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Braqué par les Tsarnaev, Dany raconte son cauchemar

Des fleurs, des peluches et des casquettes des Boston Red Sox déposées sur lieux de l'attentat à Boston, le 18 avril 2013, en hommage aux victimes [Don Emmert / AFP/Archives]

Braqué par les frères Tsarnaev montés à bord de sa voiture, un entrepreneur chinois âgé de 26 ans a raconté sa nuit de cauchemar, craignant de mourir à chaque instant aux mains des auteurs présumés de l'attentat de Boston, avant de réussir à s'enfuir dans une station service.

"Danny", comme il a simplement voulu s'identifier dans un long entretien exclusif avec le Boston Globe, avait ensuite prévenu la police, permettant à celle-ci de prendre en chasse les frères dans la nuit du 18 au 19 avril. L'aîné, Tamerlan a été tué, le cadet, Djokhar grièvement blessé et arrêté quelques heures plus tard.

Le jeune entrepreneur était en train de faire un sms dans son SUV tout neuf vers 23h00 le 18 avril, quand Tamerlan Tsarnaev, 26 ans, frappe à la vitre. Le FBI avait peu avant publié la photo des frères soupçonnés du double attentat du marathon.

Danny baisse sa vitre, Tamerlan ouvre alors la porte et monte sous la menace d'une arme. Il dit qu'il est l'auteur de l'attentat, et qu'il vient de tuer un policier.

Il ordonne à Danny de rouler, d'abord suivi par Djokhar Tsarnaev, 19 ans, dans une autre voiture. Djokhar charge ensuite le SUV de ce que Danny pensait être des bagages, et monte à bord. Tamerlan prend le volant et prévient Danny qu'il le tuera s'il essaie quoi que ce soit. "La mort est si proche de moi" pense le jeune entrepreneur, selon son récit au Boston Globe. "Je ne veux pas mourir. J'ai encore beaucoup de rêves qui ne se sont pas réalisés".

Son odyssée avec les frères durera 90 minutes.

Il explique qu'il est Chinois, arrivé récemment aux Etats-Unis. "C'est pour ça que ton anglais n'est pas très bon. Tu es Chinois, OK... je suis musulman", lui dit Tamerlan. "Les Chinois sont très amis avec les musulmans", lui répond Danny, soucieux de sauver sa vie.

Une photo de Djokhar Tsarnaev sur un écran de télévision, dans un centre commercial de Boston, le 23 avril 2013 [Mario Tama / Getty Images/AFP/Archives]
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Une photo de Djokhar Tsarnaev sur un écran de télévision, dans un centre commercial de Boston, le 23 avril 2013
 

Les frères lui demandent sa carte de crédit et son code. Ils retirent de l'argent à un distributeur. Ils les entend parler en langue étrangère de "Manhattan", et Tamerlan lui demande si sa voiture peut quitter l'Etat du Massachusetts.

"Qu'est que tu veux dire?", demande Danny.

"Par exemple New York", lui répond un des frères en anglais.

Le maire de New York Michael Bloomberg a affirmé jeudi que Djokhar avait déclaré aux enquêteurs qu'ils voulaient attaquer Times square.

Quand le téléphone de Danny sonne, Tamerlan le prévient: "si tu dis un seul mot en mandarin, je te tue". Danny répond donc, brièvement, en anglais.

Mais la voiture n'a plus d'essence, la chance de Danny. Et il faut payer en cash, autre chance inespérée. Djokhar fait le plein, se rend à l'intérieur pour payer. Tamerlan a posé son arme dans la portière, pour regarder son GPS (système de guidage).

"Je pensais +je dois faire deux choses : détacher ma ceinture et ouvrir la portière, et sortir aussi vite que possible+. Si je n'y arrivais pas, il me tuerait", a raconté Danny. "Je l'ai fait très vite, utilisant ma main gauche et ma main droite pour me détacher et ouvrir la porte en même temps".

Danny court jusqu'à une station service de l'autre côté de la rue. "Je ne savais pas si elle était ouverte. J'ai prié". Il demande à un employé de prévenir la police.

Les deux frères s'enfuient en voiture. La police arrivée quelques minutes plus tard les prend en chasse.

Depuis remis de ses émotions, Danny refuse d'être considéré comme un héros. "Je ne me sens pas un héros", dit-il. "J'essayais de sauver ma vie".

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