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Syrie : les quatre signes de l'aggravation récente du conflit

La guerre que se livrent le gouvernement syrien et les rebelles a profondément divisé le Moyen-Orient, laissant craindre une expansion du conflit aux pays voisins[BULENT KILIC / AFP]

La situation se détériore en Syrie, poussant la communauté internationale à envisager une propagation du conflit au reste du Moyen-Orient. Quatre événements ou évolutions clés laissent à penser que le conflit syrien a en effet franchi une nouvelle étape.

 

1 -  Raids israéliens, riposte syrienne : vers l'internationalisation ?

Israël a lancé deux raids en l’espace de 48 heures, vendredi 3 mai sur un entrepôt de missiles situé à Damas. Le second, meurtrier, a tué 42 soldats de l’armée syrienne.

Menant jusqu’à présent des missions "discrètes" dans le pays, Israël a cette-fois décidé de frapper fort. Pour Damas, le bombardement de l’armée israélienne s’apparente à un acte de guerre.

Israël a justifié que la frappe visait un site militaire qui fournissait des armes au Hezbollah, mouvement libanais en guerre contre Israël depuis 2006. Israël a également souligné qu'il ne s'agissait pas d'un geste d'hostilité directe envers le pouvoir syrien.

Ce derniera promis une riposte. « La Syrie répondra à l’agression israélienne mais choisira le moment pour le faire. Cela ne se produira peut-être pas immédiatement car Israël est en état d’alerte » a récemment annoncé un responsable syrien.

Craignant d’éventuelles représailles, Israël a renforcé la sécurité de ses frontières et ambassades, fermant l’espace aérien dans la zone nord du territoire jusqu’à lundi matin.

Lundi, deux roquettes syriennes sont  tombées sur le plateau du Golan annexé par Israël à la Syrie, ne faisant aucune victime mais augmentant la tension. Il s'agirait d’une erreur de tir lors d’un combat interne entre rebelles et soldats du gouvernement.

Le Premier ministre turc Erdogan a dénoncé mardi les raids israéliens, les qualifiant « d’inacceptables » et donnant au « régime illégal » de Bachar Al-Assad l’opportunité de rester au pouvoir.

 

2 - Le spectre des armes chimiques

Carla Del Ponte, membre de la commission d’enquête de l’ONU sur les violations des Droits de l’Homme, a déclaré dimanche que « selon les témoignages que nous avons recueillis, les rebelles ont utilisé des armes chimiques faisant usage du gaz sarin », un neurotoxique dévastateur dont l’inhalation entraine la mort.

Elle a donc accusé les rebelles de se servir des armes chimiques pour renverser le chef du gouvernement, lui-même accusé de s’en être servi au cours deux dernières années sur la population. 

Dans les deux cas, seuls les témoignages des populations locales et réfugiées, médecins ou ONG présents dans les pays voisins appuient la thèse de l’utilisation des armes chimiques dans les deux camps. Aucune preuve matérielle n’ayant été rapportée à ce jour.

 

3 - L'inquiétude de la Russie, de la France et des États-Unis 

La Russie, principale alliée du régime syrien contre les rebelles, s'est dite préoccupée lundi par la probabilité croissante dune intervention militaire en Syrie. Mardi matin, le secrétaire d'État américain, John Kerry, est arrivé à Moscou, pour rencontrer le président russe, Vladimir Poutine. En effet, la Syrie est plus que jamais un sujet de discorde entre les deux gouvernements, le premier étant l’un des derniers soutiens du régime de Bachar Al-Assad, le second réfléchissant à un moyen d’armer les rebelles.

Le Président américain Barack Obama a également dû faire face à l’opinion publique et aux membres du Congrès. 62% des Américains seraient opposés à une intervention en Syrie, persuadés que le temps des États-Unis "gendarmes du monde" est révolu. Obama doit néanmoins répondre aux reproches de l’opposition et des partisans de l’intervention. Lors de la campagne présidentielle l’année dernière, accusé de faiblesse, il avait promis des représailles à la Syrie si elle utilisait des armes chimiques. Aujourd’hui, il semble écarter toute intervention.

En France aussi, on ne cache pas ses inquiétudes face au risque de propagation du conflit à l’ensemble des pays de la région. « La situation en Syrie est une véritable tragédie » qui implique peu à peu la Jordanie, le Liban et même l’Iran, a déclaré lundi Laurent Fabius en déplacement à Hong-Kong.

À Paris, on réfléchit donc sérieusement à fournir des armes à l’opposition, tandis que la Russie continue d’armer le gouvernement syrien. Les pays européens restent pour l’heure divisés sur la question, ils devraient se réunir le 27 mai prochain.

 

4 - L'OTAN interpelle l'ONU

Le porte-parole de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a indiqué ce lundi qu’il restait « très préoccupé » de la situation actuelle dans la région, suite aux bombardements israéliens. S’il n’a donné aucune information quant à l’utilisation d’armes chimiques, il a fait part d’éventuelles entorses aux lois internationales et a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à envoyer un message « fort et uni » au gouvernement syrien et aux rebelles.

Son appel au Conseil de sécurité est le second après celui de la Ligue Arabe qui a réclamé de l’ONU une « action immédiate ».

Après les frappes israéliennes, aucun des États membres n’a cependant saisi le conseil de sécurité. Seul le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a appelé "toutes les parties à faire preuve du maximum de calme et de retenue et à agir de manière responsable pour éviter une escalade".

En réponse ou non à cette absence de décision, quatre casques bleus ont été enlevé sur le plateau du Golan, a annoncé ce mardi la porte-parole de l’organisation. À Beyrouth, les rebelles syriens de la Brigade des martyrs de Yarmouk ont immédiatement revendiqué l'opération.

 

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