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Obama promet à nouveau de fermer Guantanamo

Barack Obama en conférence de presse, le 30 avril 2013.[SAUL LOEB / AFP]

Le président américain Barack Obama a affirmé mardi qu'il allait redoubler d'efforts pour obtenir la fermeture de la prison de Guantanamo, où un nombre croissant de détenus sont en grève de la faim, reprenant une vieille promesse de campagne torpillée par le Congrès.

La pression s'est accrue ces dernières semaines sur le président pour qu'il honore sa promesse sur cette prison controversée où 166 détenus sont toujours enfermés.

Un mouvement de grève de la faim, entré lundi dans sa douzième semaine, ne cesse de s'étendre et touche aujourd'hui 100 prisonniers, selon le bilan officiel de la prison, 130 selon les avocats.

Quelque 21 prisonniers sont désormais alimentés par des sondes nasales et l'US Navy a dû dépêcher une quarantaine de personnels médicaux supplémentaires en renfort sur la base.

"Je ne veux pas que ces personnes meurent. Le Pentagone essaie de gérer la situation du mieux qu'il peut mais je pense que nous devrions tous réfléchir à pourquoi nous faisons cela", a affirmé Barack Obama lors d'une conférence de presse.

"Ce n'est pas une surprise pour moi si nous avons des problèmes à Guantanamo", a ajouté le président qui dit continuer "à croire qu'il faut fermer Guantanamo".

"C'est important pour nous de comprendre que Guantanamo n'est pas nécessaire pour la sécurité de l'Amérique. Cela coûte cher. C'est inefficace", a-t-il asséné.

Sans compter que cela affecte l'image des Etats-Unis, "entrave la coopération antiterroriste" et constitue "outil de recrutement pour les extrémistes", selon le président.

La prison militaire implantée sur une base américaine à Cuba accueille depuis 2002 les "ennemis combattants" de la guerre contre le terrorisme déclarée par George W. Bush. Dès sa prise de fonction le 20 janvier 2009, Barack Obama avait ordonné sa fermeture mais, face à l'opposition du Congrès, avait dû faire machine arrière.

 

"Facile de jouer les démagogues"

En janvier, il a dû se résoudre à promulguer une loi qui renouvelle l'interdiction de financer le transfert des détenus de Guantanamo à l'étranger mais aussi aux Etats-Unis, pour y être jugés ou incarcérés, éloignant encore un peu plus la perspective d'une fermeture.

 Zone de non-droit pour les associations de défense des droits de l'homme, la prison renferme toujours 166 détenus, dont 55 ont été déclarés "libérables" par les autorités américaines. Seuls neuf des 779 prisonniers passés par ses geôles ont été condamnés ou traduits en justice.

"Je vais à nouveau discuter avec le Congrès et plaider que ce n'est pas quelque chose qui est dans le meilleur intérêt du peuple américain. Ce n'est pas tenable", a lancé le président américain.

"C'est facile de jouer les démagogues sur cette question", a-t-il ajouté, dans une pique aux républicains vent debout contre la fermeture de la prison.

"L'idée de maintenir pour toujours un groupe de personnes qui n'ont pas été jugées, c'est contraire à ce que nous sommes, c'est contraire à nos intérêts et cela doit cesser". D'autant que le problème "va empirer. Cela va s'envenimer", a-t-il prédit.

Les auteurs des tentatives d'attentat à Times Square en 2010 ou contre un avion de ligne à destination de Detroit en 2009 ont bien été jugés et sont incarcérés dans des prisons de haute sécurité sur le territoire américain, a encore observé le président.

L'annonce du président a été saluée par les organisations de défense des droits de l'homme. "Le président Obama a raison. Guantanamo ne rend pas le pays plus sûr et constitue un problème qui va continuer de pourrir si on n'y répond pas", affirme dans un communiqué Daphne Eviatar, de Human Rights First. "Il est temps d'en finir avec l'expérimentation ratée de Guantanamo et pour notre pays de revenir à ses valeurs". 

A Guantanamo, une grève de la faim sans précédent fait craindre le pire 

100 détenus font la grève de la faim à Guantanamo

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