagés, ils pourraient durer au moins des semaines encore, selon le gouvernement.

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