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Menaces de la Chine : les producteurs de vin inquiets

[AFP]

Pékin fait régner la peur dans les vignobles français. Ripostant à la décision de Bruxelles d’appliquer des mesures antidumping (des taxes visant à sanctionner des pratiques anticoncurrentielles, comme des subventions étatiques cachées) sur ses panneaux solaires, la Chine a annoncé hier qu’elle allait lancer une enquête qui pourrait aboutir de son côté à une taxe sur les vins et mousseux européens.

En s’attaquant à l’une des poules aux œufs d’or de la France, Pékin a provoqué un mini vent de panique parmi les vignerons, qui est remonté jusqu’à l’Elysée.

«On prend ça très au sérieux, on étudie la portée des mesures, qui ne sont pas connues avec précision», a réagi le ministère du Commerce extérieur, épinglant une idée jugée «déplacée et condamnable». Signe de fébrilité, François Hollande a demandé en Conseil des ministres une réunion des vingt-sept Etats membres de l’Union européenne.

 

Le Bordelais en première ligne

Si l’empire du Milieu mettait à exécution sa menace de taxes, les vins français perdraient de leur compétitivité. Un coup rude pour les viticulteurs. La France est le premier exportateur européen vers la Chine.

Les ventes de vin en Chine ont représenté un chiffre d’affaires de 534 millions d’euros en 2012, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux. Un marché dont dépendent 500 000 emplois dans notre pays.

«Le risque est réel. Tous les vignobles français pourraient être impactés», assure le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), Louis Fabrice Latour. Premier affecté, le Bordelais, dont les vins sont très prisés des Chinois.

Avec quelque 85 millions de bouteilles vendues, la Chine est de très loin la destination principale des exportations girondines. De quoi inquiéter Laurent Gapenne, président de la Fédération des grands vins de Bordeaux.

«La Chine est pour nous un marché où les perspectives sont importantes. Tout encouragerait leurs importateurs à s’intéresser aux vins australiens et américains», s’inquiète-t-il. Moins exportés là-bas, les vins de Bourgogne et des Côtes-du-Rhône tremblent malgré tout.

 

Appel à la prudence

Les vignerons français appellent néanmoins à la prudence. La FEVS assure que les vignerons ne reçoivent pas de subventions pour exporter leurs bouteilles, contrairement à ce que prétend Pékin.

Par ailleurs, une taxe sur les vins produits dans l’Union européenne entrant en Chine fragiliserait aussi les investisseurs chinois de plus en plus nombreux à s’installer en France. Dans le Bordelais, ils détiennent une cinquantaine d’exploitations. «En allant au bout de ses menaces, la Chine se tirerait aussi une balle dans le pied», s’étonne Louis Fabrice Latour, de la FEVS, regrettant «l’instrumentalisation» du secteur dans un différend commercial entre la Chine et l’Union européenne.

 

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