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Rejet de la taxe sur les dépôts : quel plan B pour Chypre ?

Les députés chypriotes votent le 19 mars 2013 à Nicosie contre le plan de sauvetage de l'UE [Yiannis Kourtoglou / AFP] Les députés chypriotes votent le 19 mars 2013 à Nicosie contre le plan de sauvetage de l'UE [Yiannis Kourtoglou / AFP]

Les partis politiques chypriotes tentaient mercredi de trouver une alternative à la ponction inédite des dépôts bancaires pour réunir les 5,8 milliards exigés dans le cadre d'un plan de sauvetage européen, au lendemain de son rejet par le Parlement.

Dans le même temps, le ministre des Finances chypriote Michalis Sarris se trouvait en Russie pour essayer d'obtenir une extension du crédit de 2,5 mds d'euros accordé à Nicosie en 2011. Moscou avait critiqué la taxe sur les dépôts qui aurait touché les fortunes russes placées sur l'île.

Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a estimé que la balle était dans le camp de Chypre répétant d'ores et déjà que l'aide européenne ne dépasserait pas les 10 milliards d'euros, alors que Nicosie a besoin de 17 mds d'euros pour rembourser sa dette et renflouer ses banques.

Il a "réitéré l'offre" de l'Eurogroupe qui consiste à ne plus taxer les dépôts inférieurs à 100.000 euros", en "regrettant" le rejet par le Parlement chypriote du plan incluant une taxe sur tous les dépôts bancaires allant jusqu'à 9,9%, devant permettre de réunir les 5,8 mds d'euros.

Un homme retire de l'argent à un distributeur le 19 mars 2013 à Nicosie [Louisa Gouliamaki / AFP]
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Un homme retire de l'argent à un distributeur le 19 mars 2013 à Nicosie
 

Le président Nicos Anastasiades était en réunion avec les chefs des partis pour trouver une solution à la crise et éviter la faillite au pays, alors que les banques étaient toujours fermées sur l'île, pour empêcher une ruée aux guichets de clients mécontents et de crainte d'une fuite massive de capitaux.

Le chef de la Banque centrale Panicos Demetriades ainsi qu'un membre de la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) devait participer à la réunion au palais présidentiel à Nicosie, selon la télévision d'Etat.

L'une des options sur la table est la nationalisation les fonds de pensions des institutions étatiques et semi-étatiques, qui pourrait rapporter 3 mds d'euros, selon la même source. Une autre est la contraction du secteur bancaire, avec la possible fusion des deux principales banques afin de réduire le montant de la recapitalisation nécessaire.

Selon la télévision, M. Anastasiades a fait part de ces possibilités à la chancelière allemande Angela Merkel qui avait demandé au chef de l'Etat chypriote de négocier exclusivement avec la troïka.

 

Russie, église, gaz

Autre piste : une aide de la puissante église orthodoxe à Chypre. Son chef, l'archevêque Chrysostomos II, a déclaré après une rencontre avec M. Anastasiades que l'église était prête à mettre son énorme patrimoine foncier et ses avoirs à la disposition de l'Etat.

Un responsable européen proche de l'Eurogroupe a dit que la zone euro attendait désormais une "contre-proposition" de Chypre, alors que Berlin a averti que Chypre était "seule responsable" de ses problèmes dus à son système bancaire "complètement surdimensionné".

Des manifestants brandissent un masque représentant la chancelière allemande Angela Merkel le 19 mars 2013 à Nicosie [Barbara Laborde / AFP]
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Des manifestants brandissent un masque représentant la chancelière allemande Angela Merkel le 19 mars 2013 à Nicosie
 

Pour le ministre français du Budget Bernard Cazeneuve, la crise chypriote ne menace pas "la stabilité de la zone euro" et "il faut renégocier avec la troïka".

Mardi au Parlement, le projet sans précédent de taxe sur les dépôts bancaires, n'a obtenu aucun vote favorable, soulageant les milliers de manifestants qui attendaient la décision des députés.

Le plan prévoyait, en contrepartie d'un prêt de 10 milliards d'euros de la zone euro et du FMI pour l'île au bord de la faillite, une taxe exceptionnelle de 6,75% sur tous les dépôts bancaires de 20 à 100.000 euros et de 9,9% au-dessus.

Ce projet, conclu à Bruxelles samedi, comprenait à l'origine une ponction de 6,75% pour les dépôts jusqu'à 100.000 mais devant le tollé général provoqué par ces taxes, Chypre a finalement décidé d'exonérer les dépôts de moins de 20.000 euros.

Cette mesure inédite de prélèvement devait mettre à contribution les fortunes russes. L'agence Moody's a évalué à 19 mds USD les seuls avoirs de sociétés russes placés à Chypre, en raison de son régime fiscal très favorable, auxquels s'ajoutent 12 mds USD d'avoirs de banques russes dans des établissements chypriotes.

Après l'annonce du plan européen, Moscou avait même menacé de revenir sur sa proposition d'assouplir les conditions du crédit que Chypre doit finir de rembourser en 2016.

Mais Nicosie pourrait aussi jouer la carte énergétique avec les promesses de revenus massifs d'ici une décennie provenant de la découverte de colossales ressources en hydrocarbures sous la mer au large des côtes méridionales de l'île. Selon le quotidien Vedomosti, la banque russe Gazprombank, détenue à 41% par le géant public gazier Gazprom, a proposé à Chypre une aide financière en échange de licences de production de gaz naturel.

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