En direct
A suivre

Norvège : un projet de tunnel entre deux fjords

Image de synthèse du tunnel maritime fournie par Stadskipstunnel.no/Nordwest3D [ / Stadskipstunnel.no/Nordwest3D/AFP] Image de synthèse du tunnel maritime fournie par Stadskipstunnel.no/Nordwest3D [ / Stadskipstunnel.no/Nordwest3D/AFP]

Ressuscitant un vieux projet voulu par l'Allemagne nazie, la Norvège ambitionne de construire un tunnel pour bateaux, le premier au monde de cette taille selon ses promoteurs, destiné à éviter des eaux extrêmement périlleuses que redoutaient déjà les Vikings.

Le gouvernement norvégien a annoncé vendredi qu'il allait mettre de côté 1 milliard de couronnes (133,6 millions d'euros) en vue de creuser au pied d'une montagne le tunnel maritime de Stad, du nom d'une péninsule du sud-ouest du royaume réputée difficile pour la navigation.

D'une longueur de 1.700 mètres à travers une langue de terre, la galerie permettra de relier deux des fjords caractéristiques de la Norvège.

"Le projet contribuera à accroître la sécurité et la navigabilité" dans la région, a fait valoir le gouvernement.

Estimé à 1,6 milliard de couronnes, le percement du tunnel devrait commencer au plus tôt en 2018, après des études complémentaires veillant à garantir l'intérêt de l'infrastructure, et durer quatre ans, selon ses promoteurs.

Ailleurs dans le monde, des tunnels pour péniches existent déjà, comme sur le canal du Midi en France, mais celui de Stad serait le premier à pouvoir accueillir des navires d'une jauge brute allant jusqu'à 16.000 tonneaux pour le transport de fret et de passagers.

"Ce sera le premier tunnel au monde par lequel pourront transiter de gros bateaux comme des cargos ou l'Express côtier", un célèbre navire de tourisme qui croise le long du littoral norvégien, a déclaré à l'AFP Ottar Nygaard, maire de la petite municipalité de Selje et responsable du projet.

La mer du Nord est souvent démontée au large de la péninsule et bon nombre de bateaux doivent attendre une accalmie avant de pouvoir passer au large.

Déjà à leur époque, les Vikings, pourtant navigateurs émérites, hésitaient à emprunter ces eaux et préféraient hisser et transporter d'un fjord à l'autre leurs embarcations par la voie terrestre.

Selon un décompte du groupe Nordvest Fjordservice, la zone a été le théâtre de 46 accidents ou incidents qui ont coûté la vie à 33 personnes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L'idée d'un tunnel n'est pas nouvelle. Elle a germé dès les années 1870 et, pendant l'occupation du pays, les nazis ont sérieusement envisagé de lui donner corps mais la fin de la guerre les en a empêchés.

Mais elle est ne fait pas l'unanimité. Une étude a mis en cause la viabilité économique du projet l'an dernier et des chercheurs estiment qu'il ne s'impose plus.

"C'était une bonne idée autrefois, quand les bateaux étaient petits et passaient relativement près des côtes où la mer est la plus dangereuse", estime le professeur Knut Samset de l'Université norvégienne des Sciences et des Technologies.

"Aujourd'hui les bateaux sont plus gros, plus sûrs et vont plus au large. Les graves accidents maritimes sont de l'histoire ancienne", écrivait-il l'an dernier.

Selon lui, le projet est désormais surdimensionné et risque de servir essentiellement à la navigation de plaisance.

Mais M. Nygaard n'en démord pas: "le tunnel est justifié d'un point de vue socio-économique", assure-t-il, en faisant valoir que l'étude avait omis de prendre en compte de nombreux facteurs tels que le tourisme et la réduction du temps de transport du saumon vivant dans une région largement tournée vers l'aquaculture.

Il devrait aussi permettre de reporter vers la mer une partie du transport routier et de décongestionner les étroites routes côtières d'une partie des poids lourds, ce qui bénéficierait en outre à l'environnement.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités